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Ce pays renaîtra, parole de femmes !
deux ans après le 14 janvier 2011
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 01 - 2013

En plus de tous les rôles qu'elles doivent jouer, les femmes tunisiennes ont une autre mission : un pays à mettre au monde.
Conscientes d'être la colonne vertébrale de la société, les femmes tunisiennes, instruites ou pas, voilées ou non voilées, continuent à chercher l'erreur, à dire «Non» aux lois imbéciles et à crier gare aux injustices. Elles savent que tout est à faire à tous les niveaux et qu'une fois la parole retrouvée, il faudra du temps pour reconstruire leur beau petit pays, gangréné par un tyran et sa famille. Pour l'heure, tout comme leurs compatriotes, elles sont en train de subir « les effets secondaires » des 50 années de dictature. Habituées aux chemins glissants, elles ne jetteront pas l'éponge. Mais il y a une chose que les plus intellectuelles d'entre elles doivent d'abord admettre : elles ont eu tort de tourner le dos aussi facilement à des siècles de domination masculine !
Le modèle contesté
Oui, Ben Ali a «dégagé», mais des milliers de ses « clones» continuent à nous empoisonner la vie. Des opportunistes ont triplé d'opportunisme. Dans certains médias, on continue à se battre contre les mauvaises graines et les mauvais plis. La femme et l'art sont ciblés par une nouvelle population qui agit au nom du sacré et de la morale.
L'on se demande d'ailleurs pourquoi ? Quel peut être le lien entre l'art et la femme? Est-ce la création et la mise au monde d'une vision moderne du monde ? Est-ce le fait qu'ils représentent tous les deux le plus vrai et le plus solide des partis d'opposition ?
Il est vrai que la femme tunisienne n'a rien à envier aux autres femmes arabes. Que grâce à un despote éclairé, elle a eu des droits inespérés. Mais l'homme, qui a hérité des milliers d'années de croyances sur la femme, n'a, au fond, jamais supporté sa «libération».
La femme alibi
Depuis la promulgation du Code du statut personnel en 1956, il s'est senti détrôné. Surtout que sa «moitié à la cervelle d'oiseau» est désormais capable de jouer tous les rôles. Elle a le pouvoir économique. Grâce à ses diplômes, elle peut accéder à n'importe quel poste professionnel. Elle porte le jean. Elle peut décider d'arrêter une grossesse non désirée. Et même en étant mère célibataire, elle peut donner son propre nom à son enfant. C'en est trop ! Ce modèle de femmes n'existe nulle part ailleurs dans le monde arabe et musulman ! Pourquoi est-ce que la Tunisie ferait-elle l'exception ?
Déjà, bien avant la révolution, Pour réagir face à l'évolution «contre-nature» de la femme, l'homme a choisi carrément de démissionner. Dans son couple, il n'est plus partenaire, il est touriste. En famille, il n'est plus le frère protecteur, il est le gardien de la morale. Au travail, il n'est plus le patron rassembleur ou catalyseur, il est harceleur...
Elle est plus et autre chose
Le politique, quant à lui, si fier de lui avoir accordé ses droits, a fini par faire de la femme son alibi. La voilà glorifiée, valorisée, comme une marchandise précieuse et fragile. Elle est le centre de toutes les études, de toutes les recherches, de toutes les conférences, évoquée comme une espèce en voie de disparition.
Mais il n'y a pas de «Femme tunisienne» il y a DES femmes tunisiennes, au pluriel. Et elles ne sont ni formidables, ni singulières, ni particulières, ni superwomen. Ce sont des femmes qui n'acceptent plus d'être dans «le hors-jeu» et d'être «abonnées aux prix spéciaux plutôt qu'aux palmes d'or», comme l'écrit Valérie Toranian dans son essai Pour en finir avec la femme.
Après le 14 janvier, un bon nombre de femmes se sont présentées aux élections. Elles ont osé se projeter au pouvoir. Désormais, pour elles, c'est possible d'accéder aux plus hautes marches. Elles commencent à comprendre que le pouvoir est un permis de construire. «On ne peut pas vouloir le changement et s'enfermer dans l'impuissance et l'amertume», écrit encore Toranian.
Une réalité qui dépasse la fiction
Qu'est-ce qu'elles étaient belles en cette soirée du 13 août 2012. Elles ont marché sur l'avenue Mohamed V, pendant des heures, avec des hommes à leurs côtés, C'était la Fête nationale de la femme et, en même temps, l'occasion ou jamais pour dire «Non !» à l'article 28, ce projet de la Constitution qui voulait que la femme soit complémentaire à l'homme. Ces milliers de Tunisiennes portaient des robes aux couleurs du drapeau ou des couronnes pour dire qu'elles sont les reines du monde. Elles étaient «safirat» et voilées, défendant la même cause, la leur : «Nous ne sommes ni complément ni objet ! Nous sommes femmes, citoyennes, tunisiennes et nous ne jetterons pas l'éponge!» Criaient- elles en chœur et de tout cœur.
Et dire que dans le cinéma tunisien et plus précisément dans la fiction, LES femmes tunisiennes sont représentées en victimes ! Après avoir été l'alibi du politique, voilà qu'elles deviennent celui de l'artiste, utilisées pour plaire aux étrangers et pour accéder à la célébrité. LEURS femmes à certains cinéastes (pas seulement les cinéastes hommes) sont souvent battues, abattues, mariées de force ou violées. Après la révolution leur statut a évolué : elles sont, en plus, VOILEES, et de force également ! Eh oui, au cinéma, on fait porter le foulard aux Tunisiennes contre leur gré !
Dans les documentaires, par contre, on découvre une autre image des Tunisiennes dont la réalité — et c'est le cas de le dire — dépasse la fiction.
Elles n'évoluent plus dans des appartements joliment décorés, mais dans des taudis et au-dessous du seuil de la pauvreté. Dans leur histoire de vie, elles peuvent avoir subi toutes les atrocités du monde, mais elles n'ont jamais l'air de victimes. Bien au contraire, elles sont dignes, battantes, en accord avec elles-mêmes. Elles disent et font ce qu'elles pensent, défendent leurs choix, et lorsqu'elles parlent, leurs propos sont d'un tel courage, d'une telle clarté, qu'elles feraient rougir un de ces opposants, l'un de ces nouveaux politiciens au pouvoir et surtout un de ces réalisateurs-auteurs qui vivent en dehors de la réalité de leur pays.
Le voile, parlons-en!
Certes, il y a beaucoup plus de femmes voilées qu'avant la fameuse date du 14 janvier 2011. Il y a même celles qui portent le niqab, de plus en plus d'hommes barbus, et la contagion continue.
Si l'on croit à la version qui dit que les hommes sont manipulés, qu'en est-il des femmes ? Que cherchent-elles sous ces kilomètres de tissus ? Leur identité perdue, peut-être? Le voile, est-il une manière de dire qu' « elles refusent de porter leur siècle ? »(*)
La problématique complexe du voile est aussi intime. A notre humble avis, c'est révélateur d'une quête d'identité. Cela doit être aussi une manière de raviver l'irrationnel, de retendre le fil d' histoires personnelles. Chacune s'accroche comme elle peut.
Que faire dans un monde aux destins chaotiques ? Comment gérer toutes ces hontes bues, tues, refoulées ?
Ô combien il est lourd cet héritage, familial, politique et social qui travaille à notre insu la trame de nos vies mal recousues !
Que de chemin à faire, y compris dans nos têtes !
Nos dictateurs ont coupé tous les cordons, pour pouvoir régner seuls. Que de passé à rattraper, que d'illusions perdues à retrouver.
Mais nous avons un pays à mettre au monde. Nous nous devons d'être différentes, donc, d'être nous-mêmes. Il faut du temps pour que « le petit pays» se débarrasse de ses gènes « limitants ». Nous ne le dirons jamais assez : rien n'est achevé. Nous nous devons de rester vigilantes et de travailler, chacune dans son environnement professionnel ou privé, pour anoblir le monde en ne voyant que le côté noble du monde. Cela passe par un changement du regard porté sur nous-mêmes les femmes, les hommes et les événements. Elargissons notre vision, changeons notre point de vue, ouvrons les fenêtres, grandissons !
———————
(*) D'après Nejma, auteur du roman L'amande


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