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Une guerre mondiale en Syrie
Je reviens du Cham
Publié dans La Presse de Tunisie le 17 - 06 - 2013

Par notre envoyé spécial à Damas Soufiane Ben Farhat
Les plus grandes manœuvres militaires des dix dernières années au Proche-Orient ont eu lieu au sud de la Jordanie, dès le 15 mai 2013. Quelque 12 mille soldats de 19 pays, Américains en prime, y ont pris part. Troupes françaises, britanniques et celles des pays arabes pro-occidentaux n'étaient guère en reste. La dénomination de ces manœuvres «Lion en alerte», ou «El-Assad El-Mutaahhib» résume tout. Elle rappelle immanquablement le nom du président syrien Bachar El-Assad. Une répétition générale de la future intervention du corps expéditionnaire américain et de ses alliés et satellites en Syrie en somme.
A Damas, pourtant, le moral du commun des citoyens ne traîne pas au ras du sol. Les dernières contre-offensives de l'armée arabe syrienne autorisent les espoirs les plus raisonnés. Le 5 juin, la ville d'Al-Qousseir tombait aux mains de l'armée régulière, épaulée par les combattants du Hezbollah libanais. Dans plusieurs villes syriennes, des explosions de joie ont suivi l'annonce tonitruante de la prouesse militaire.
Au bout d'une année de siège d'Al-Qousseir, les troupes loyalistes s'y étaient introduites côtés sud, est et ouest dès le 19 mai. D'âpres combats de rue s'ensuivirent, rue par rue, maison par maison. Elles durèrent 18 jours. Le Hezbollah y consentit même de lourdes pertes aux dires des sources de la rébellion armée, des Américains et des responsables israéliens.
Située à la frontière libanaise, Al-Qousseir s'avère stratégique. Elle permettait l'afflux d'armes et d'argent du pays du Cèdre. Elle assure aussi la ligne ininterrompue d'approvisionnement, armes et bagages, vers le Rif-de-Homs, Alep et les régions côtières de Lattaquié et Tartous. La rébellion armée est encore à l'œuvre au Rif-de-Homs et ses hameaux et dans les environs d'Alep, en sus des retranchements frontaliers dans la province d'Arraqa et de Dir-Ezzour. Depuis, on observe la progression vers Alep des troupes gouvernementales. Elles préparent un assaut majeur contre cette ville du Nord syrien, plus grande que Damas.
En fait, les manœuvres militaires occidentales en Jordanie et la percée de l'armée syrienne à al-Qousseir ne sont guère fortuites. Elles préfigurent, sur le terrain, les tractations escomptées en vue de la conférence de paix de Genève, réunissant tous les belligérants, y compris Israël.
L'histoire est édifiante à ce propos. En 1954, l'armée française subissait la cuisante défaite de Diên Biên Phu face au Vietminh du général vietnamien Giap. La France y avait perdu 12 mille hommes. A la signature de l'armistice, la France dénombrait ses pertes : 92 mille tués et 114 mille blessés, en plus de 3 mille milliards supportés par le budget. On organisa une conférence à Genève en vue de régler les questions asiatiques, particulièrement celles de Corée et d'Indochine. Le Vietminh y eut la part belle.
A l'issue des travaux, le général américain Bedell Smith eut cette réflexion : «Lorsqu'on analyse les résultats de la conférence de Genève, il est bon de se rappeler que la diplomatie est rarement en mesure de gagner à la table de conférence ce qui n'a pu être gagné ou obtenu sur le champ de bataille».
La percée stratégique d'Al-Qousseir
Avec le coup d'Al-Qousseir, les Syriens ont réussi une véritable percée stratégique. Depuis, les pays occidentaux sont furieux. Ils ne s'y attendaient pas. Et à Genève, ils devraient faire avec. La réalité du terrain chamboule les stratagèmes diplomatiques.
Les Etats-Unis d'Amérique, la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne broient du noir. Israël, l'Egypte, le Qatar, l'Arabie saoudite et la Turquie fulminent. Ils invoquent désormais l'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien. Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, n'a pas pu se retenir. Il a demandé le 12 juin à la communauté internationale d'arrêter la progression vers Alep des troupes syriennes : «Il faut qu'on puisse arrêter cette progression vers Alep. Il faut un rééquilibrage (entre les troupes du régime et la rébellion) parce qu'au cours des dernières semaines, les troupes de Bachar Al-Assad ont regagné un terrain considérable...Bachar a utilisé de façon scandaleuse les armes chimiques. Il faut qu'on l'arrête parce que, s'il n'y a pas de rééquilibrage sur le terrain, il n'y aura pas de conférence de la paix à Genève car l'opposition n'acceptera pas d'y venir. Or il faut une solution politique».
Pour l'instant, on menace sérieusement. Les Américains envisageraient d'imposer une zone d'exclusion aérienne de 40 km dans les profondeurs du territoire syrien. Ils utiliseraient à cette fin des chasseurs F-16 ou des missiles Patriot, basés en Jordanie. Les Français et les Britanniques les épauleraient volontiers via les bombardiers Eurofighter et les avions Harrier. Les bombardiers israéliens demeurent en appui, en stand by.
De son côté, Salim Idriss, commandant en chef de l'Armée syrienne libre (ASL), a appelé il y a peu ses mentors et soutiens occidentaux à fournir à ses troupes des armes antichar et des missiles de défense aérienne. Il a bien précisé que cela leur sera fort utile pour résister aux assauts de l'armée régulière attendus à Alep : «Si nous pouvons nous entraîner et si nous avons assez d'armes et de munitions, je pense que ce n'est qu'une question de temps, six mois, peut-être moins, peut-être plus, pour faire chuter le régime», a-t-il dit.
Géopolitique à l'œuvre
Quant à Serguei Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, il a prévenu solennellement les Etats-Unis. A l'en croire, ils commettraient une «violation du droit international» s'ils recouraient aux chasseurs F-16 ou aux missiles Patriot, basés en Jordanie, pour imposer une zone d'exclusion aérienne.
C'est dire qu'en Syrie, les considérations géopolitiques sont aux rendez-vous. D'un côté, la rébellion armée composée essentiellement de l'Armée syrienne libre (ASL) et du Front Ennosra, inféodé à Al-Qaïda, appuyés par une coalition internationale. Celle-ci regroupe les Américains, les Européens de l'Ouest, la Turquie, l'Arabie saoudite, le Qatar, l'Egypte et Israël. Tous s'accordent politiquement et s'allient militairement pour le renversement du régime syrien.
De l'autre côté, la Syrie a réussi à mobiliser un front large réunissant l'Irak, l'Iran, le Hezbollah libanais, la Russie et la Chine. Paradoxalement, ce second front est plus compact que le premier. Et il ne laissera pas le premier agir en toute liberté ou en toute impunité en Syrie.
Disons-le clairement. Il y a bien le risque d'une conflagration générale, d'une guerre mondiale en Syrie. Israël et les pays occidentaux focalisent depuis des décennies sur la Syrie. Pour y parer, les subterfuges diplomatiques dont les Damascènes ont eu de tout temps le secret ont tissé une véritable toile d'araignée. Passe encore pour les Russes. Ils appuyèrent le régime syrien dès 1970 après la rupture entre l'Egypte et l'Urss. La Chine aspire elle aussi à une vocation méditerranéenne via une continuité géographique qui du corridor du Wakhan en Afghanistan transite par l'Afghanistan, l'Iran, l'Irak et la Syrie. Et depuis que les Américains ont quitté l'Irak, les Iraniens y sont les maîtres du jeu. Et les Syriens ont réussi à entretenir une relation stratégique indéfectible avec le régime iranien depuis 1979. Ce dernier a promis d'ouvrir l'enfer à la face d'Israël ou des pays occidentaux s'ils s'avisaient d'attaquer le régime de Damas.
Le général Charles de Gaulle avait écrit un jour: «Vers l'Orient compliqué, je volais avec des idées simples. Je savais qu'au milieu de facteurs enchevêtrés, une partie essentielle s'y jouait. Il fallait donc en être».
Aujourd'hui, l'Orient est plus compliqué et complexe que jamais. Et il en faut plus que des idées simples. Certes, une partie essentielle s'y joue. L'avenir de la nation arabe risque d'y basculer dans une longue nuit, comparable à celle des conquêtes coloniales.
On y concocte une sinistre partition. Celle de la guerre. Israël et la Turquie y jouent les premiers violons. Leurs calculs et agendas sont clairs, nets et précis. Et les Arabes y figurent comme des supplétifs, des goumiers ou de simples comparses. Les éternels dindons de la farce. Les dupes de l'histoire. Quoiqu'ils fassent, ils feront toujours partie du butin. Ou des dépouilles. Comme à l'issue de la Première et de la Seconde guerre mondiale. Pour se donner bonne conscience, ils friment, font comme si, campent les premiers rôles fictifs, alors qu'ils ne sont que des seconds couteaux. Les véritables épicentres du pouvoir sont ailleurs.
Tout au plus jouiront-ils du privilège de l'uniforme. A l'issue de la Première guerre mondiale, Fayçal rend visite au roi George V à Londres. Le colonel Lawrence (le fameux Lawrence d'Arabie) l'accompagne, vêtu en arabe. Un fonctionnaire du palais se montre choqué par cet accoutrement. Lawrence le cingle en disant : «Lorsqu'on sert deux maîtres, n'est-il pas juste de porter la livrée du plus faible !»...
(Demain (III) Les Arabes dans la tourmente)


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