Cela fait belle lurette que l'Etoile n'a pas sorti une rencontre de la qualité de celle qui lui permet de relancer complètement le play-off. Concentration de tous les instants, engagement féroce, une folle envie de relever le défi: l'ESS new-look a largement mérité sa victoire, profitant de l'attitude trop prudente de l'Espérance qui a pourtant été à une poignée de secondes d'assurer le point pour lequel elle s'était déplacée à Sousse. Car en l'absence de Traoui, Mouelhi et Ragued, l'épine dorsale, il aurait été prétentieux de chercher le carton plein. Conduite au milieu par un monstrueux Frank Kom, étonnant d'aisance et de force physique et qui ratissa un nombre ahurissant de ballons, et en attaque par un Dramé qui fit souvent exploser l'arrière-garde d'en face, l'équipe de Lavagne a largement mérité sa victoire, la première face à son vieux rival depuis janvier 2011. Il faut reconnaître que le rythme imposé en première mi-temps et à quelques moments de la seconde a permis à l'Etoile de mettre régulièrement sous pression son adversaire. Ainsi eut-elle la maîtrise de la partie, cependant que l'EST chercha à frapper par des contres (43' Akaichi, 60' Mhirsi, 77' Blaili). Bref, comme le notait si bien le coach français de l'Etoile, cela donna lieu à un match «à l'anglaise», très engagé et où les protagonistes y allèrent à fond et sans retenue. Et c'est encore une fois une balle arrêtée qui décida du sort de ce tournant du play-off. Défense: deux latéraux volants Le 113e classique Etoile-Espérance a proposé deux lignes défensives aux soucis opposés. Chez le champion sortant, le mot d'ordre était de couvrir, harceler, récupérer, marquer l'adversaire...Ainsi ne vit-on jamais ni Derbali ni Chammam apporter leur pierre à l'édifice offensif et créer les dédoublements. En revanche, les déboulés de l'étonnant Brigui côté droit obligèrent Kanzari à replacer Afful sur ce couloir afin d'apporter un coup de main à Chammam. Sur l'autre versant, Ghazi Abderrazak n'hésitait pas non plus à aller créer le surnombre en phase offensive. S'appuyant sur deux latéraux volants, les locaux ont exprimé une plus grande maîtrise collective en attaque qui venait buter sur la complémentarité de la paire Dhaouadi-Yahia et plus généralement sur une arrière-garde sang et or solidaire, rugueuse et qui ne sera prise à défaut que sur une balle arrêtée, sur la dernière action de jeu. Le milieu étoilé, malgré la fausse-note Ben Messaoud Les Sang et Or étaient trop diminués au milieu malgré tout le courage et la bonne volonté de Naghmouchi,18 ans, et le dynamisme d'Afful et de Awadhi. Chehoudi n'entra presque jamais dans la partie, et fut remplacé à la 43e minute par un Mhirsi qui donna davantage de profondeur. D'ailleurs, sans une parade phénoménale de Mathlouthi, il aurait pu ouvrir le score à l'heure de jeu. En face, la ligne médiane étoilée débordait de vigueur, de puissance et de vivacité: Kom a donné un récital en plaque tournante, à l'axe du milieu. Bellakhal a relayé et relancé à l'envi (tir canon péniblement renvoyé par Ben Cherifia 39', détente phénoménale pour s'arracher et détourner le centre de Sassi sur le but de la victoire). Namouchi a rappelé à certains moments le grand demi qu'il fut du temps du Glasgow Rangers. Seule fausse-note: Bilel Ben Messaoud parut manquer de rythme et de compétition, ce qui lui fit rater un nombre incalculable de transmissions. Son remplacement, à la 64e par Jaziri aurait dû intervenir beaucoup plus tôt.L'ESS profita du reste du bloc très bas adverse pour établir une domination incontestable sur cette zone. Attaque: Drame-Sassi, un tandem de choc Blaili nettement moins saignant que d'habitude, Akaichi s'essoufflant dans de longs raids solitaires face à des centraux de métier (Falhi et Boughattas): l'attaque tunisoise connut une après-midi de frustrations et de regrets même si elle hérita de deux ou trois nettes occasions de scorer. Par contre, on vit beaucoup plus le virevoltant Drame Michailou et Mossaâb Sassi. Le premier effectua une première période de tonnerre, mettant au supplice Derbali, averti dès la 5' et Dhaouadi. Ce Malo-Burkinabe de 21 ans avait explosé contre le SGabésien (victoire 6-1) en réussissant un doublé. Il était question d'un prêt l'hiver dernier chez le voisin de Hammam-Sousse. Depuis, l'Etoile garde son joyau comme on garde un trésor. Quant à Sassi, ses raids, ses crochets et surtout ses coups-francs et frappes travaillés ont mis en danger l'adversaire. Jusqu'à la fatidique 96e minute et ce coup franc obtenu par Drame à 31 mètres de la cage espérantiste. Le plat du pied rentrant de Sassi est dévié par Bellakhal pour le but de la délivrance étoilée. Et de la relance de la course au titre. Si Lassaâd Jaziri arrive à retrouver son meilleur niveau, on ne parviendra sans doute plus à arrêter l'attaque étoilée dans la suite de la saison.