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Message caché du chiisme
Marges spirituelles
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 03 - 2013

La question de la diversité religieuse, c'est-à-dire de la nécessité d'accepter les religions dans leurs différences et malgré la disparité de leurs messages, alors que nous vivons aujourd'hui dans un monde globalisé, dans le «village planétaire», cette question n'est pas prête de s'éclipser de l'agenda des intelligentsia aux quatre coins du globe. Pendant des décennies, des siècles peut-être, l'homme tournera et retournera cette problématique dans tous les sens. Et une des difficultés auxquelles il aura certainement à faire face, mais qui est d'ailleurs bien présente dès aujourd'hui, est la suivante : comment faire en sorte que cette diversité ne donne pas lieu à une explosion de groupuscules religieux, de sectes dont chacun sait à quel point elles peuvent être dangereuses. Dangereuses, ces sectes, elles le sont non pas seulement parce qu'elles rognent la liberté de leurs fidèles au point parfois de les abrutir, mais plus essentiellement parce qu'elles les arrachent à leurs traditions, celles de leurs ancêtres, et fait d'eux des êtres sans héritage, des êtres qui ne sont plus porteurs de rien de commun ni de rien d'ancien. Bref, des êtres sans attaches, que les vents mauvais de l'histoire peuvent facilement happer dans leur sillage.
Il y a une diversité religieuse qui, tout en respectant les traditions ancestrales de chacun, contribue à poser – implicitement ou explicitement – l'unité religieuse du genre humain et à viser cet idéal universel qui travaille les différentes religions de l'intérieur et fait d'elles ce vaste mouvement, contrasté dans ses formes et dans ses expressions, vers une vérité unique, vers un point focal. Et il y a une diversité religieuse perverse qui détruit tout à la fois le socle des traditions et l'idéal d'unité.
Il s'agit donc de bien prendre garde à ce qu'on entend par « diversité religieuse » et à ne pas tomber dans un dangereux amalgame sous couvert d'un vocable à connotation apparemment sympathique et de bon ton.
Mais le problème est-il si nouveau ? Prenons, dans le cas de l'islam, l'ancienne différence entre sunnisme et chiisme : sommes-nous en présence d'une diversité religieuse susceptible d'exprimer l'unité ou sommes-nous en présence d'une diversité religieuse qui relève de la logique sectaire, de ce morcellement qui débouche sur la construction de citadelles à l'intérieur desquelles les fidèles sont fatalement des « prisonniers-guerriers » ?
Répondre à cette question suppose que l'on sache prendre du recul et ne pas précipiter des formules apprêtées qui nous viennent de notre tradition sunnite. Tradition qui, de surcroît, s'est affirmée dans le passé contre le chiisme. Puisque, durant le Xe siècle, comme chacun sait, les Fatimides ont voulu imposer cette doctrine religieuse sous nos latitudes et que, précisément, le sunnisme malékite s'est forgé son profil, en grande partie, dans le rejet de cette option. Nous devons nous souvenir aussi qu'au-delà du problème de la vénération à accorder ou à ne pas accorder aux compagnons du Prophète, et autres questions polémiques de ce genre, le chiisme se distingue par un certain nombre d'idées dont on retrouve l'équivalent dans la religion de l'ancienne Perse. C'est particulièrement vrai au sujet de ce thème essentiel qu'est l'imamat. Il s'agit d'un thème qui rejoint celui de la vision zoroastrienne du monde et de sa fin, avec la figure du Saoshyant... Ce qui voudrait dire que le monde iranien introduit dans l'islam qu'il adopte une vision ancienne concernant la fin des temps. Le chiisme développe en effet l'idée d'un gouvernement du monde par un imam caché, par un imam qui s'est rendu invisible au monde mais qui doit y revenir au moment de sa fin. Cette figure messianique renvoie, pour les zoroastriens, au personnage de Saoshyant...
Il y a ainsi, semble-t-il, une affinité entre chiisme et religion zoroastrienne qui signifie que l'islam ne s'est pas imposé partout au mépris et indépendamment des traditions antérieures. En son propre sein, il a laissé donc s'exprimer une certaine diversité...
D'aucuns pourraient toutefois faire remarquer ici que le thème du messie et de son retour à la fin des temps existe dans la tradition monothéiste et qu'il n'était peut-être pas nécessaire d'aller le chercher dans une tradition autre... L'élément de la diversité, à saluer, ne doit pas occulter le risque que l'on soit en train d'opérer une greffe qui, finalement, dénature la religion porte-greffe, la religion musulmane en l'occurrence. D'autant que le thème de l'Imam attendu relègue la figure du Prophète Muhammad à un rang second. L'enferme dans une mission révolue, appartenant essentiellement au passé...
Mais peut-être aussi que le chiisme n'avait guère le choix en se tournant vers les traditions préislamiques de la Perse. S'est-on demandé quelle est la place, dans l'islam sunnite, de l'eschatologie ? C'est-à-dire du sens que revêt cet événement virtuel appelé « fin des temps» ? Certes, on évoque la figure de Jésus et on parle de son «réveil» : qyem Issa ! Mais, dans la représentation que l'on s'en fait, il s'agit d'un signe. Un simple signe qui annonce le jour du Jugement. La «fin des temps» correspond pourtant à bien autre chose. Elle renvoie à l'idée d'accomplissement de l'œuvre de la Création : œuvre qui, elle-même, engage et présuppose la participation de l'homme. Œuvre qui n'est tout à fait accomplie que dans sa contemplation, à la fois par Dieu et par l'homme... Et œuvre qui, pour être renvoyée à la «fin» de l'histoire, n'en a pas moins lieu ici et maintenant, chaque fois que la loi qui résonne est celle de l'amitié qui unit l'homme à Dieu.
Que le chiisme relève donc d'une diversité au sein de l'islam ou d'une inoculation en son corps d'une croyance étrangère, on ne tranchera pas. En revanche, ce qui est sûr, c'est que l'islam porte en lui un manque et que, dans un sens, le chiisme représente une tentative de combler ce manque.
D'autre part, que l'absence de la dimension eschatologique soit un manque constitutif dans la religion musulmane, voilà qui n'est pas davantage certain. Ce qui l'est, c'est qu'une certaine théologie, trop soucieuse sans doute de complaire aux princes dans le passé, a négligé cet aspect et a mis l'accent sur une conception judiciaire de la religion et de la fin du monde. Il est vrai qu'une telle conception, déprimante, qui réduit la fin des temps à un règlement de comptes, fait de la religion un auxiliaire au service de l'ordre que fait régner le roi sur ses sujets... Avec le risque bien sûr que l'homme de religion puisse devenir lui-même un roi.
La diversité religieuse n'est pas cet état existant de multiplicité des religions, placées les unes aux côtés des autres telles un patchwork : c'est bien plutôt ce qui reste lorsqu'elles ont bien voulu ôter tous les motifs de division qui se trouvent entre elles et, surtout, en elles. Et cela suppose un travail sachant faire aussi retour vers d'anciens malentendus et d'anciens errements théologiques...


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