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« Le refus de la légitimité consensuelle entrave la démocratie »
Entretien avec : Béji Caïd Essebsi, président de Nida Tounès
Publié dans La Presse de Tunisie le 25 - 12 - 2012

Les youssefistes n'existent plus à Djerba et n'ont plus aucune raison d'être...
Suite aux événements qui ont marqué, le samedi 22 décembre, le meeting de Nida Tounès à Djerba et qui ont suscité un vif débat sur la scène politique, nous avons contacté M. Béji Caïd Essebsi.
Dans cet entretien express, le président de Nida Tounès nous a livré sa version chronologique des faits. Il nous a déclaré en substance que des agents chargés de sa sécurité lui ont affirmé que s'il se rendait «au lieu du meeting, il pourrait être victime d'un assassinat».
Il accuse par ailleurs les partis Ennahdha et le CPR de soutenir et d'encourager les ligues de protection de la révolution, selon lui, «une association de malfaiteurs qui opèrent au vu et au su de tout le monde» et dont «le rôle est d'empêcher l'exercice libre de la démocratie».
Il accuse d'autre part «l'Etat de ne pas remplir sa fonction : celle d'assurer la sécurité des citoyens»...
Par ailleurs, il préconise des solutions : «Faire appel à des personnalités indépendantes à la tête des ministères de souveraineté et opter pour une légitimité consensuelle».
Entretien.
Pouvez-vous nous donner votre version des faits et des incidents qui ont marqué le dernier meeting de Nida Tounès à Djerba ?
Nida Tounès a décidé d'organiser, le samedi 22 décembre, un meeting à Djerba. Nous avons, depuis deux semaines, avisé toutes les autorités locales et nationales, les ministères de l'Intérieur, de la Défense, etc. Avant la réunion, des groupes d'individus venus par bus de plusieurs régions du pays ont bloqué l'entrée de l'espace où devait se tenir la réunion. Ils lançaient des slogans hostiles et brandissaient des banderoles où était écrit «Dégage» avec en exergue le symbole de la croix gammée. Ce qui ne peut être le fait des Djerbiens qui cohabitent depuis 2.500 ans avec la communauté juive. Pis, ces groupes ont enfoncé les portes de l'espace où se trouvaient les 2.000 participants et ont commencé à agresser certains. Les forces de l'ordre étaient inactives et inopérationnelles. Des témoins m'ont affirmé qu'ils n'ont pas bougé, assistant presqu'en spectateurs à ce qui se déroulait sous leurs yeux, comme s'ils pactisaient avec eux.
J'étais moi-même à Djerba et au moment de rejoindre le lieu du meeting, les agents chargés de ma sécurité m'ont dissuadé et m'ont dit clairement: «N'y allez pas car vous risquez d'être victime d'un assassinat». J'ai donc renoncé à rejoindre le meeting.
Par ailleurs, nos partisans ont été séquestrés pendant quatre bonnes heures sans que la police n'intervienne. Malgré les appels, aucun secours n'est venu pour les protéger et les évacuer. Et c'est finalement l'armée qui est intervenue pour évacuer les participants.
Le bilan est catastrophique : le meeting a été suspendu. Des hommes et des femmes ont été agressés, l'un des agressés a eu la jambe fracturée et la chorale d'enfants qui devait interpréter quelques chants était complètement traumatisée.
Pouvez-vous nous dire clairement qui vous a attaqués, car dans une de vos déclarations, vous avez accusé frontalement le parti Ennahdha d'être derrière ces événements ?
Ceux qui nous ont attaqués sont les ligues de protection de la révolution, ce sont des gens qui prétendent être des défenseurs de la révolution, mais qui, en fait, sont une association de malfaiteurs qui opèrent au vu et au su de tout le monde.
Les ligues de protection de la révolution sont composées d'éléments d'Ennahdha et sont publiquement soutenues et encouragées par deux partis : Ennahdha et le CPR.
Un des dirigeants du CPR les a même qualifiées «de conscience de la révolution». Le rôle de ces ligues, c'est d'attaquer et d'agresser ceux qui veulent exercer leur droit au rassemblement, à la liberté d'expression, à l'exercice politique et à la démocratie.
En fait, ce qui s'est passé à Djerba évoque ce qui s'est déroulé à Tataouine quand, malheureusement, le défunt Lotfi Nagdh a été lynché par des agresseurs diligentés et encouragés par Ennahdha et le CPR.
Dans vos déclarations suite aux événements de Djerba, nous avons décelé le retour à la question de la légitimité du gouvernement, vous avez même parlé de déliquescence de l'Etat ?
Je n'ai jamais parlé de déliquescence, mais j'ai dit que l'Etat ne remplit pas sa fonction : assurer la sécurité des citoyens. Or, jusque-là, nous pensons que l'Etat n'a pas joué ce rôle. Concernant la légitimité du gouvernement un an après les élections du 23 octobre 2011, j'ai proposé — puisque cette légitimité a cessé — d'opter pour une légitimité consensuelle afin de permettre au gouvernement, qui n'a pas été élu mais adoubé par l'Assemblée constituante, de fonctionner.
Ne pensez-vous pas qu'en organisant votre meeting à Djerba, vous vous êtes mis dans un guêpier, étant donné la présence marquée des youssefistes dans cette île ?
Ce n'est pas vrai, cette histoire est une invention d'Ennahdha. D'ailleurs, la famille de Salah Ben Youssef l'a niée par l'intermédiaire du neveu du défunt et a dénoncé le comportement de Ameur Laârayadh. Les youssefistes n'existent plus à Djerba et n'ont plus de raison d'être, car Salah Ben Youssef est enterré au Carré des martyrs au cimetière du Jellaz aux côtés des destouriens tels Behi Ladgham, Mongi Slim, Taïeb Mhiri et Sadok Mokadem.
Quelles solutions préconisez-vous à la situation politique actuelle ?
Nous avons toujours proposé des solutions que le gouvernement ne veut pas écouter. Le pouvoir actuel ne peut plus continuer à exercer et gérer la situation politique de cette façon. Il faudrait, donc, opter pour un gouvernement plus ramassé et en finir avec ce nombre de 82 ministres et secrétaires d'Etat, ce qui n'existe même pas en Chine.
Il faudrait, par ailleurs, que les ministères de souveraineté soient dirigés par des personnalités indépendantes et que les ministres du gouvernement remanié s'engagent à ne pas se présenter aux prochaines élections, comme cela a été le cas pour le gouvernement d'avant les élections du 23 octobre. Cela afin qu'ils vaquent pleinement à leur tâche.
Pensez-vous que la Troïka est prête à adopter ces solutions?
On le saura dès l'annonce du nouveau gouvernement. Mais ceux qui sont au pouvoir doivent se rendre à l'évidence, car leur persistance dans le refus de la légitimité consensuelle et de toutes autres propositions et solutions est dommageable et porte entrave au cheminement démocratique auquel aspire l'ensemble du pays..
Enfin, seriez-vous candidat à la prochaine élection présidentielle ?
Les dates des prochaines élections ne sont pas encore fixées. Quand elles le seront, je déciderai.
Mais vous savez qu'il y a une question d'âge limite pour les candidatures à la présidentielle ?
S'il y a des empêchements juridiques à une éventuelle candidature lors des prochaines élections, cela est une autre histoire. Mais ne mettez pas la charrue avant les bœufs. Ce qui correspond en tunisien au dicton : «Ne déroulez pas les nattes avant la construction de la mosquée».


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