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La plante CPR risque effectivement de brûler
Entretien - Hédi Ben Abbès, porte-parole du CPR et conseiller diplomatique du président de la République provisoire
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 06 - 2013

Comme dans tous les partis, il y a au CPR une branche conservatrice, une branche moderniste et une branche entre les deux. Je pense qu'il y a un courant conservateur qui est en train de prendre le dessus et créer un déséquilibre. Et il est de mon devoir en tant que membre politique, qui a envie que son parti puisse prendre la place qu'il mérite, de dire là il y a un déséquilibre, il faut redresser la barre.
Est-ce que le CPR a révisé sa position sur la loi de l'immunisation de la révolution ou y tient-il encore?
Le CPR n'a pas encore arrêté une position définitive quant au détail de ce projet de loi. En revanche, il a une position claire par rapport à ce projet de loi lui-même qu'il veut défendre et faire passer à l'ANC. C'est là la position officielle du CPR.
Pour ma part et ça n'engage que ma personne, je trouve que ce projet de loi arrive trop tard.
J'étais parmi les défenseurs de ce projet de loi aussi bien au début, avant même de concevoir le projet, qu'après l'avoir déposé en avril 2012.
A l'époque, c'était une manière de s'inscrire dans la révolution et dans ce qu'elle exigeait. Aujourd'hui, j'estime que le projet de loi est contre-productif.
Pourquoi contre-productif?
Il est contre-productif parce que tout est question de timing, le paysage politique en Tunisie change. Quand on l'avait déposé, Nida Tounès n'existait pas. Aujourd'hui il existe et ce n'est plus un seul parti, puisqu'il s'inscrit dans un front qui comporte plusieurs formations.
Par conséquent, ce projet de loi risque d'être interprété comme une manière d'exclure un adversaire politique. Quand on l'avait déposé, l'intention n'était absolument pas celle-là.
Ce parti n'existait même pas dans l'esprit de ceux qui l'ont créé par la suite. Or, je trouve que la donne politique a changé. On peut passer par la justice transitionnelle puisque le mécanisme est déjà mis en place et je ne crois pas qu'il faille aujourd'hui donner un argument électoral supplémentaire à Nida Tounès ou n'importe quel parti qui serait concerné par ce projet de loi.
Mais d'aucuns pensent que ce projet de loi de l'immunisation de la révolution cible l'élimination des adversaires politiques, et notamment Nida Tounès?
L'esprit c'était de dire à ceux qui ont participé de manière significative à l'installation de la dictature, à la mise en place de la chape de plomb qui a sévi pendant 23 ans, leur dire qu'il faudrait se mettre un peu en retrait le temps que les institutions démocratiques puissent être mises en place. C'était ça l'esprit. Aujourd'hui pourquoi je change d'avis, c'est parce que la donne politique a changé et qu'il y a une formation qui incarne, du moins en partie, l'ancien régime et qui se trouve dans une situation qui risque de la faire passer pour une victime. Or, cette victimisation n'est pas politiquement productive à mes yeux.
Quand vous dites l'adversaire n'existait pas, c'est comme si la loi ciblait exclusivement cet adversaire politique et a été faite pour lui comme si les autres partis n'étaient pas des adversaires politiques ?
L'adversaire s'est constitué après le projet de loi. Je parle de la formation qui a intégré une partie de l'ancien régime en son sein. Et de ce fait, c'est lui qui est venu à l'encontre de ce projet de loi et non l'inverse. On n'a pas fait ce projet de loi pour contrer un parti mais c'est lui qui est venu en opposition.
Mais d'autres partis comme Al Moubadara de Kamel Morjane et Al Watan de Mohamed Jegham qui avaient intégré l'ancien régime existaient avant ce projet de loi ?
Les personnes ciblées existent dans plein d'autres partis.
Dans la Troïka peut-être ?
Oui... de toute façon si cette loi devait s'appliquer elle le serait de manière non discriminatoire, cette loi s'appliquerait à tous les partis politiques dès lors qu'on identifie des personnes dans des partis politiques qui rentrent dans le cadre de cette loi.
Par conséquent, parler d'une loi faite sur mesure pour éliminer un adversaire politique, ce n'est pas vrai et ce n'est pas l'esprit à partir duquel ce projet de loi a été proposé par le CPR le 14 avril 2012.
Comment expliquez-vous la position de Aziz Krichen, conseiller politique du président Marzouki et membre du bureau politique du CPR, qui a déclaré, mardi dernier, à l'occasion du lancement de la «Coordination des forces de la révolution» qu'Ennahdha considère la loi sur l'immunisation comme un moyen d'éliminer un adversaire politique qui a pris de l'ampleur et non comme une affaire de principe.
Est-ce une opinion personnelle ou bien cela engage-t-il le CPR ?
Je ne peux pas non plus parler au nom de Aziz Krichen mais je pense qu'il s'agit de son point de vue personnel. Raison pour laquelle le parti doit arrêter des positions claires. Le prochain conseil national du CPR qui aura lieu à la fin de ce mois clarifiera tous ces points-là, donc le parti sortira avec des positions claires sur le projet de loi de l'immunisation de la révolution ou même d'autres questions fondamentales qui se posent sur la scène politique tunisienne. Exemple : notre position par rapport aux condamnations récentes du rappeur Weld El 15.
Il va falloir donc que le parti arrête des positions en parfaite osmose et corrélation avec les principes fondateurs.
Nous sommes un parti qui accorde une importance capitale aux libertés individuelles et collectives et quand des questions de ce genre se posent le parti se doit de définir sa position en fonction des principes fondateurs.
Etes-vous encore d'accord avec la déclaration de Aziz Krichen concernant la Troïka à laquelle il reproche de ne pas avoir «démantelé l'ancien régime, ni construit un nouveau», indiquant «qu'elle n'est bonne qu'à mendier auprès des bailleurs de fonds mondiaux et qu'elle ne représente pas la révolution et qu'il ne voit que très peu de révolutionnaires dans les partis de la Troïka».
Est-ce la position du CPR ou est-ce encore un point de vue personnel ?
Encore une fois, vous me demandez le point de vue d'un collègue et ami. Il est évident d'un point de vue analytique que ce qui a été fait en termes purement révolutionnaires, c'est-à-dire le changement radical du système n'est qu'à ses débuts. Nous sommes au début du processus.
Et il est évident que la transition ne fournit pas un espace politique propice à ce genre de changement, dès lors qu'on n'a pas eu peut-être l'audace de prendre les mesures nécessaires dès les premiers mois de la révolution, et c'est souvent au début que les choses se décident et ce n'est pas à l'arrivée du nouveau gouvernement, le 23 octobre 2011, qu'il fallait annoncer le changement.
Les mesures révolutionnaires n'ont pas été prises à temps, nous ne sommes qu'au début du processus et il incombe réellement au prochain gouvernement élu d'introduire les réformes profondes du système, sans lesquelles on ne peut pas parler de révolution.
Est-ce que la Troïka existe toujours à vos yeux, car plusieurs observateurs politiques et même des personnes qui en font partie affirment qu'elle est «en miettes»?
Une coalition se construit sur deux éléments: un élément de forme et de structure et un élément de fond. J'estime que la Troïka existe de manière formelle mais, sur le fond, elle ne s'est pas élevée au niveau souhaité. C'est-à-dire au niveau d'un véritable exercice collectif du pouvoir.
Dans votre opinion parue le 19-06-2013 sur les colonnes de La Presse et intitulée: «CPR: s'affirmer ou disparaître», vous affirmez que «le CPR subit aujourd'hui l'assaut d'une branche qui tente de couper toutes les autres à la recherche de l'homogénéité destructrice». Quelle est cette branche qui veut imposer son hégémonie ?
En fait, il faut comprendre et connaître la structure du parti et les principes fondateurs du parti. Le concepteur, le Dr Moncef Marzouki, a voulu faire un parti qui ressemble à la Tunisie et qui réconcilie les différents courants que comporte la Tunisie. Autrement dit concilier le conservateur avec le moderniste, le centriste et créer une espèce d'osmose entre toutes les composantes.
L'idée est tellement belle mais aussi fragile, car il faut maintenir cet équilibre à l'intérieur du parti et qu'à chaque fois qu'il y a un déséquilibre, il faut tirer la sonnette d'alarme. Et mon article visait cela parce que nous sommes au CPR dans une phase de creux où il y a un déséquilibre.
J'ai tiré cette sonnette d'alarme parce que je crois encore en ce parti, parce que je pense qu'il a un rôle dans les équilibres politiques dans le pays. Nous souhaitons éviter la bipolarisation de la scène politique.
Pour ce faire, il faut qu'il y ait une force politique centriste capable d'incarner la tunisianité et ce que la majorité des Tunisiens souhaitent avoir un pays qui concilie les différents fragments.
Un parti capable de faire conjuguer le conservatisme, quel que soit son bord, y compris le conservatisme religieux avec le modernisme et qu'il n'y ait plus de clivage sauf pour créer des idées pour avancer.
Mais quelle est cette branche ?
Comme tous les partis, il y a une branche conservatrice, une branche moderniste et une branche entre les deux. Je pense qu'il y a un courant conservateur qui est en train de prendre le dessus et créer un déséquilibre. Et il est de mon devoir en tant que membre politique, qui a envie que son parti puisse prendre la place qu'il mérite, de dire là il y a un déséquilibre, il faut redresser la barre.
Cette branche est-elle proche de l'idéologie d'Ennahdha ?
Oui, une partie de cette branche est proche de ces idées là et c'est son droit et c'est très bien comme ça. Je ne suis pas là pour exclure. Bien au contraire, je suis pour une démocratie inclusive et cette démocratie inclusive commence à l'intérieur du parti.
Donc qui dit inclusive veut dire nécessairement qu'il existe une partie très conservatrice, une autre moins conservatrice, une partie très laïque, une autre un peu moins, etc.
Mais tous les segments doivent coexister et doivent même être une synergie parce que, dans l'échange des idées, on arrive très souvent à avoir des idées originales et c'est cette fécondité là qui fait l'originalité du parti. Donc, s'il n'est pas dans cet équilibre là, il perd son originalité et donc de sa visibilité sur l'échiquier politique.
Quelle est cette petite branche qui résiste à l'assaut hégémonique et qui envoie de l'oxygène à la plante CPR ?
Je pense qu'il y a une branche qui est restée très attachée aux valeurs du CPR et qui est incarnée par plusieurs personnes.
Comme qui, par exemple ?
Celui qui incarne la parfaite ligne du CPR c'est bien le Dr Marzouki et il l'a rappelé à chaque fois, mais comme il est président de la République, il ne peut pas intervenir directement.
Mais en tant que président d'honneur du parti, il peut arbitrer entre les différentes branches ?
C'est souvent ce qu'il fait, mais de loin. Malheureusement ses fonctions l'empêchent d'intervenir plus souvent.
Au vu de tout ces tiraillements et amputations, n'y a-t-il pas risque de voir mourir la plante CPR ?
La plante CPR risque effectivement de brûler. Mais il y a toujours moyen d'anticiper en criant comme je viens de le faire à travers l'opinion publiée sur La Presse et à travers des questions qui vont être posées lors du conseil national du CPR qui se tiendra vers les 27 et 28 juin.
Est-ce qu'on vous a entendu au CPR ?
Je crois que oui, parce qu'au vu des réactions parfois hostiles et souvent d'ailleurs encourageantes, cela implique que j'ai été entendu.
Vous avez baptisé l'ADN du CPR: tunisianité. Comment définissez-vous cette tunisianité ?
Tunisianité, c'est cette capacité à concilier des points de vue parfois très différents et qu'on se retrouve tous à un carrefour.
Dans un centre névralgique qui nous permet de tourner et qu'il n'y ait pas de cassure. On l'a remarqué pour être plus concret lors des crises que nous avons connues concernant la Constitution, l'assassinat du martyr Chokri Belaïd. A chaque fois, la Tunisie est arrivée au bord d'un gouffre, mais il y a eu ce génie collectif des Tunisiens qui nous a permis de trouver les moyens de nous entendre. Et c'est cette particularité que j'appelle tunisianité. Nous sommes un peuple qui a une histoire dont on ne voit pas de manière très concrète les retombées positives, mais quand on voit la révolution ou en tout cas le soulèvement qui s'est déroulé avec un minimum de dégâts, comparativement aux autres révolutions, on réalise qu'on a réussi à bien s'en sortir. La tunisianité, c'est ça, c'est cette capacité à absorber les différences sans provoquer des cassures. Et il faut qu'il y ait des dirigeants politiques éclairés capables de maintenir en éveil cette capacité d'absorption des chocs et à en sortir plus fort. Le jour où une tendance politique quelle qu'elle soit tenterait de rompre avec cette alchimie vieille de plusieurs millénaires, elle se condamnera elle-même et donc en Tunisie on ne peut pas nous greffer quelque chose qui ne soit pas en osmose avec notre ADN profond.
Etes-vous d'accord avec Aziz Krichen quand il affirme qu'il ne s'agit pas de révolution en Tunisie mais d'une révolte ?
Sur le plan scientifique du terme, je suis d'accord avec lui car, scientifiquement, une révolution implique un chambardement total de l'ensemble des structures de l'Etat. Or, cela ne s'est pas passé ainsi. Par conséquent, on peut dire qu'il s'agit d'une révolution d'un processus qui aboutira, en tout cas je l'espère, à une véritable révolution.
Pensez-vous que tous les partis de la Troïka relèvent de cette tunisianité ?
Oui. Parce que justement chaque parti a pris un segment de la tunisianité et a essayé de le défendre. Or, le CPR a réuni tous les segments. C'est ce qui le rend cible de toutes les attaques qui viennent en même temps de toutes parts.
Parce que le CPR ne défend pas une idéologie mais la Tunisie, la tunisianité. Et quand on défend le syncrétisme on défend l'idée d'une Tunisie rassembleuse.
Il est évident qu'on se met en position à l'égard de ceux qui ont une idée unilatérale et unidimensionnelle de la Tunisie. C'est ce qui fait notre force mais aussi notre vulnérabilité. Puisque nous sommes souvent la cible des uns et des autres.
Le fait que vous lancez un cri d'alarme, dans votre esprit n'y a-t-il pas une intention de quitter la barque ?
Non, parce que quand on lance un cri d'alarme, c'est pour redresser la barre et non pas pour la laisser partir à veau l'eau.
Donc, je fais ça par amour pour mon parti et surtout par amour pour mon pays. Car j'estime que mon parti n'est qu'un outil au service du pays et pas l'inverse, et donc je veux que mon parti soit fort pour qu'il puisse être à même de servir mon pays et le projet démocratique de mon pays. Et pourquoi le CPR parce que, encore une fois, il défend le projet de cette tunisianité et cette Tunisie réconciliée. Donc si le CPR disparaît c'est ce projet-là qui disparaîtra avec lui et mon rêve d'une Tunisie réconciliée disparaîtra avec le CPR. Peut-être y aura-t-il un autre parti qui défendra cette idée mais pour l'instant ce parti-là n'existe pas. Donc, je défends ce parti et tant que j'aurai la force, je le ferai. Le jour où je verrai que mon combat est désespéré, à ce moment-là peut-être, j'envisagerai de partir du CRP.
Donc, concrètement, pensez-vous que le CPR aura le même taux de réussite que lors les dernières élections?
Tout dépendra de la politique et de la position que le CPR prendra les prochaines semaines.
Cela par rapport aux sujets qui se posent et notamment la Constitution, et je salue la position prise par le CPR aujourd'hui sur les éléments fondamentaux dont la Constitution et le combat que mène le CPR pour les libertés, sachant que parmi les éléments que nous essayons de défendre, il y a un élément central qui est les libertés individuelles et collectives qu'elles ne soient pas tributaires et subordonnées à une loi qui serait limitative de ces libertés. Nous ne souhaitons pas qu'il y ait dans la Constitution une loi à même de toucher aux libertés fondamentales. Le deuxième élément c'est l'équilibre entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif. Troisième élément, il faut aussi qu'il y ait un équilibre à l'intérieur du pouvoir exécutif.
Et le quatrième élément, ce sont les lois transitoires qui, pour nous, sont nulles et non avenues.
Par conséquent, nous sommes extrêmement vigilants par rapport à tout ça et nous tenons à ce qu'il y ait une cour constitutionnelle ayant les pleins pouvoirs pour compléter nos institutions démocratiques.
Voilà quatre axes fondamentaux que le CPR défendra à tout prix.
D'autres sujets: notre point de vue sur les dernières condamnations du rappeur Wald El 15, pour le moins disproportionnées, des Femen, etc.
Habib Khedher a déclaré que le projet de Constitution va passer à l'ANC et que le président Marzouki ne s'y opposera pas, est-ce le cas ?
M. Khedher peut dire ce qu'il veut, mais nous avons un point de vue différent sur la question. Nous sommes en train de rédiger une constitution pour la Tunisie qui ne doit avoir aucun rapport avec les partis politiques.
Les partis peuvent disparaître et la Constitution doit rester. Par conséquent, il faut qu'elle soit au-dessus des partis et donc on peut défendre notre point de vue et c'est tout à fait légitime et normal, mais il faut qu'on ne perde jamais de vue qu'il s'agit de la Constitution de la Tunisie.
Et si elle venait à passer dans la mouture actuelle?
Nous allons nous battre politiquement dans le cadre institutionnel et du dialogue pour qu'elle ne passe pas sous cette forme. Si elle passe dans le cadre d'un vote transparent, on se pliera à la loi de la majorité mais je ne crois pas qu'il y ait une majorité puisqu'il faut les 2/3 et je ne crois pas que pour l'avenir de la Tunisie on en arrive là parce qu'il ne faut pas diviser la Tunisie en deux. Nous, on veut rassembler.
Est-ce que Dr Moncef Marzouki va se représenter à la prochaine présidentielle ?
Je n'ai absolument aucune idée parce que c'est une décision très personnelle. En revanche, le CPR souhaiterait avoir M. Marzouki comme candidat. On ne peut pas rêver mieux, mais comme c'est une décision personnelle, on respecte son avis.
M. Mansar a déclaré que si les prérogatives du président demeurent comme elles sont dans la dernière mouture de la Constitution, M. Marzouki ne se représentera pas ?
Il est évident que si les prérogatives du président de la République restent en l'état actuel du projet de Constitution, connaissant le tempérament de M. Marzouki et sa volonté de faire changer les choses si on ne lui donne pas les moyens, je ne crois pas qu'il puisse aller dans un combat perdu d'avance.
Qui selon vous aura le plus de chance de remporter les prochaines élections ?
Moi je crois en les chances de M. Marzouki quand on est intègre et qu'on aime la Tunisie comme il l'aime. Ça je peux le dire en toute tranquillité, quand on est droit comme il l'est, les gens sentent les choses.
Pourtant le CPR et le Dr Marzouki occupent dans le sondage des prochaines élections la dernière place...
Vous savez très bien comment sont les sondages. M. Marzouki a toutes les caractéristiques et les compétences intellectuelles nécessaires pour assumer pleinement ses fonctions pourvu qu'il ait les prérogatives nécessaires. Raison pour laquelle il faut une Constitution qui donne au candidat, quel qu'il soit les possibilités d'exercer le pouvoir pour lequel il fera des promesses à la population.
Il faut voir la réalité en face. Les sondages ne le donnent pas favori, c'est Béji Caïd Essebsi qui arrive en première place pour la présidentielle dans les sondages...
C'est pourquoi si jamais M. Marzouki est candidat, nous devons expliquer, convaincre et c'est pour ça qu'il y a une campagne électorale. C'est pour que chaque candidat défende son point de vue. Aujourd'hui, il est dans ses fonctions de président de la Tunisie. Il n'est pas dans la peau d'un candidat. C'est pour ça que les gens ne savent pas réellement quel est son projet futur pour la Tunisie.
Il doit aujourd'hui veiller à rassembler les gens même quand il n'est pas d'accord. Donc il faut qu'il rassemble.
Pourtant on l'accuse tout le temps d'être en campagne...
Malheureusement, on l'accuse de tous les maux et la plupart du temps et on l'a vu jusqu'à aujourd'hui, toutes les accusations sont fallacieuses.
Mais l'image du Dr Marzouki s'est écornée depuis les précédentes élections...
Oui son image s'est écornée mais, de manière erronée, fallacieuse avec des campagnes de dénigrement systématique non fondées et quand on aura expliqué et démontré à l'opinion publique au sein du parti et à l'extérieur, élément par élément, calomnie par calomnie, le mensonge de son divorce avec sa n'est pas vrai et qu'il s'agit d'une campagne de dénigrement systématique.
Qui est derrière cette campagne de dénigrement contre le président Marzouki ?
Il n'y a pas une seule personne mais des officines derrière tout cela. Les calomnies sont systématiques et irraisonnées et lancées sans la moindre preuve. On a lu sur des sites électroniques que le Dr Marzouki a touché de l'argent moyennant des grâces présidentielles aux prisonniers. Là c'est extrêmement grave et on ne va pas du tout être clément vis-à-vis de cela.
Vous allez porter plainte contre ce site ?
Absolument. Nous avons déjà porté plainte parce qu'il s'agit d'une accusation de malversation trop grave pour qu'on la laisse passer impunément. Et Dieu seul sait le nombre d'accusations que la présidence a reçues. Nous voulions nous tenir à l'écart pensant que les gens font l'apprentissage de la démocratie et de la liberté d'expression, mais dans ce cas-ci, ça touche le fond.
Pensez-vous que le climat sécuritaire vu ce qui se passe à Jebel Chaâmbi est propice à des élections sereines ?
Je crois qu'il faut ramener les choses à leur juste valeur, ce qui se passe à Jebel Chaâmbi est grave en soi mais pas assez pour déstabiliser un pays. De plus, la nécessité d'organiser les élections le plus tôt possible est une nécessité absolue pour l'avenir du pays.
Donc, je pense que tous les partis politiques confondus sont sincères dans leur démarche d'accélération du processus afin qu'on puisse organiser les élections le plus tôt possible.
Maintenant, on se heurte à quelques difficultés concernant aussi bien les dernières retouches à la Constitution que les difficultés matérielles pour l'organisation des élections. Mais je pense qu'on arrivera à respecter l'échéance fixée, c'est-à-dire au plus tard, vers la fin du mois de décembre 2013.
J'espère que l'Isie fera en sorte de réaliser, encore une fois, un miracle tunisien, avec l'expérience acquise des quelques membres de l'ancienne équipe, le savoir-faire, la logistique, en nous faisant gagner quelques mois. Concernant la loi électorale, toutes les parties sont d'accord sur l'essentiel. L'important, c'est que les Tunisiens ont besoin de connaître de manière claire et ferme la date des prochaines élections. L'Isie, une fois mise en place, annoncera la période nécessaire pour préparer et organiser les élections.
D'aucuns avancent que ces élections n'auront jamais lieu parce que ça arrange la Troïka qui veut rester au pouvoir ?
C'est tout le contraire, la Troïka n'a qu'un seul intérêt : organiser les élections le plus tôt possible. Rester dans ces conditions avec toutes les difficultés connues de tous, c'est vraiment être masochiste.
Il y a actuellement beaucoup d'appréhensions quant à la transparence des prochaines élections chez un grand nombre de Tunisiens. Ont-ils raison ?
Non. Car il y a eu de pareilles appréhensions le 23 octobre 2011, et ça c'est bien passé. Il faut que ça se passe au moins aussi bien et même mieux. C'est pourquoi nous sommes extrêmement favorables à la présence d'observateurs étrangers en masse, qui seront capables de témoigner en toute indépendance et objectivité.


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