L'évaluation, par les citoyens-patients, des services de santé publique oscille entre l'appréciation des performances du cadre médical et les défaillances au niveau de l'accueil et de la gestion du temps. Le système de la santé publique tourne autour de deux principaux paradoxes qui viennent contrecarrer les attentes des patients et mettre le cadre médical et paramédical sous la contrainte. C'est du moins l'un des constats publiés, récemment, par l'Association social science forum (ASSF) dans le cadre d'une étude portant sur le système de la santé publique. Les établissements de soins, hospitalo-universitaires soient-ils ou de simples dispensaires, sont en mal de gouvernance susceptible de hisser le niveau d'accueil, notamment dans les services des urgences, au niveau escompté; un niveau en harmonie avec la performance du cadre médical et paramédical et susceptible de satisfaire les attentes des citoyens-patients. D'un autre côté, l'introduction, depuis une bonne dizaine d'années, de l'activité privée complémentaire, qui autorise les médecins à donner des consultations payantes, dans le système de la santé publique, constitue un facteur propice à l'inégalité des patients face aux soins. Aussi, ceux qui ont les moyens pour payer les consultations bénéficient-ils d'une meilleure qualité d'accueil et de prestations. Ces deux paradoxes sont vécus par les citoyens au quotidien dans les établissements de santé publique. Mal au point, les patients se heurtent souvent à une qualité d'accueil qui laisse à désirer. Dans les centres de soins de la santé de base (CSSB), le délai d'attente précédant les consultations varie, dans 46% des cas, d'une à deux heures. Pis encore: les résultats de l'étude montrent que 30% des patients interviewés déclarent devoir attendre plus de deux heures avant d'être enfin reçus par le médecin. L'insatisfaction, voire le mécontentement, des citoyens-usagers de ces CSSB est estimée, selon le rapport de la présente enquête, à 64%, ce qui dénote un sérieux problème de gestion dans les établissements de santé publique. En revanche, 50% des personnes interviewées donnent un avis favorable quant à la qualité des prestations sanitaires et la performance du cadre médical, ce qui concrétise le paradoxe entre qualité d'accueil et qualité des prestations. Par ailleurs, et dans les services des urgences, où les cas les plus anodins disputent la priorité aux états de santé les plus critiques, l'attente s'avère souvent inacceptable, surtout qu'il est souvent question de malaises graves, nécessitant d'être pris en charge dans les plus brefs délais. Cependant, dans ces services dits «des urgences», l'attente est monnaie courante. Les résultats montrent qu'elle dépasse une heure dans 33% des cas. En revanche, elle n'excède pas une demi-heure dans 50% des cas. Mieux encore: 26,63% des personnes interviewées déclarent être reçues par le médecin au bout d'un quart d'heure. Malgré ces avis mitigés, 96% des interviewés trouvent le délai d'attente de plus d'une heure inacceptable dans un service des urgences. D'un autre côté, et pour ce qui est de la qualité d'accueil, elle est jugée comme bonne par 60% des personnes interviewées. D'autant plus que la performance du cadre médical est appréciée par 83% des patients. Urgences et paramédical L'équipe des enquêteurs s'est penchée, en outre, sur les prestations paramédicales disponibles dans les établissements de santé publique. Ces prestations s'avèrent souvent incontournables pour bon nombre de citoyens-patients. Pour ce qui est des analyses médicales, elles sont recommandées dans plus de 53% des cas, une prescription effectuée au sein de l'établissement dans 79% des cas. Néanmoins, 41% des patients sont obligés d'attendre plus d'une heure afin de se faire faire des analyses. Pour ce qui est des radiographies, elles sont recommandées dans 46,44% des cas. L'étude montre également que 35% des patients transférés pour des radiographies dovient patienter plus d'une heure avant d'être reçus par les radiologues. Quant à l'hospitalisation, elle s'impose dans 48% des cas environ. Il est à noter que 20% des patients nécessitant une hospitalisation n'ont pas pu bénéficier de ce service, et ce, pour manque de lits disponibles ou pour manque d'argent. La durée d'attente d'un lit dépasse souvent une heure. Manifestement, le principal «hic» des établissements de santé publique est, incontestablement, la mauvaise gestion du temps, même dans les services des urgences. Certes, la performance du cadre médical et paramédical tant à l'échelle nationale que celle régionale est reconnue par les citoyens-patients. Toutefois, la qualité de l'accueil, défaillante, pose un véritable problème qui mérite d'être pris au sérieux en vue d'améliorer le système de la santé publique.