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Chronique d'un vadrouilleur tunisien
L'Asie en vélo
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 12 - 2012

Arafat Ben Marzou, Tunisien de 30 ans, a traversé le continent asiatique en dix mois, en empruntant, comme unique moyen de transport, son vélo. L'idée lui est venue en Afrique subsaharienne, au fil de ses rencontres avec des voyageurs, pour le moins, inspirants. L'aventure en Asie se veut un hymne à l'humanité, à la nature et aux échanges intercivilisationnels. Récit d'un vadrouilleur tunisien.
Istanbul, Turquie, 20 février 2012
Premier jour en Turquie. J'ai été choqué par le froid qui me paralysait complètement. J'étais à l'affût de toute source de chaleur. Je frappais à toutes les portes et, quand il n'y avait pas d'habitations, j'allumais du feu aussi souvent que possible. C'était la première fois que je voyais de la neige. 2 à 3 m de hauteur de part et d'autre des pistes, au milieu desquelles je devais pédaler.
Batumi, Géorgie, 27 mars 2012
C'était le début du printemps, il faisait bon. Cela m'a changé de la Turquie, où j'ai passé un mois et demi, et dépensé la moitié de mon budget pour survivre à des conditions climatiques très rudes.
Je me suis retrouvé en compagnie de voyageurs passionnés, venus de divers horizons. L'ambiance était très conviviale. J'étais heureux sans le sou. Et c'est peut-être là le secret de la réussite de ce voyage, accepter qu'on n'a rien, et prendre ce qui vient.
Gobustan, Azerbaïdjan, 30 avril 2012
Gobustan est la région la plus concentrée au monde en volcans de boue. J'étais seul, au milieu de nulle part, sur une terre en ébullition. J'oubliais le jour, j'oubliais la nuit, et le plaisir et la fatigue. Je n'existais plus. Le «je» a fusionné avec le «tout».
Choobar, Iran, 5 mai 2012
Rencontre avec la famille Azim. J'ai découvert l'hospitalité incroyable des Iraniens, qui ont beaucoup de respect pour les voyageurs. Question qui m'a souvent été posée : «Tu es chiite ou sunnite?». Et moi de rétorquer : «Je suis musulman». A chaque fois mes interlocuteurs me répondaient par un énorme sourire.
Sanandaj, Iran, 22 mai 2012
Ali, un Iranien rencontré sur ma route, est de ces personnes qui savent apaiser les gens qui les côtoient avec pas grand-chose. Il m'a accompagné à la montagne, à plus de 2.500 m d'altitude. Nous avions installé nos tentes et commencions à réchauffer le dîner au feu de bois. Tout à coup, deux grands ours noirs firent leur apparition. Nous avions déserté le campement à toute vitesse, et cherché du renfort au village le plus proche, pour pouvoir récupérer nos affaires.
Hirat, Afghanistan, 18 juillet
Atmosphère de guerre. Beaucoup de militaires américains. Tension palpable. Beaucoup d'armes et de chars. Au bureau des Nations unies, on m'a déconseillé de continuer mon périple à vélo, d'autant plus que la prochaine ville est à 120km de distance. Les militaires afghans m'ont recommandé de ne pas parler anglais et de dire que je suis musulman en cas de capture par les talibans. Aucun conducteur de bus n'a voulu me prendre, parce que je suis étranger et que je représentais un danger potentiel à leurs yeux. Finalement, c'est avec un militaire que je suis parti, dans une voiture civile.
Kabul, Afghanistan, 21 juillet 2012
Début de la traversée en vélo en Afghanistan. Des habitants, curieux de me voir arriver avec mon vélo, m'ont invité à dîner chez eux. On arrivait à se comprendre bien que je ne parlais pas persan. A la fin du dîner, mes hôtes ont commencé à me poser de drôles de questions, sur combien j'avais d'argent et ce que je possédais, à fouiller mes affaires et à jouer avec mon appareil photo. A un certain moment, on m'a demandé d'ouvrir un sac dans lequel je garde les affaires les plus précieuses. J'ai sorti le Coran en premier, et là, silence. Tout le monde s'est tu. Ils se sont regardés et ont dit tout bas «il est musulman». Ils ont pris le Coran et embrassèrent le Livre saint. Ils sont devenus plus amicaux après cela. J'ai passé la nuit dans une mosquée dans laquelle j'ai appris, par le biais de l'imam, que ceux qui m'avaient offert le dîner avaient une «très mauvaise réputation». Grace à Dieu, rien ne m'est arrivé.
Samarkand, Ouzbékistan, 14 août 2012
La chose qui m'a le plus étonné, ce sont les têtes découvertes des femmes et leur tenue vestimentaire. Elles étaient flamboyantes dans leur robe colorée. Je ne m'étais plus habitué à voir cela. La ville est très belle, mais la présence des policiers était très pesante. Il fallait justifier sa présence partout, et je me faisais contrôler à chaque mouvement. Je devais présenter mon passeport même pour prendre un ticket de métro. Pour cet ex-pays soviétique, il semble que tout étranger est pris pour un espion !
Almaty, Kazakhstan, 27 août 2012
J'ai décidé de prendre le train après avoir pédalé comme un fou pendant deux jours. Le visa de transition que j'avais obtenu en Ouzbékistan ne me permettait de rester au Kazakhstan que pendant cinq jours, alors que j'avais 1.000 km à parcourir. J'ai quand même eu le temps de visiter la ville très moderne d'Almaty, nichée à 2.000 m d'altitude au milieu des montagnes.
Ouroumtchi, Chine, 10 septembre 2012
Aymen, un Tunisien qui donne des cours de tennis à Pékin, a fait quatre heures d'avion pour me rejoindre et partager avec moi dix jours d'aventure en vélo. J'ai trouvé cela exceptionnel de sa part. Nous étions deux Tunisiens à la campagne, pénards, à pédaler et à confectionner des plats tunisiens, à nos heures perdues.
Sud du désert de Gobi, Chine, 3 octobre 2012
2.200 km de désert, un mois et demi de traversée. Des villes à 400 km d'intervalle. Le plus dur à gérer dans tout cela est l'eau, d'autant plus que les conditions climatiques étaient difficiles. Ce jour-là, le vent soufflait à plus de 100 km/h. Il y avait un canal d'eau asséché, j'ai décidé de m'y abriter. J'ai récupéré la boue solidifiée du fond du canal, et je l'ai taillée pour en faire des dalles. J'ai pu construire un muret, derrière lequel j'ai pu planter ma tente. Protégé des trois côtés, le vent ne m'a pas emporté !
Lanzhou, Chine, 25 octobre 2012
Je n'avais pas le moral, je suis allé au marché pour m'acheter du chocolat afin de trouver du réconfort. Sur ma route, j'ai entendu quelqu'un dire en arabe : «Combien t'a coûté cette viande ?». Je me suis retourné, c'étaient des Tunisiens qui faisaient leurs courses pour la fête du Sacrifice. C'était la première fois que je croisais des compatriotes par hasard. Mohamed Ali, Ezzedine, Achref et Salsabil, sont tous des étudiants. Ils m'ont invité à passer la fête de l'Aïd avec eux, invitation que j'ai acceptée et qui m'a fait chaud au cœur.
Pékin, 14 octobre 2012
Fin officielle du voyage à l'ambassade de Tunisie.


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