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«On espère dépasser une bonne dizaine d'accords de plafonnement des prix»
Dégradation du pouvoir d'achat - Entretien avec Ridha Saïdi, ministre auprès du chef du gouvernement, chargé du dossier économique
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 04 - 2013

Le pouvoir d'achat du citoyen tunisien s'est effrité par l'inflation galopante qui sévit depuis deux ans. En effet, les hausses des prix font la une des médias et les opérations spectaculaires de contrebande dominent, parfois, le rythme de l'actualité. Sans parler des spéculations récurrentes sur des produits de base. Le citoyen, le maillon faible, se trouve face à une vraie guerre des prix dont il paye une facture salée. Pour en savoir plus sur l'évolution des prix, et de facto le pouvoir d'achat des consommateurs, on s'est entretenu avec M. Ridha Saïdi, ministre auprès du chef du gouvernement, chargé du dossier économique.
Depuis l'avènement de la révolution, les prix ont emprunté une pente vertigineuse. On a déclaré la «guerre sur prix», formé un comité spécial, multiplié les mesures... etc. Mais le budget des ménages n'a cessé d'encaisser de douloureuses secousses. Qu'est-ce qui n'a pas marché comme prévu dans la lutte contre le renchérissement des prix ?
Depuis notre arrivée au pouvoir, on a accordé une attention particulière à ce dossier. Surtout que pendant les premiers mois, janvier et février, on a constaté une évolution rapide du taux d'inflation. Cette hausse des prix a concerné principalement les produits frais, mais la tendance n'a pas épargné les autres produits, tels que les produits cosmétiques... Face à cette situation, on a entrepris des travaux en concertation avec les producteurs et les responsables des grandes surfaces pour essayer de maîtriser les prix. On a réalisé, par ailleurs, que les causes sont multiples.
Premièrement, on a dû faire face à une inflation héritée, causée par les effets collatéraux de la révolution. En effet, le climat d'insécurité a freiné le travail des équipes de contrôle économique et sanitaire. A cet égard, on a constaté un refus catégorique de ces missions sur les marchés par les opérateurs. Et les menaces et les agressions sont devenues monnaie courante. Dans ce climat d'insécurité, le détournement du marché de gros a aussi favorisé aux contrevenants d'échapper aux prix fixés sur le marché pour pratiquer d'autres. Pis, des centaines de tonnes de produits, frais et autres, traversent les frontières, illicitement vers la Libye, par des réseaux de contrebandiers bien organisés. Sans compter le million de Libyens qui résident chez nous depuis deux ans. De même, le déséquilibre entre l'accroissement de la masse monétaire dans l'année de récession a généré une inflation. A cela s'ajoute l'inflation importée qui s'est traduite par la hausse des prix des matières premières à l'échelle internationale. Ce qui a engendré, de facto, le renchérissement des produits finis.
Au niveau de la production et de l'approvisionnement, parmi les mesures prises, lors du dernier Conseil ministériel, l'augmentation de la production des produits agricoles sensibles. Mais, si avec deux bonnes saisons agricoles, 2011 et 2012, on n'était pas à l'abri des pénuries, pensez-vous qu'avec cette mesure, une simple décision, on pourrait assurer l'approvisionnement des marchés ?
Bien avant ce conseil, au niveau du comité de maîtrise des prix, qui réunit tous les intervenants, on a procédé à constituer des stocks stratégiques et de régulation, soit à travers la production locale soit, le cas échéant, par l'importation.
Aussi, on a planifié la production de certains produits de première nécessité pour le consommateur, en concertation avec les groupements interprofessionnels dans le secteur agricole. Il est vrai que le secteur primaire s'est bien comporté lors des deux dernières années avec des évolutions significatives de la production, 9% en 2011 et 4,2% en 2012, mais les centaines de tonnes de la contrebande ont déséquilibré l'approvisionnement des marchés. Ce qui se répercute sur les prix. Pour l'année 2013, on table sur une croissance de 3 à 4%. Mais si on se retrouve à un déficit de production, on aurait recours, forcément, à l'importation. Pour les pommes de terre, on est contraint, ces deux mois d'intersaison, à importer 6.000 tonnes. Pour ce qui est de la viande bovine, des mesures incitatives à l'élevage seraient mises en œuvre pour faciliter l'importation de 9.000 têtes de vaches.
Pour les stocks stratégiques, 52 millions de litres de lait, 60 millions d'œufs, 2.000 tonnes de poulets, 1.500 tonnes d'escalope et 40.000 tonnes pour la période du printemps et de l'été, le pic de la consommation avec le mois de Ramadan.
Mais avec les pénuries récurrentes, le consommateur est devenu peu confiant dans les mécanismes de régulation des marchés. La frénésie s'installe rapidement aux premiers signes de manquement d'un produit quelconque. Que faire pour rassurer le citoyen ?
Il faut restaurer la confiance entre le consommateur, le producteur et les services de contrôle technique et sanitaire des importations. Pas plus loin de la semaine dernière, ces services ont refusé un bateau de pommes de terre, venant de la Turquie, qui ne répond pas aux exigences techniques. De même, l'importation de la viande et du lait est soumise à des contrôles rigoureux. Il faut avoir, également, confiance aux circuits de distribution contrôlés périodiquement, du stade de l'importation à la distribution. Rien ne justifie l'engouement vers certains produits et la renonciation à d'autres produits, notamment importés. Sur ce plan, les médias jouent parfois un rôle perturbateur. Comme dans le cas du lait, on a dégradé l'image de certains produits au profit d'autres marques tunisiennes. Pourtant, les produits importés ont passé à une série de contrôles minutieux.
Franchement, doit-on s'inquiéter sur la sécurité alimentaire en Tunisie ?
Je rassure tous les Tunisiens que notre production agricole locale est en mesure de subvenir à tous les besoins du marché. Si l'on procède à l'assainissement des circuits de distribution et au renforcement du contrôle, on n'aurait pas de perturbations sur les marchés. Dans cette perspective, les mesures sécuritaires qui seraient prises dans les prochains jours visent à faire face au fléau contrebande. A cet égard, les équipes sur terrain s'activent pour contenir ces fuites vers le pays voisin. Le montant des produits confisqués par la Douane et la Garde nationale a évolué de 200% entre 2012 et 2013.
Mieux encore, on a même demandé au gouvernement libyen de nous parvenir ses besoins annuels en produits agricoles et autres. Ensuite, on pourrait programmer la satisfaction de ce besoin par la production locale ou par l'importation pour leur compte. On est convaincu que ces mesures mettraient fin à la contrebande.
En somme, à l'exception de certaines périodes de basse production, notre secteur agricole subvient suffisamment à nos besoins.
On parle beaucoup ces derniers temps de l'extension du réseau des espaces de vente, du producteur au consommateur, dans toutes les régions. Pouvez-vous nous expliquer davantage le fonctionnement de ce nouveau mode de distribution ?
L'année dernière, avant le mois de Ramadan, on a organisé des semaines de vente du producteur au consommateur. Il s'est avéré que l'expérience est très bénéfique pour les consommateurs. De même, plusieurs agriculteurs ont adhéré à ce mode. D'ailleurs, ils étaient lésés par les pratiques des intermédiaires spéculateurs qui vendent leurs produits à des prix largement supérieurs à ceux des achats auprès des agriculteurs.
En pratique, les ministères de tutelle se concertent pour l'aménagement de ces espaces de vente directe dans les régions. Des espaces en construction légère seraient aménagés dans les prochaines semaines, dont le coût varie de 60 à 100.000 dinars.
Et comme il y a un produit d'appel, il y a un marché d'appel qui va contribuer à la régulation des prix. Déjà, une action avec les grandes surfaces a permis de maîtriser les prix des viandes de volaille, bien qu'elles ne constituent que 15% du commerce intérieur.
Toujours avec les prix, les négociations avec les groupements interprofessionnels ne sont pas toujours fructueuses. Pis, les accords ne sont pas toujours respectés par les opérateurs sur le marché. Que faire alors ?
Pour le plafonnement des prix, on entretient des négociations avec les professionnels. Il y a quelques jours, des réunions marathoniennes ont conduit à des accords de plafonnement de quatre produits. D'ici la fin de la semaine, on annoncera la liste des prix plafonnés. On espère dépasser une bonne dizaine d'accords de plafonnement des prix. Le problème est qu'après la conclusion de ces accords, certains opérateurs, firmes et commerçants, ne respectent pas les nouveaux tarifs. Pour nous, après l'annonce par décret ministériel du plafonnement de certains produits, le contrôle économique prendra la relève. Et de lourdes sanctions sont prévues pour les contrevenants.
On justifie la révision de la hausse des prix, à tort ou à raison, par le renchérissement du prix du carburant. Déjà, la dernière révision à la hausse du prix du carburant a causé une cascade de renchérissement. A-t-on pu éviter cette mesure qualifiée de contre-productive ?
La hausse du prix du carburant est inévitable puisqu'on a cadré notre budget à 110 dollars le Baril de pétrole. Et toute hausse de 1 dollar se répercute par 32 millions de dinars de compensation. Avec la situation des entreprises publiques et la cherté des produits de base, on s'est trouvé dans l'obligation de réviser à la hausse les prix du carburant. Certes, il y a des répercussions sur les coûts de plusieurs produits, mais on s'est penché sur la mesure de l'impact réel de la hausse des prix du carburant sur le coût des produits. Pour certains, l'impact réel n'est que de 0,2%. Cependant, pour plusieurs opérateurs, c'est juste une occasion pour augmenter les prix.
On ne cesse d'énumérer les limites du système de compensation actuel. Ce qui laisse à craindre la levée de subventions sur certains produits de base, d'où leur renchérissement. Trouvez-vous que cette crainte est bien fondée ?
Seuls 12% des dépenses de compensation s'élèvant à 13,5% du budget de l'Etat bénéficient aux familles nécessiteuses. Sur le plan quantitatif, une étude menée par le ministère du Développement régional sur la compensation montre une hausse considérable des montants de subvention du carburant entre 2004 et 2013, de 200 à 2.252 millions de dinars. De même, pour la subvention des produits de base, qui ont évolué de 133 millions de dinars en 2004 à 730 avant la révolution pour passer à 1.350 millions de dinars en 2013.
Il faut réviser la politique de compensation pour arriver à une politique rationnelle et ciblée.
Une commission de réflexion sur ce dossier va présenter des recommandations de mesures au gouvernement qui va pour sa part se concerter au niveau national avec l'Ugtt, l'Utica et la société civile. Et les économies conséquentes seraient directement placées pour les dépenses de développement et pour le soutien des familles nécessiteuses.
Les réseaux de la contrebande sont de plus en plus structurés et évidemment plus visibles. Ce qui est de nature à faciliter la tâche des contrôleurs. Mais, au contraire, ces réseaux ne cessent de s'élargir. Y a-t-il des mesures urgentes pour contenir ce fléau ?
La contrebande est un fléau qui affecte notre économie, mais aussi notre sécurité. Il n'y a pas que les produits de base mais, surtout, il y a des produits illicites, notamment les armes qui sont dissimulées dans les produits alimentaires. Donc, la contrebande porte atteinte à la sécurité au sens strict et notre sécurité alimentaire. Sur le terrain, on se trouve face à des réseaux organisés qui utilisent des moyens assez sophistiqués au niveau de la communication et du transport. D'après nos confrères algériens, ces groupes disposent même des réseaux d'assurance pour dédommager les dégâts causés par la confiscation ou la poursuite en justice. Pour contenir ce phénomène, on a procédé à organiser des réunions avec nos voisins pour concerter nos efforts, car ce phénomène touche l'économie et la sécurité de toute la région.
Pour notre part, des mécanismes de contrôle des frontières sont mis en place ainsi que le renforcement de la sécurité des postes frontaliers. Des camions ont forcé à maintes reprises ces points de passage. Et les contrebandiers sont prêts à déployer tous les moyens pour faire régner leur loi. Donc, le gouvernement ne ménagera aucun effort pour mener des actions musclées de ratissage pour mettre fin à ce fléau. Il faut appliquer la loi avec rigueur.


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