Alexeï Riazantsev est l'un des invités du festival du cinéma russe en Tunisie. Il est venu à Sousse en sa qualité de producteur et distributeur d'un film qui a fait un tabac dans le circuit commercial en Russie. Il s'agit de Les mamans, une réalisation collective, d'après un scénario de Sarik Anreassian, Olga Antonova, Tikhon Kornev et Alekseï Noujny. Il nous parle ici des raisons du succès de son film et de la stratégie mise en place par l'Etat russe pour promouvoir le cinéma russe et pour contrecarrer l'hégémonie du cinéma américain. Ecoutons-le. Quel sens donnez-vous à ce festival? Ce festival, organisé dans le cadre des échanges culturels, nous aidera à promouvoir notre cinéma. Le 7e art, étant un langage universel, nous permettra également de faire connaître la nouvelle culture russe. En cette époque de mondialisation, il est important d'entretenir la diversité. Face aux Américains qui dominent et accaparent 80% de nos écrans, nous devons de préserver notre identité cinématographique et de la montrer. Le public saura ainsi qu'il n'y a pas que Titanic et Avatar. A-t-on besoin, dans ce cas, de mettre les films russes en compétition entre eux, dans un pays étranger? Ce festival, qui a lieu en Tunisie et qui en est à sa troisième édition, commence à peine à être connu. La plupart de nos cinéastes aussi. Ils sont jeunes, talentueux et ils ont besoin d'être vus et jugés, aussi bien en dehors que dans leur propre pays. Les prix qu'ils gagneront, éventuellement, auraient une valeur symbolique. Même si le jury est parfois plus nombreux que le public? Peu importe! Nous comptons beaucoup sur le bouche à oreille. Nous ne sommes pas pressés. Quelle est la situation du cinéma russe, actuellement? Ces dernières années, nous produisons en moyenne de 50 à 60 films par an. Grâce à un nouveau programme mis en place par le gouvernement, nous recevons, depuis deux ans, une aide pour les sujets traitant du social. C'est ce qui a provoqué l'émergence d'une nouvelle génération de cinéastes préoccupés par les maux de leur société et qui ont une vision du monde et une esthétique différentes. Comment se fait la sélection des films proposés pour l'aide à la production? Comme partout, sur présentation du scénario. Ce dernier doit être très bien écrit. Il y a également une autre commission qui décide des scénarios susceptibles de réussir sur le marché et qui méritent qu'on y mette le paquet. On a misé, par exemple, sur Les mamans qui a déjà empoché 12 millions de dollars au box-office. Tant que ça? La deuxième partie du film a rapporté beaucoup plus : 15 millions de dollars. Quel est, selon vous, le secret de la réussite de Les Mamans? C'est une comédie mélodramatique qui a su gagner l'adhésion des spectateurs, en traitant de la relation enfants-parents et en rendant, en même temps, hommage à la femme avec beaucoup d'amour et de générosité. J'aime ce film où je suis le deuxième producteur et où j'ai un tout petit rôle. Y a-t-il d'autres films qui ont aussi bien réussi, commercialement? Oui, il y en a : Metro, Dokhless... Ceci concerne le marché local, qu'en est-il du marché international? Le cinéma russe est comme Cendrillon. Il a une méchante belle-mère qui s'appelle le cinéma américain et qui l'empêche, jusque-là, de s'épanouir. Mais il y a un happy end dans ce conte de fées qu'est Cendrillon, n'est-ce pas? Certes. Espérons qu'un jour, le cinéma russe aura la place qu'il mérite. Mais cela ne se fera pas d'un coup de bâton magique. Filmographie 2011 - Les Mamans [fiction, 103 mn] 2010 - Au jeu 2 [fiction, 97 mn] 2009 - Au jeu [fiction, 87 mn] 2008 - Messieurs les officiers. Sauver l'empereur [fiction, 105 mn] 2008 - Chant des mers du sud [fiction, 84 mn]