Depuis la révolution, la fête du Travail prend une signification toute particulière. Tous les pays du monde qui luttent contre l'exploitation abusive de la classe ouvrière et le capitalisme sauvage. En ce 1er mai 2013, travailleurs et chômeurs se sont donné rendez- vous pour crier haut et fort le droit à l'emploi et à la dignité. L'avenue Bourguiba, fermée à la circulation routière, à l'exception d'un long cortège de véhicules policiers venu défiler. A la place Mohamed-Ali, la centrale syndicale fait la fête à sa manière. Un flux massif d'hommes et de femmes, de jeunes et moins jeunes s'étaient, ainsi, rassemblés au siège de l'Ugtt, pour dénoncer une situation socio-professionnelle en crise. Bannières, drapeau national et banderoles ont été brandis pour défendre mille et une causes à vocation multiple. Ils ont appelé à l'indépendance de la justice et des médias, en tant que garants d'une véritable transition démocratique, faisant valoir que la dignité des travailleurs dépend de celle de la patrie. Et que l'emploi est un attribut social qui ne supporte aucune surenchère politique. «Vive la révolution, force motrice d'évolution et de revendications. Ne touche pas à mon Ugtt, au droit syndical et à celui de grève», voilà donc le mot d'ordre auquel s'attachent énormément les syndicalistes et les sympathisants de l'organisation ouvrière. Le secrétaire général de l'Ugtt, M. Hassine Abbassi, a insisté sur la constitutionnalisation de tous ces droits. Lors de ce grand meeting populaire, son discours a été perçu comme dépositaire de toutes les préoccupations de la société et fer de lance de la stabilité politique et économique. L'accent a été donc mis sur des palliatifs et des alternatives pouvant rétablir la situation et redonner un tant soit peu la confiance en les jours et mois à venir. Poursuivant l'analyse des indices, le S.G., applaudi à maintes reprises, a dressé une liste de solutions portant sur la poursuite des négociations sociales, la régulation des dossiers des blessés et martyrs de la révolution, la lutte contre la contrebande, la dissolution des ligues de protection de la révolution, la vérité sur l'assassinat de Chokri Belaïd et l'investissement public et privé dans les régions. Politiquement, il a appelé à réactiver l'initiative de son organisation sur le dialogue social et l'organisation d'un congrès national contre la violence. Des ballons aux couleurs nationales ont été lâchés haut dans le ciel. Un premier coup pour donner le signal d'une marche pacifique longeant l'avenue Bourguiba pour atteindre la Bourse du travail. Entre-temps, d'autres manifestations se sont croisées sur fond d'une mêlée d'idées et d'intérêts. De leur côté, les sympathisants du Congrès pour la République avaient affiché une opposition hostile à leurs rivaux politiques, notamment ceux issus du Front populaire et les amis du leader Hamma Hammami. Les CPRistes ont voulu ainsi émettre des critiques à l'encontre de leurs partenaires au pouvoir, mais aussi à certains de leurs adversaires. Ils n'ont pas cessé d'appeler à l'immunisation de la révolution, brandissant d'autres slogans provocateurs, ce qui a entraîné des accrochages avec les jeunes du Front populaire, poussant certains agents de sécurité à intervenir pour calmer le jeu. De l'autre côté de l'avenue, la marche de l'Ugtt poursuit, à pas sûrs, son itinéraire. Et les cris d'acclamation à n'en plus finir. A la Bourse du travail, l'ambiance était festive. Les déclarations des uns et des autres fusaient de partout. Autant de cercles de discussions ont été instaurés ici et là. Un nombre de citoyens venait pour demander à certains politiques et constituants un éclairage de la situation dans laquelle sombre tout le pays. Une vieille femme tunisoise de 74 ans y était présente pour lancer autant de critiques virulentes au gouvernement de la Troïka. Un sentiment de méfiance semble s'emparer des esprits. Des personnes nous ont exprimé leur déception par rapport aux fausses promesses. Moins d'une heure plus tard, la foule s'est dispersée. Finalement, les terrasses des cafés et des restaurants dans la ville ont commencé à absorber les manifestants.