Le coordinateur général d'Al Qotb, Riadh Ben Fadhl, a annoncé, hier lors d'une conférence de presse, que son parti vient de rejoindre le Front populaire. «Nous avons choisi de rejoindre le Front populaire, a-t-il déclaré, qui a accepté de se restructurer en permettant aux gens d'y adhérer directement indépendamment de leurs orientations politiques». Et d'ajouter : «De ce fait, on verra plusieurs autres partis, associations et autres gens rallier le Front qui a opté pour la diversification tout en restant sur un projet sociétal démocratique et progressiste. Le Front, en tant qu'entité vivante et non pas renfermée sur soi, reste ouvert à toutes les forces progressistes. Notre parti (Al Qotb) vient renforcer cette diversification. On dit qu'Al Qotb est élitiste et non populaire. Je dirais que l'expérience d'avant le 23 octobre 2011 du Pôle démocratique moderniste nous a permis de prendre des leçons de cet élitisme et aujourd'hui nous faisons plus de terrain à travers le porte-à-porte et autres méthodes, coupant court à cette image d'élitisme traditionnel». Riadh Ben Fadhl a expliqué que son parti appartient à la famille moderniste et notamment la famille de gauche démocrate, ce qui rend, d'après lui, les orientations politiques du Front populaire les plus proches de celles de son parti. Les discussions entre Al Qotb et le Front, a-t-il souligné, ont débouché sur des consensus concernant l'initiative d'une coalition nationale de salut, notamment à propos des dossiers de la violence et de la Constitution. Par ailleurs, «Kolna Tounes», «Réseau Doustourna» et bien d'autres composantes de la société civile sont en cours de tractations avec le Front populaire en vue d'y adhérer, apprend-t-on de sources proches du Front. Front populaire-UTP, des consensus en gestation Ben Fadhl est revenu sur ce qu'il a appelé une «campagne de diffamation contre Hamma Hammami». Il a indiqué, en guise de solidarité avec le leader du Front, que c'est une attaque soutenue par Ennahdha et ses alliés. «Pour notre parti Al Qotb, nous n'avons pas de problème existentiel avec le projet politique islamique sauf que nos différends avec Ennahdha sont d'ordre politique et idéologique puisque leur projet ouvre la voie à la violence politique. Dans ce sens, nous appelons la Troïka à assumer ses responsabilités historiques et arrêter de prôner le double langage. Aussi, nous appelons toutes les forces politiques à adhérer à la conférence nationale contre la violence en ayant un seul discours loin des calculs politiques alors que pour certains c'est, dores et déjà, la campagne électorale. Pour nous, c'est un projet sociétal que nous entreprenons visant à réaliser les objectifs de la révolution, notamment en matière de démocratie. La problématique actuelle de la Tunisie est plutôt culturelle, politique et sociétale», a-t-il enchaîné. Ben Fadhl a insisté sur la question qui se présente en tant qu'existentielle pour la révolution d'après le Front populaire à savoir : «Qui a tué Belaïd ?». Pour conclure, il a souligné l'importance de l'élargissement de la coalition nationale de salut, indiquant que des points de convergence ont émané des discussions avec l'Union pour la Tunisie, dans ce sens. Souhaitant la bienvenue au Qotb, Hamma Hammami a souligné qu'il n'y a pas de conditions requises pour adhérer au Front : «C'est une question de programme», a-t-il expliqué. «Avec l'Union pour la Tunisie, qui a affiché sa réactivité avec l'initiative d'une coalition nationale de salut, on est en train de négocier plusieurs questions. Notre position est claire quant à la loi d'immunisation de la révolution, puisque pour nous le jugement de ceux qui ont commis des crimes contre le peuple doit être fait dans le cadre d'une justice transitionnelle équitable et transparente pour enfin savoir la vérité. Cette loi d'immunisation de la révolution n'est qu'une méthode de règlement de comptes politiques», a ajouté Hammami en s'attaquant à la Troïka la qualifiant de contre-révolutionnaire et de créatrice de climat de violence. «Le conflit avec Ennahdha est un conflit de programme qu'elle n'a pas, et non pas d'identité comme elle veut le dissimuler», a-t-il spécifié.