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Le si discret chevalier de la musique tunisienne
L'entretien du lundi - Mourad Sakli (musicien — président de la Rachidia)
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 11 - 2012

Maître de conférences à l'Institut supérieur de musique, compositeur dont les concerts prolifèrent à l'étranger plus qu'en Tunisie, Mourad Sakli est aussi l'homme qui a dit non aux pressions, pendant son court passage à la tête du festival international de Carthage en 2010. De directeur du Centre des musiques arabes et méditerranéennes entre 2002 et 2009 —il y a laissé une structure solide et des manifestations de renommée— le voilà, depuis juillet 2012, président de la Rachidia pour laquelle il a le même plan. Ce passionné de la musique tunisienne n'a plus à prouver qu'il est l'un de ses chevaliers. Son parcours, son activité et ses projets sont l'objet de cet «Entretien du lundi».
Pour commencer, quelles sont les principales étapes de votre carrière et comment vous-êtes vous spécialisé dans la musique tunisienne?
En parallèle avec mes études, j'ai fait le conservatoire et j'ai obtenu le diplôme de musique arabe en 1983. J'étais parmi les meilleurs éléments et j'ai pu être soliste de luth en première partie du concert des élèves du conservatoire au Théâtre municipal. Ce fut mon premier grand souvenir de scène. Ensuite, j'ai obtenu ma maîtrise de l'Institut supérieur de musique avec un mémoire sur la direction d'orchestre en musique arabe. Pendant mon troisième cycle à la Sorbonne, j'assistais également aux cours du musée de l'Homme et c'est ainsi que le responsable de la phonothèque m'a fait écouter un enregistrement tunisien inconnu, datant des années 1960. C'était le déclenchement d'une prise de conscience par rapport à la musique tunisienne. Je me suis rendu compte qu'elle ne se limitait pas au malouf et à la musique traditionnelle et j'ai commencé à m'y intéresser et à effectuer des recherches personnelles dans ce domaine.
Plus tard, avec mon ami Lassâad Zouari, nous avons fondé «Le duo de l'âme» où nous jouions uniquement du tunisien et même nos propres compositions. Comme on écoutait beaucoup cette musique, j'ai commencé à m'y exprimer librement. Après un DEA en malouf et une thèse en chanson tunisienne, je suis revenu en Tunisie en 1994. Mon activité était partagée entre l'enseignement et les concerts. J'en faisais quelques-uns en Tunisie et beaucoup à l'étranger.
Pourquoi ce choix de se faire rare sur la scène tunisienne?
Mon absence du circuit des festivals tunisiens revient au fait que je veux toujours apparaître avec du nouveau. C'est ainsi que j'ai monté Hkaya touila en 1999 au festival de Carthage, dont j'ai assuré l'ouverture en 2003 avec Ghmouk el ward, puis Kairouan l'éternelle, donné en ouverture de la manifestation «Kairouan capitale de la culture islamique 2009» et «Terre d'olivier», pour la clôture du festival international de Hammamet en 2011. De 2002 à 2009 où j'ai été directeur du Centre des musiques arabes et méditerranéennes, dépendant du ministère de la Culture, j'ai préféré être sollicité, plutôt que d'envoyer des dossiers pour participer aux festivals. En ce qui concerne mon rapport au public, j'ai toujours dit que je désire être reconnu plutôt qu'être célèbre. J'ai fait le choix de ne pas suivre le chemin des gros producteurs et de la musique de variété. Dans le même temps, je dois préciser que j'ai pu assumer ce choix parce que j'ai un métier et un salaire fixes, ce qui n'est pas le cas de tous les musiciens tunisiens, surtout en l'absence d'application des lois de propriété intellectuelle en Tunisie. Je m'intéresse dans mon projet musical à l'intonation musicale tunisienne : détecter les micro-éléments qui font sa spécificité et je m'en inspire pour composer ma propre musique.
Vous êtes, depuis juillet 2012, le président de la Rachidia. Quel est votre projet pour cette association?
Depuis sa création en 1934, la Rachidia avait pour objectif d'avoir un impact sur la vie culturelle tunisienne et de sauvegarder l'identité culturelle du pays. C'était une manière de participer à la résistance contre la colonisation, aux côtés de l'intelligentsia, des syndicalistes et des fellagas. La priorité est de rendre, petit à petit, à la Rachidia son impact et son rayonnement par des concerts publics, par des cercles de discussion et par la production musicale. La Rachidia a aussi besoin de se restructurer sur le plan administratif, de soigner le volet communicationnel (site web...) et de recentrer l'enseignement sur l'intonation tunisienne. Nous préparons également une série d'événements dont deux annuels —un colloque et un festival à thème—, un concert mensuel au Théâtre municipal d'artistes dont nous soutenons les projets et un concert des jeunes de la Rachidia dans le local de l'association. Nous sommes en train d'élaborer le programme de janvier à juin 2013 et il est prévu d'organiser une conférence mensuelle et d'avoir l'invité du mois, qui pourra rencontrer le public et discuter avec lui, dans le cadre du club de la Rachidia. De plus, nous essayons de créer des succursales dans les régions pour assurer un enseignement musical pour les jeunes, encourager la production locale, tout en étant ouverts sur le patrimoine musical de la région.
Avez-vous pensé à la coopération entre la Rachidia et d'autres institutions musicales?
En effet. Une convention avec le ministère de la Culture est sur le point d'être signée, afin de pouvoir assurer la continuité des activités de l'association et de lui donner, dans le futur, le statut d'association d'intérêt public. Une autre convention concerne la Rachidia et le Centre des musiques arabes et méditerranéennes pour la numérisation et le traitement des archives de l'association, qui aura ainsi sa propre phonothèque. Nous avons évidemment plusieurs autres partenaires et nous sommes ouverts à toutes sortes de collaboration, même à l'échelle internationale.
D'un point de vue institutionnel, qu'est-ce qui manque, selon vous, à l'essor de la musique tunisienne?
Pour le secteur privé, il manque des sociétés de production et de promotion des artistes locaux. Leur existence et leur développement sont tributaires de l'application des lois de propriété intellectuelle. Quant aux institutions publiques, ce qui manque, c'est un établissement qui s'occuperait de tout le patrimoine immatériel tunisien et rassemblerait tous les savoirs traditionnels dans tous les domaines. Cette centralisation est une preuve de propriété de cet héritage, permettant la sauvegarde de l'identité tunisienne et la promotion du savoir et du patrimoine.
Et du point de vue création?
Nous avons un potentiel énorme, d'excellents instrumentistes, chanteurs et paroliers. Il nous manque le maillon de la production. De son côté, le récepteur évolue dans un univers sonore forgé par le matraquage effectué par les multinationales, qui dominent de plus en plus le champ audiovisuel. Ceci donne lieu à l'habitude et à l'adoption d'un seul type de musique. Le consommateur est privé d'avoir des choix différents. En conséquence, le matraquage et l'habitude engendrent le besoin et orientent les goûts généraux, tout en causant la standardisation de l'expression musicale.
Les festivals de musique en Tunisie constituent un grand dossier et vous en avez fait l'expérience. Qu'en retenez-vous?
Les festivals en Tunisie manquent de structuration à moyen et à long termes. Il faut avoir un objectif et une thématique, selon l'importance du festival. Il faut aussi que son organisation soit claire avec une cellule juridique, une cellule communication et une direction artistique. Le poste de directeur artistique est un poste clé, hélas souvent absent, dans les comités d'organisation des festivals tunisiens. D'après mon expérience dans le lancement de nombreux festivals, je trouve qu'il faut avoir une cible et un choix clairs. Il faut une nouvelle politique des festivals. Quant au festival international de Carthage, dont j'ai été le directeur de mars à juin 2010, mon idée était d'assurer une édition honorable et d'entamer la structuration des éditions à venir, dans une perspective de tourisme culturel et de rayonnement de la manifestation, en pensant à avoir un siège et une structure permanente. Le ministre de la Culture de l'époque, M. Abderraouf Basti, était très coopératif mais vous savez comment les choses ont évolué après.
Finalement, quels sont vos projets en préparation?
Je suis maître de conférences à l'Institut supérieur de musique et cela me convient très bien. Je suis plus intéressé par la structuration que par les postes et pour le moment je me consacre à la Rachidia. Sur le plan artistique, j'étudie un texte de l'historien Lotfi Aïssa, inspiré de Carmen, qui pourrait être au centre de mon prochain projet. En attendant, je développe mes concerts en quartet et en quintet, où je veille à l'omniprésence de mes propres compositions.


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