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Les dits du temple
Marges spirituelles
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 01 - 2013

C'est du latin que nous vient le mot «temple». Et, chose étrange, il ne fait pas référence à un quelconque édifice. Le «templum», en effet, est cet espace délimité dans le ciel à l'intérieur duquel les devins observaient et interprétaient le vol des oiseaux. Selon que l'oiseau faisait irruption dans cet espace de la droite vers la gauche, ou l'inverse, de la gauche vers la droite, on décidait, par exemple, que telle expédition guerrière aurait lieu, ou au contraire, qu'elle serait reportée ou annulée... D'où la fameuse expression : oiseau de mauvais augure.
Le lien avec l'édifice provient sans doute du fait que, dans les cultures anciennes, les lieux où l'on rendait un culte aux divinités étaient en même temps, et de façon non moins essentielle, ceux où les prêtres avaient en charge de recueillir, selon une technique donnée, la volonté de la divinité. C'était, pour ainsi dire, le livre à l'intérieur duquel se donnaient à déchiffrer les décrets célestes relevant de tel dieu ou de telle déesse. Ce qui signifie que, dans la pensée de ces lointains ancêtres, l'activité de cette lecture sacrée ne pouvait être menée dans un espace quelconque.
Dans la tradition monothéiste, on parle de mosquées, d'églises et de synagogues, mais pas de temple, si ce n'est par une sorte d'abus de langage, chez les chrétiens protestants surtout. Est-ce une simple question linguistique, ou sommes-nous, avec le monothéisme, en présence d'une sphère religieuse qui exclut la présence d'un «espace de lecture», au sens où nous avons vu que tout temple est un tel espace dans les anciennes religions ? En fait, cette différence de mots n'est pas fortuite : elle renvoie bien à une différence dans la relation au divin. Dans le monothéisme, Dieu parle et sa parole engage l'homme dans une vie de foi et d'œuvres. Toute tentative en vue de recueillir de lui une parole qui serait autre que celle qu'il a déjà révélée correspond à une mésintelligence et à une forme d'hérésie. Par conséquent, le besoin de disposer d'un temple pour y décrypter ses volontés n'a tout simplement pas de sens. Le travail d'interprétation de la parole divine est certes présent, mais il vise essentiellement à restituer la vérité d'une seule et unique parole, d'une parole proférée de toute éternité et dont il s'agit de retrouver l'écho vivant.
La question, cependant, n'est pas si simple. Dans l'histoire de la religion juive, il arrive un moment où l'on éprouve le besoin de bâtir un temple. Cela correspond à l'époque de la royauté de David. On sait néanmoins que c'est seulement Salomon, fils de David, qui entreprendra la construction du temple. Or le temple prendra par la suite une telle importance que, à chaque fois qu'il sera détruit, cela équivaudra à une dispersion du peuple juif. Comme si ce temple était devenu le centre de gravité et le point de ralliement de la communauté tout entière.
Dans la conception chrétienne, le temple ne cesse pas d'exister et d'occuper cette place centrale, mais il perd son caractère géographique. Il est, dans le langage de la théologie chrétienne, le «corps du Christ», tel qu'il constitue par l'eucharistie le lien d'unité entre tous les fidèles, en référence aux paroles de Jésus lors de son dernier repas avec les apôtres : «Prenez et mangez. Ceci est mon corps, qui sera livré pour vous». En ce sens, les églises sont les représentations visibles de ce temple invisible qu'est le «corps du Christ», et l'on voit bien que le travail architectural tentera, au fil des siècles, de s'accorder à cette conception, notamment à travers l'adoption de la structure cruciforme de la base... Le corps «livré pour vous» est en effet le corps crucifié !
Les premières mosquées, qui ont largement mis à contribution des architectes et des artisans habitués à construire des églises à l'époque byzantine, se sont éloignées rapidement de ce modèle. Mais la question se pose à leur sujet de savoir si elles sont aussi la représentation d'un temple. Et, même, s'il existe en islam quelque chose comme un temple. Or, poser cette question ne peut que nous amener à porter le regard en direction de cet édifice qu'est la Kaaba. N'est-il pas le lieu vers lequel les croyants se tournent, où qu'ils soient à travers le vaste monde, chaque fois qu'ils se mettent en situation de prière ? La Kaaba est bien ce point central de la communauté des croyants et, de plus, c'est à l'occasion du pèlerinage un point de ralliement... Point de ralliement au même titre que l'est le temple de Salomon pour les Juifs, malgré les épisodes de ses destructions et de ses reconstructions. Mais, à la différence du temple de Salomon, la Kaaba porte en elle plus que la mémoire d'une appartenance réciproque entre Dieu et un peuple : elle est le lieu qui symbolise le passage d'un peuple d'un ancien culte polythéiste à l'adoration du Dieu unique. C'est la raison pour laquelle le «temple» des musulmans est, paradoxalement, le temple d'une ancienne religion païenne... C'est en portant témoignage de ce qui a précédé que ce temple porte également la mémoire du passage, de la conversion ! Et c'est aussi la raison pour laquelle, malgré certaines formes usitées, la mosquée n'admet pas d'autre contrainte architecturale que celle-ci : tirer l'ancien, ce qui existe déjà dans telle ou telle contrée, vers une vocation nouvelle, quitte parfois à en préserver les structures... Tout au plus y ajoutera-t-on cette forme élancée vers le ciel, le minaret, d'où l'appel se fait vers le lointain : lointain des espaces à l'intérieur d'une ville ou d'un village, mais aussi lointain de cette « jâhiliyya » que nous portons dans nos profondeurs, et à laquelle il s'agit de s'arracher dans un mouvement vers le lieu que nous indique la flèche du minaret : le ciel et son universalité.


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