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La vérité si je mens!
Interview de Slim Chiboub sur Attounssia
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 11 - 2012

Très attendue, l'interview de Slim Chiboub réalisée par l'animateur et producteur Moëz Ben Gharbia aux Emirats Arabes Unis, a été enfin diffusée, avant-hier soir, sur Attounssia. Le taux d'audience était, selon certaines estimations, de 67%. Ce qui a été confirmé, par la suite, par l'interviewer, qui a parlé de record. Mais au fil des minutes, l'intérêt s'émousse, car l'on comprend que le gendre du président ne se départira pas de la langue de bois et qu'il n'était pas là pour faire des révélations ou éclairer notre lanterne, son seul souci étant de s'innocenter en se refaisant une virginité. A-t-il réussi à influencer l'opinion ou s'agit-il d'une pure et simple manipulation, multiacteurs ?
Un leitmotiv revenait de façon récurrente dans les propos du gendre de Ben Ali: obtenir son passeport pour retourner au pays. «Je n'ai nui, ni humilié, ni jeté personne en prison, je ne fais pas partie de la police politique, je n'ai abusé des biens de personne, je suis milliardaire, mais j'ai commencé à travailler depuis 1980, j'ai profité du système comme vous en avez profité (en s'adressant à l'interviewer)». Et pour se démarquer de la famille Trabelsi, il glisse : «Je n'ai pas trempé dans des affaires de corruption, je n'ai aucune relation avec les banques, ni le commerce illicite, ni les affaires de privatisation. Au temps du partage du gâteau, je n'ai rien pris, etc». Cependant, ayant avoué avoir profité du système et de ses liens d'alliance avec Ben Ali, il affirme être prêt à rentrer au pays afin de se livrer aux autorités et comparaître devant la justice. «J'assume mes actes et je rembourserai l'argent s'il est prouvé qu'il a été acquis de manière illégale. Mais pour cela, il faut que j'obtienne mon passeport», a-t-il ressassé. A cet effet et dans le but de bénéficier des procédures légales de la justice transitionnelle, il confie avoir adressé une demande à Samir Dilou, ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, mais qui est restée lettre morte.
Mieux, Chiboub s'est même posé en victime de Ben Ali, déclarant avoir souffert lui aussi sous Ben Ali, répondant à une question ironique de l'animateur il martèle : «Je ne suis, certes, pas une victime mais il est étonnant que certains soient venus sur les plateaux de votre chaîne, pour jouer aux victimes et aux révolutionnaires, afin de se refaire une virginité alors qu'ils étaient des ministres et des conseillers sous l'ancien régime».
Encore mieux, quand il a déclaré avoir entrepris des actions d'aides à travers des associations et qu'il était proche des gens, on se serait cru face à un ange. Il prend même soin d'énumérer ses qualités humaines (erroujoula), il parle, sur le ton de lamentation, de sa famille qui s'est dispersée et remercie sa femme qu'il dit loin de la politique et des magouilles. Il fustige et nie les rumeurs sur les abus qu'il aurait commis (l'affaire Auchan, le trafic des pièces archéologiques, la mort du fils de Younès Chetali qu'on lui impute, sa fuite le 14 janvier).
Bref, l'ex-président de l'EST ne fait aucune révélation : ni sur les événements du 14 janvier, ni sur les vraies raisons de son éloignement de la cour du palais de Carthage depuis l'année 2001.
Il se contredit même en affirmant qu'il n'a pas été envoyé par Ben Ali en Libye, puis de préciser qu'il est allé chercher de l'argent pour assurer les 300.000 emplois que son beau-père avait promis.
Mais, au fait, fallait-il aller jusqu'à Tripoli pour ça, alors qu'il ne s'agit que d'un jeu d'écriture pour débloquer n'importe quelle somme d'argent.
Deux petites révélations tout de même : c'est un groupe armé qui a envahi sa maison le 14 janvier à 16h00. Et les décisions de Ben Ali durant les dernières années étaient prises sous influence. «Car les décisions, souligne-t-il, ne ressemblent pas au président quand il nomme ou place des gens sans aucun niveau au comité central, à l'Assemblée nationale ou dans les municipalités».
En saluant la ténacité et le courage de Hamma Hammami, Radhia Nasraoui, Maya Jeribi et les islamistes, il fait du pied à tous les courants politiques à la fois : la gauche, le centre et la droite. «Je comprends la souffrance des islamistes victimes de l'ancien régime qui sont demeurés des années en exil alors qu'après 13 mois d'exil, je suis au bord du suicide. Je veux rentrer dans mon pays même si je dois aller en prison».
Provoqué par Ben Gharbia qui a insinué qu'il «fait la cour» aux islamistes, il a rétorqué : «Je ne flirte avec personne, ma seule couleur est le sang et or». Et de citer un vers qu'il impute à Nizar Qabbani alors qu'il est de Mahmoud Derouiche, puis de ressasser l'histoire du passeport, alors que tout le monde sait qu'il peut rentrer au pays avec un laisser-passer. «Aussitôt que j'obtiendrai mon passeport, je rentrerai, car la Tunisie a besoin d'être construite de nouveau».
La leçon qu'il tire du règne de Ben Ali et du 14 janvier : «Il ne faut pas donner le pouvoir à un seul homme». Et là, il ne peut qu'avoir raison.
«Une pièce de théâtre» !
Dans la deuxième partie de l'émission, les téléspectateurs ont eu droit à un direct avec Slim Chiboub de Dubaï qui répondra, nous dit Moëz Ben Gharbia, aux réactions et questions des journalistes et des téléspectateurs.
Mais point de questions de la part des journalistes à l'horizon, l'animateur pose à partir de ses propres feuilles des questions censées être celles des internautes et du public.
Les réactions ne se sont pas fait attendre, les uns qualifiant l'émission de «pièce de théâtre», les autres lui reprochant de n'avoir rien révélé ni sur sa relation avec l'ancien pouvoir, ni sur les événements du 14 janvier, ni sur les raisons de sa fuite.
Est-il revenu ou pas en Tunisie ? Ce qu'il nie. Tous s'étonnent des raisons du silence de Chiboub, ce à quoi il répond: «Mon rôle n'est pas de faire diversion sur les vrais problèmes que vit le peuple tunisien qui désire, lui, des solutions aux problèmes du chômage et du développement».
Retour sur «la fortune illicite» de Chiboub qui rétorque: «Je n'ai pas de sociétés, mais j'ai des actions, je ne suis pas un escroc, mais un homme d'affaires qui faisait des marchés avec les pays arabes, Ben Ali ne m'a pas donné les clés de la Banque centrale. Certes l'argent était mal distribué mais nous avons respecté les lois et si j'ai pris un millime de trop, je le rendrai. Il n'y a aucune loi qui interdit de faire des marchés et ce n'est pas parce que je suis le gendre du président que je n'y ai pas droit. Le juge d'instruction connaît la valeur de mes avoirs aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays».
Concernant le départ de Ben Ali, Chiboub affirme que «c'est Ali Seriati qui a poussé Ben Ali à monter dans l'avion. Ce qui a évité un bain de sang. Les forces de l'ordre et les ministres ne voulaient plus de Ben Ali».
Enfin, quand l'animateur appelle ceux qui ont été abusés par Chiboub à porter plainte, Chiboub, arrogant, se fâche et l'insulte, presque: «Vous jouez un sale jeu “Si" Moëz». «Vous faites vous aussi partie des rebuts de l'ancien régime».
Et puis de donner des conseils : «La nécessité de l'union nationale» (sic), des leçons aux journalistes qui «devraient respecter un peu plus les gouvernants» (resic). Slim Chiboub est-il nostalgique de la répression de la liberté d'information de l'ancienne dictature ? On dirait. Car il n'accepte pas qu'un journaliste, comme dans toutes les démocraties, joue à jeu égal avec un ministre. Et de tirer les leçons de son exil forcé: «L'homme passe au cours de sa vie par des périodes difficiles entre hiver et été, le peuple tunisien a connu des périodes difficiles, je me suis comporté avec les Tunisiens de manière civilisée et je suis prêt à retourner en Tunisie, le plus tôt possible si Dieu le veut».
Aux dernières paroles de Chiboub, on a l'impression, en fait, que rien de très spécial n'a été révélé, que l'homme, sûr de lui, n'a fait que s'innocenter, justifier sa fortune et ses avoirs qu'il a gagnés «à la sueur de (son) front» dans le respect de la loi et qu'il est prêt à rendre tout millime qu'il a gagné qui ne serait pas licite et que son désir le plus ardent est de rentrer au pays».
Moëz Ben Gharbia, lui, s'est laissé embarquer dans le volet sportif, footballistique plus précisément, à notre sens superflu. Alors que Chiboub voulait interpeller le public de l'Espérance.
Davantage resserrée sur la politique, sa relation avec Ben Ali et l'ancien pouvoir, ainsi que sur les événements du 14 janvier, l'interview aurait sécrété plus de sens et peut-être plus d'informations et de révélations.
La forme banale péchait par le son, surtout dans la deuxième partie. Et si Slim Chiboub a déclaré «ne pas vouloir faire diversion avec des détails et révélations des vrais problèmes des Tunisiens», l'ensemble de l'émission où l'on n'apprend pas grand-chose et le buzz provoqué tout autour ont tout l'air d'une diversion qui aurait été atténuée si la chaîne avait décidé de ne rien cacher et de tout déballer : l'intégralité de l'interview, qui, hélas, a été élaguée d'une heure. Arrangement ? Ça en a tout l'air.


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