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Chemins vers le sacré et chemins vers la mémoire
Marges spirituelles
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 12 - 2012

Malgré les masses de fidèles qu'il nous est donné d'apercevoir chaque année, rassemblés à la Mecque en une marée humaine, tout de blanc vêtus, le pèlerinage musulman est loin d'être le plus important en termes de quantité de pèlerins. C'est en Inde que l'on trouve les rassemblements les plus impressionnants, souvent autour du fleuve du Gange, auquel les hindouistes reconnaissent le pouvoir de purifier les âmes.
L'expérience du pèlerinage, d'une façon générale, suppose que certains lieux soient marqués d'une intensité particulière en termes de sacré. Il y a, pour ainsi dire, des espaces où la présence du divin est censée être plus forte qu'ailleurs.
Une telle géographie du sacré peut susciter quelques interrogations : que signifie en effet que la divinité soit attachée à un lieu donné ? Et, si on admet qu'elle est davantage présente ici que là, cela ne revient-il pas à dire que, à l'inverse, il y a des lieux où elle est quasiment absente... des lieux où, en tout cas, sa présence est faible... ?
Cette conception de la présence du divin dans l'espace, à vrai dire, peut se comprendre dans le contexte du polythéisme. On est ici en présence d'une dissémination du divin à travers l'espace et chaque divinité possède son territoire et son foyer de rayonnement... Au caractère limité du territoire de chaque divinité correspond l'obligation de concevoir pour elle un centre... Il y a donc des différences d'intensité selon que l'on est au centre ou à la périphérie. A partir de là, le pèlerinage, en tant que cheminement vers le centre, est une façon pour le fidèle d'aller à la rencontre de la divinité et de l'honorer en l'endroit où sa présence est la plus forte.
Pourtant, on observe que les religions monothéistes n'ont pas rompu avec le pèlerinage. C'est ici que s'exprime le paradoxe : comment un Dieu unique, par conséquent universel, peut-il se dire plus présent ici que là ? La formule scandée par les pèlerins musulmans, labbayka allahomma labbayk signifie bien que la Mecque est, par excellence, un lieu où s'accomplit la rencontre...
En fait, le pèlerinage revêt dans les religions monothéistes un sens différent. Il renvoie plus à des moments qu'à des espaces : des moments dans l'histoire de l'Alliance. Pourquoi, par exemple, les chrétiens catholiques se rendent-ils à Saint-Jacques de Compostelle en parcourant à pied de longues routes ? Pourquoi rendent-ils visite à maints autres saints et martyrs dont les restes sont conservés dans les cryptes des églises ? Simplement parce que la vie — et la mort — de ces personnages ont valeur de témoignage de la vérité de Jésus en tant que Messie, en tant que rédempteur de l'homme par l'amour de Dieu... L'espace n'a d'importance que dans la mesure où il porte la mémoire d'un geste.
C'est aussi dans ce sens qu'il convient de comprendre le sens de cet espace sacré autour de la Mecque : il renvoie à la constitution de la première communauté des fidèles qui fait basculer l'Arabie de l'ère du polythéisme à celle du culte du Dieu unique. Le pèlerinage aurait pu avoir lieu à Médine, dirait-on : n'est-ce pas là que s'est formée autour du Prophète la première communauté des fidèles ? Certes. Toutefois, l'événement qu'il s'agit de célébrer à travers le pèlerinage n'est pas seulement la formation de cette communauté, mais le fait que, dans le retour à la Mecque, s'accomplit la conversion de l'ancien monde et son entrée dans l'ordre nouveau...
Le cas de l'islam est particulier parce qu'il institue un rite de pèlerinage à l'endroit même où il en existait un déjà. La Mecque était en effet un lieu de pèlerinage pour les tribus arabes d'avant l'islam : chacune y avait ses idoles... Et la question se pose d'ailleurs de savoir pourquoi la Mecque a eu dans le passé préislamique le privilège de rassembler en son sein l'ensemble des divinités des différentes tribus. Mais ce qu'il s'agit de retenir surtout, c'est que le pèlerinage musulman, dans l'apparente perpétuation d'une tradition ancienne, célèbre le basculement d'un culte à un autre à l'échelle de l'ensemble d'une nation. En prolongeant cette tradition, l'islam fait mémoire du moment où l'ancien pèlerinage change de visage et où, à travers ce changement, c'est la physionomie religieuse de tout un pays qui se trouve également transformée. Ce qui, pour ce peuple qui partage une même langue et une même terre, le peuple arabe, équivaut à une accession à une dimension nouvelle de son existence: celle de la mondialité...
Le thème du pèlerinage chez les juifs ne fait pas exception à cette règle. Les prières autour des vestiges du temple ont aussi valeur d'acte de mémoire, lié à l'histoire de l'alliance et de ses promesses. Bien que, dans ce dernier cas, le texte de la Bible serve lui aussi de « lieu » : de lieu mobile qui, bien sûr, invite à une autre forme de pèlerinage. Lire le texte est une forme de circonvolution autour de cet événement invisible et fondateur au cours duquel Dieu s'est adressé à l'homme en un acte de parole.
La diversité des pèlerinages à l'intérieur de la famille monothéiste renvoie en un sens à une diversité de responsabilités dans l'économie générale de l'Alliance, dans l'organisation interne de son devenir. D'une certaine façon, ces modes de pèlerinage correspondent là aussi à des territoires. Mais ces territoires, aussi dressés qu'ils puissent être les uns face aux autres comme des citadelles de symboles et de rites, n'ont pas moins à être pénétrables, interpénétrables: en cela réaffirme la dimension universelle de la religion dont ils cherchent à célébrer le moment fondateur.


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