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A propos de l'ignoble assassinat de Chokri Belaïd, le martyr
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 02 - 2013


Par Abou Khalil*
La Tunisie qui a marqué, à travers les siècles, le monde et l'Histoire par ses initiatives, par ses idées créatrices, par ses grands hommes, par ses courageuses prises de position et tout dernièrement par sa brillante révolution qui a embaumé toute la planète qui l'a appréciée, encouragée et soutenue, vient, malheureusement, de montrer ses limites.
En effet, qui aurait pu imaginer que notre pays, longtemps cité en exemple pour sa tolérance, pour le bon niveau de son peuple, pour sa joie de vivre et sa bonne humeur, pour sa capacité d'accommodation avec toutes les cultures et toutes les religions, vient encore une fois de surprendre le monde en basculant ou plutôt en sautant dans le vide, dans l'inconnu, dans le néant ? Qui l'aurait cru ? Comment peut-on l'expliquer ?
Quelle haine, quelle intolérance, quelle ignorance, et quel aveuglement ont suscité ce geste odieux et inqualifiable, celui d'assassiner un être humain pour ses idées ?
Je ne me tromperai pas en ne cherchant pas à incriminer tel ou tel parti politique, tel ou tel groupuscule, tel ou tel leader parce que ce qui s'est passé le 6 février 2013 est tellement impensable, inacceptable, intolérable et impardonnable qu'il nous marquera tous, notre vie durant. Il incrustera, aussi et à jamais, dans notre mémoire, cette incompétence et cette incapacité manifestes dont nous avons tous fait preuve en n'ayant pu éviter cet acte ignoble malgré les prémices et les signes avant-coureurs qui se sont, dangereusement, manifestés et multipliés ces derniers mois sans que la volonté politique de ceux qui ont la responsabilité d'utiliser les moyens dont ils disposent et qui sont suffisants et compétents, faut-il le rappeler, pour stopper ses dérives, tout à fait nouvelles dans la société tunisienne et redresser la barre, n'ait bougé d'un iota.
Comme résultante, nous risquons de perdre nos acquis d'un demi-siècle de lutte et de labeur, acquis non reconnus par ces «zorros» de la révolution, cette révolution qu'ils ont usurpée parce qu'ils ne l'ont ni faite et n'y ont même pas participé.
En effet, si on n'avait pas toléré et permis le premier acte d'incivilité commis à l'encontre du drapeau national, le symbole de tout un peuple depuis trois siècles, ce drapeau qui a été profané, si la police se trouvant devant l'Université avait reçu des ordres clairs ou avait la permission de faire son travail, cet étudiant d'une autre époque n'aurait pas eu le temps de lever ses couleurs et aurait été emmené, illico presto et manu militari, devant un juge qui l'aurait immédiatement incarcéré et mis à l'ombre. D'autre part, et en conséquence, tout ce qui s'est passé après ce regrettable et inqualifiable geste n'aurait jamais eu lieu et la Tunisie n'aurait perdu ni de son temps ni de son prestige pour expliquer à l'opinion publique internationale qui nous admirait religieusement, ce qui s'est passé à Al Abdellia, à Bizerte et Menzel Bourguiba à l'encontre des artistes, en passant par l'impensable attaque de l'ambassade des Etats-Unis le 14 septembre dernier, l'incendie d'une cinquantaine de marabouts, les prêches de certains imams qui distribuent les satisfecit et les certificats «d'islamité» aux uns et les retirent aux autres, en appelant les jeunes au jihad. C'est en fermant les yeux et en bouchant les oreilles pour ne rien voir et ne rien entendre et que sous l'adage de la «liberté d'expression» on a laissé, dans les mosquées, ces lieux publics dont l'Etat est le seul dépositaire, se développer haine, esprit de vengeance et encouragement à mourir en martyr pour arriver «le premier» au Paradis. Messieurs, nous ne sommes ni en Afghanistan, ni chez les Shebabs de Somalie bien que nous nous en approchions inexorablement si nous continuons à ne pas nous rendre compte de ce qui arrive à notre pays. Comment se fait-il que devant les rumeurs de toutes sortes, les unes plus graves que les autres, nos services spéciaux, jadis intraitables et incontournables, ont fait preuve d'une totale absence, absence même inquiétante. D'où et comment ces journalistes ont obtenu ces rumeurs ou ces informations ? Comment tel imam ou tel cheikh a-t-il le droit de condamner un citoyen sans que la justice n'intervienne, ne procède à une enquête et ne le punisse, fût-il le plus illustre des chioukhas ? Est-ce que l'Etat a jeté l'éponge et sommes-nous sous la coupe d'une nouvelle juridiction ? C'est suite à ce laxisme, à cet attentisme, à ce laisser-aller des pouvoirs publics que les choses ont, jour après jour, empiré jusqu'à ce qu'elles soient devenues incontrôlables. C'est cela qui a encouragé les criminels à exécuter leur basse besogne, à agir et à salir notre belle révolution.
Cependant, même l'opposition porte une bonne part de responsabilité dans ce chaos que traverse notre pays parce qu'en essayant, en permanence, de diaboliser les gouvernants qui sont sans aucune expérience dans ce domaine délicat de gestion et de direction, elle les a, subtilement, démobilisés. Au même titre que le pouvoir, l'opposition ainsi que la société civile sont aussi responsables de l'état de déconfiture dans lequel se trouve le pays qui a perdu de son aura, de son prestige, de sa notoriété, et de sa splendeur d'antan à l'intérieur comme à l'extérieur et qu'il faut de nombreuses années pour les retrouver.
Ce qui est regrettable et dommageable, ce sont ces plateaux quotidiens sur toutes nos chaînes de télévision qui, tous les soirs, essayent de nous épater en nous étalant leur savoir et leurs connaissances en sciences politiques. Ces «talentueux boulitiques» ne se fatiguent pas de nous démontrer, à longueur de soirée et chacun pour son propre compte ou celui de son parti, qu'il est le seul à détenir la vérité, qu'il n'est pas intéressé par le pouvoir, qu'il ne le cherche pas et qu'il est le premier à tout sacrifier pour la Tunisie. Messieurs, je crois que tous les Tunisiens vous connaissent maintenant et l'adage bien connu s'applique, ici, merveilleusement, à vous tous : Mimouna connaît le bon Dieu et le bon Dieu connaît Mimouna. Ce qui est malheureux, c'est par votre comportement, vous les hommes politiques de tous bords et de toutes sensibilités, ainsi que ceux du pouvoir, vous êtes responsables de l'état dans lequel se trouve la Tunisie. Nous sommes loin d'être fiers d'entendre, depuis quelque temps, certains pays, frères et amis qui souhaitent que leur pays ne connaisse pas cet état de tunisification tout comme il y a quelques années, on parlait de libanisation ou récemment encore de somalisation. Voilà où nous en sommes, messieurs. Que retiendra l'Histoire de votre œuvre ? En êtes-vous conscients ? Sincèrement, j'en doute fort.
Les gouvernants, par leur inexpérience de la chose publique n'ont pas maintenu la majorité des grands responsables des différents ministères à leurs postes. Ils les ont remplacés dans le but évident de récompenser leurs partisans qui étaient des «bleus» dans ce domaine et qui le resteront longtemps encore parce qu'on ne fabrique pas, par un décret, un directeur ou un directeur général quel que soit son C.V. Ainsi, ils ont commis de graves erreurs et notre administration qui a maintenu les rouages de l'Etat en excellent état de fonctionnement durant et après la révolution et qui a mérité la reconnaissance et les applaudissements de tous les Tunisiens et de tous les observateurs étrangers a, suite aux changements intervenus, régressé lamentablement et nous l'avons vécu dans notre chair, l'année dernière, lors des pannes de la Steg et de la Sonede, chose qui n'est pas, de mémoire d'homme, arrivée dans notre pays avec une telle ampleur. Et les résultats, tout le monde les connaît. Quant aux imams, bravo pour leurs prêches et Dieu les leur rendra, j'en suis certain. Ils se sont par ailleurs fait aider par des théologiens venus du Golfe ou du Moyen-Orient comme si notre pays, celui de l'universelle Zitouna, n'en a plus et n'en a jamais possédé. Les Ben Achour, à titre d'exemple, père et fils, doivent se retourner mille fois par jour dans leurs tombes.
Quant aux médias, leur part de responsabilité dans l'imbroglio dans lequel se trouve le pays est immense du fait soit de l'inconsistance de leurs discours soit de rapporter n'importe quoi et n'importe comment dans le but bien précis de vendre le maximum de journaux et cela sans en calculer les conséquences sur la masse.
Quant à vous, messieurs et mesdames les députés, dont les quatre cinquièmes n'ont aucune connaissance du droit constitutionnel, pourquoi n'avez-vous pas repris, comme base de travail, la Constitution de 1959 qui est, d'après Ahl Eddhikr, excellente, à l'exception des quelques articles manipulés par les deux premiers présidents ? Et pourquoi avez-vous mis tout ce temps pour accomplir votre mission principale, qui n'est rien d'autre que la préparation d'une Constitution ? Inutile de répondre parce que tout le monde connaît la raison.
Les organisations de la société civile qui ont joué, au cours de la première année post-révolution, un rôle capital de mobilisation des masses, que ce soit devant l'ANC, ou à la Kouba d'El Menzah ou à l'avenue Bourguiba, pour défendre les acquis obtenus depuis des décennies semblent s'essouffler, se démobiliser et donner l'impression de jeter l'éponge alors que l'instant est crucial, que le pays est en danger et que les jeux ne sont pas encore faits.
Je voudrais, avant de terminer, vous poser, à vous tous, les toutes simples questions suivantes : Est-ce ainsi que vous comptez faire réussir la révolution ? Est-ce ainsi qu'elle fera des émules ? Est-ce que la démocratie est synonyme de gabegie ? Est-ce que la liberté n'a pas de limites ?
Notre pays, initiateur du Printemps arabe, est arrivé à un stade de déconfiture jamais atteint par le passé, même pas durant les derniers mois du régime du président Bourguiba. C'est le fiasco le plus total dans tous les domaines politique, économique et social et même dans nos relations internationales. Le refus du FMI de nous accorder, ces derniers jours et suite à cet assassinat lâche et indigne, le prêt de 2,5 millions de dollars, est bien révélateur de ce que pensent de nous les institutions internationales qui nous ont toujours soutenus. Nous allons voir si «nos amis du Golfe» vont mettre la main à la poche pour se substituer à cet organisme financier.
Messieurs, nous devons avoir honte de l'état dans lequel se trouve notre cher pays et cela est dû à notre égoïsme, à notre égocentrisme, et surtout à notre soif du pouvoir. Nous tous, nous en assumons toute la responsabilité devant Dieu et devant le peuple. Celui-ci n'est pas dupe et demain, seul devant les urnes, il ferait bien de vous sanctionner parce que vous n'avez pas été à la hauteur de la noble mission qui vous a été confiée et de la confiance qu'il vous a accordée.
Je voudrais, cependant, rendre un vibrant hommage au courage politique et au sens de la responsabilité démontrés par Monsieur Hamadi Jebali, le chef du gouvernement qui, par son initiative, a prouvé qu'il est un homme d'Etat remarquable, et un patriote sincère. En agissant de la sorte, il a confirmé que notre pays est encore, et fort heureusement, un terroir de grands hommes ayant le sens de l'Etat qui sont capables de sacrifier, au besoin, leur carrière politique pour sauver la patrie. Bravo et merci, Monsieur Jebali.
Enfin, que peut-on ou, plutôt, que doit-on conclure de tout ce qui précède ? Tout simplement que l'ignoble assassinat de Chokri Belaïd, le martyr, est la preuve irréfutable de l'échec le plus cinglant de la classe politique, des médias et de la société civile. Continuez ainsi, messieurs, si vous voulez ramener notre pays à l'âge des ténèbres.
(*) Ancien cadre supérieur


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