Alors que le mot femme écorche de nouveau les bouches nostalgiques à une dégradation de son statut dans notre pays, plusieurs composantes de la société civile ont pris leur courage à deux mains pour mener, une nouvelle fois, un combat glorieux, non seulement pour la préservation des droits de la femme, mais aussi pour relever la quantité de défis humains, financiers, techniques et administratifs qui entravent encore son épanouissement. C'est dans ce cadre que l'initiative « Je suis là » ou «Ana H'una», menée conjointement par la GIZ (via son programme Econowin) et l'association Femmes & Leadership, et dont le principal objectif est de promouvoir l'égalité homme-femme dans le monde du travail, a organisé récemment, une soirée de projection des courts métrages, le vendredi dernier, à l'Espace Sidi Ali Azzouz à Nabeul. A cet effet, Mme Neïl Masmoudi coordinatrice régionale de la GIZ, a indiqué que «cette initiative est issue du programme régional ‘‘Intégration économique des femmes dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord'' (Econowin) et qui a pour objectif d'élever le niveau de sensibilisation sur les inégalités actuelles et de changer les attitudes à l'égard des femmes dans le monde du travail». Pour sa part, Mme Sana Fathallah a souligné que « Je suis là, « signifie que les femmes sont présentes, actives et compétentes et qu'elles contribuent à l'économie et que leur travail fait la différence.» En effet, parmi les objectifs de cette initiative, figure la valorisation de l'image de la femme en montrant qu'une femme c'est d'abord une entrepreneuse qui ne compte pas ses heures, qui porte la responsabilité d'investissements importants. Invisible ? Car il est clair que sa contribution est souvent « mal reconnue» et qu'elle demeure « invisible » et que son travail est «mal rémunéré». A cet effet, après Béja, Le Kef, Siliana et Tunis, c'est au tour de Nabeul, Sousse et Kasserine de suivre la caravane « Ana H'una» qui est une initiative basée sur des films, documentaires ou des fictions, certains préexistants et d'autres produits spécialement dans le cadre de ce projet. Cette caravane cinématographique de projections de courts métrages venant de Tunisie, Jordanie, Maroc et Egypte permettra, selon les organisateurs, d'aborder « les enjeux liés au travail de la femme dans différents pays et contextes et qui entre dans le cadre du nouveau concours des courts métrages (fictions et documentaires) révélant des histoires réelles ou de fiction sur «Femmes & Travail ». Trois court-métrages ont été projetés lors de cette soirée. Il s'agit de trois genres différents. Le premier intitulé Noces à Tunis, du genre portrait, est un documentaire réalisé par Kalthoum Bornaz en 1996 qui décrit la profession de danseuse en Tunisie, qui est à la fois très sollicitée, mésestimée et empreinte de préjugés. Le deuxième documentaire My City, réalisé par le Jordanien Abdelsalam Alhajj, est un reportage axé sur des témoignages, qui traite des opportunités de travail offertes à la femme en Jordanie et des difficultés qu'elle rencontre. Le troisième, du genre docu-fiction réalisé par Shérif El Bendary, s'interroge sur le degré des pressions exercées sur la femme d'ordre physique et psychologique. Le débat qui a suivi la projection a permis d'approfondir la réflexion sur la situation des femmes et les alternatives économiques qui leur sont offertes. De ce fait, la qualité de l'auditoire et la discussion qui a pris forme lors de cette soirée ont favorisé une prise de conscience sur le potentiel des femmes, sur leurs activités dans le monde du travail et sur leur importance pour l'économie. Les organisateurs, qui espéraient par cette manifestation « montrer que de nouvelles opportunités sont possibles pour les femmes et que des exemples de réussite existent », ont axé sur l'œuvre réformiste avant-gardiste nationale, qui confirme le souci de la Tunisie de défendre la dignité de la femme, de raffermir ses droits, d'enrichir ses acquis, en consolidation de son statut en tant que citoyenne à part entière, jouissant de la plénitude de ses droits et devoirs, au sein d'une société équilibrée et solidaire où elle se place en tant qu' acteur économique et social majeur, constitue un facteur fondamental dans le cumul des acquis en faveur du partenariat entre la femme et l'homme et de la citoyenneté des femmes. Il est à noter que d'autres films qui dépeignent des femmes singulières d'Egypte, de Jordanie, de Tunisie et du Maroc – des femmes actives, des femmes qui travaillent, des femmes qui se prennent en charge, des femmes qui développent et réalisent leur propre projet de vie — seront projetés lors de la tournée en cours de cette caravane.