Par Abdelhamid Gmati Semaine difficile pour le président de la République qui a dû essuyer nombre de critiques acerbes, suite à ses propos tenus à l'étranger. Il a même fait l'objet, fait unique dans l'histoire du pays, à une motion de censure à l'ANC réunissant le nombre de voix nécessaires pour être soumise au vote. Selon un sondage récent, 67% des répondants désapprouvent les déclarations du président au sujet de l'opposition et des laïques. Mais M. Moncef Marzouki ne perd pas son sang-froid et estime que la motion de censure n'est qu'un acte «burlesque» de l'opposition estimant que ce «n'est qu'un tissu de mensonges» et que l'opposition ferait mieux de s'investir dans la résolution des réels problèmes économiques et sociaux. Cela veut dire que le président se tient au courant de ce qui se passe en Tunisie et à l'étranger et qu'il continue sa tâche en pensant à de nouvelles idées, à de nouvelles décisions, pour le bien du pays et de ses concitoyens, même s'il reste discret. Ainsi des sources, non encore identifiées, laissent filtrer quelques bribes d'informations concernant les projets présidentiels. De son séjour en France, en juillet dernier, où il a été reçu dignement avec son épouse (que les Tunisiens ne connaissent pas encore), il a ramené une idée. Apprenant que le président français se propose de quitter, en 2014, le palais de l'Elysée, siège emblématique de la présidence de la République pour une résidence moins fastueuse, plus moderne et plus proche de la population, M. Marzouki envisagerait d'en faire de même. Il quitterait le Palais de Carthage, trop coûteux, trop imposant, pour une résidence plus modeste et plus accueillante. Reste à la trouver : d'aucuns pensent à l'un des palais du bey, mais il faudra procéder à une rénovation et il faudra faire vite. Cela permettra de faire des économies substantielles. Une autre idée est avancée : soucieux de la détérioration du pouvoir d'achat des Tunisiens et voulant donner l'exemple, il consentirait à restreindre son train de vie, à limiter ses voyages à l'étranger et même à réduire son salaire. Il suivrait en cela le président américain qui, par solidarité avec son peuple subissant des coupes budgétaires, déduit 5% (l'équivalent des restrictions) de son salaire qu'il verserait au Trésor public et non pas à des organismes inconnus. On aura compris que ces «nouvelles» sont dénuées de tout fondement et que ce ne sont que des «poissons d'avril» émis par des farceurs qui veulent plaisanter un peu en traduisant quelques vœux cachés mais pieux. Ce ne sont pas les seuls. Ainsi cette nouvelle relayée, le 1er avril dernier, par plusieurs médias faisant état du limogeage de la ministre controversée Mme Sihem Badi. Bien sûr, un démenti officiel vint rétablir les faits et la Dame est toujours ministre en dépit d'une motion de censure. De même le mandat d'arrêt émis à l'encontre d'un dirigeant de la LPR du Kram. Il s'avéra que ce n'était qu'un poisson d'avril offert par un journal en ligne. On n'en croyait pas nos yeux lorsqu'un autre journal électronique annonça que le mouvement Ennahdha avait décidé de quitter le pouvoir. Bien sûr, ce n'était qu'une blague, ce mouvement ayant prouvé à maintes reprises son attachement au pouvoir coûte que coûte et qu'il ne le quitterait que contraint et forcé. L'altercation diffusée par une chaîne télévisée très populaire entre un animateur et un contradicteur s'avéra mise en scène et présentée en guise de blague. D'aucuns ont présenté sous forme de blague leur souhait de voir les élus consentir une baisse de leurs salaires et indemnités de 10%, comme participation à l'effort national de réduction du déficit, à l'instar de certains élus français. Dans la même veine, le scandale qui a amené un ministre français à démissionner parce qu'il avait un compte en Suisse et ne payait donc pas ses impôts dans son pays a inspiré certains plaisantins tunisiens qui auraient aimé que nos dirigeants (ministres et élus) qui possèdent des entreprises et des comptes à l'étranger les déclarent et paient ici leurs impôts, surtout qu'ils ne cessent de dénoncer la fraude fiscale. En principe, lorsqu'un ministre est nommé, une commission devrait étudier son patrimoine. Il est toujours permis de rêver même sous forme de canular. Il ne faut pas croire que nos dirigeants ne sont pas farceurs : ils en proposent tous les jours. Ainsi, un député CPR vient de déclarer le plus sérieusement du monde que le principe de la séparation des pouvoirs est dépassé et qu'il est usuel que l'exécutif intervienne dans la justice. Ben Ali s'en trouve conforté, lui qui a utilisé la justice et d'autres institutions pour asseoir sa dictature. Chassez la dictature, elle revient au galop ! On pourrait s'interroger sur la raison de revenir sur le «poisson d'avril», une semaine après le 1er avril. C'est simple: chez nous et depuis un certain mois d'octobre 2011, tous les jours sont des poissons d'avril, concernant la rédaction de la Constitution, les institutions indépendantes, la lutte contre le chômage et la pauvreté, la situation socioéconomique, le développement régional, etc. Au point de parler de «poisson d'octobre». A rappeler qu'en arabe, «poisson d'avril» se dit «mensonge d'avril».