Une amélioration de 5% du rendement du système des achats publics permet de générer des économies de l'ordre de 350 millions de dinars. « Sur les marchés publics, il y aurait toujours de la corruption», estime l'expert international en lutte contre la corruption, M.Jean Pierre Buer. En effet, les fonds alloués aux œuvres publiques alimentent la cupidité et l'opportunisme des parties prenantes. De facto, les risques de la corruption se multiplient. En Tunisie, une enveloppe de 7 à 8 milliards de dinars est allouée annuellement aux achats publics. A défaut d'un système d'information fiable, les chiffres restent approximatifs. Et c'est là une première anomalie du système de gestion des achats publics. Tout compte fait, une amélioration de 5% du rendement de ce dispositif permet de générer des économies de l'ordre de 350 millions de dinars. Mais cet objectif demeure hors de portée des acheteurs qui sont confrontés à la complexité de la fonction achat et aux ainsi dysfonctionnements organisationnels. De prime abord, le cadre réglementaire souffre de l'éparpillement des textes de loi. Ainsi, les acheteurs fournissent des efforts supplémentaires pour réunir les lois régissant l'achat en question, sans pour autant pouvoir recueillir toutes les lois. Le regroupement de ces textes dans un seul code est de nature à faciliter la tâche des acheteurs. Pis, les textes de loi ne stipulent pas parmi les principes de base, la notion de l'efficacité des achats. De même, l'une des pratiques courantes, pour gagner en synergie, est le groupement, au niveau central, des achats qui répondent aux mêmes besoins dans différentes institutions publiques rattachées à une tutelle. Un manque de coordination Dans cette même lignée, plusieurs opérateurs privés, experts mais aussi des cadres de la fonction publique, ont vivement conseillé de rompre avec l'orthodoxie des procédures pour une meilleure réactivité aux fluctuations de l'environnement. Face à toute cette inertie administrative et lourdeur procédurales, un sondage réalisé par l'Association des cadres de contrôle, d'inspection et d'audit dans les structures publiques (Accia), en septembre dernier, a montré, paradoxalement, que 85% des institutions publiques ne disposent pas de manuel des procédures. Sur le plan organisationnel, le même sondage montre que dans les institutions publiques, la fonction des achats est toujours rattachée à une autre direction, souvent la direction administrative et financière. Ce qui limite la coordination avec les fonctions complémentaires, notamment de la gestion des stocks. Par ailleurs, les acheteurs dans les institutions publiques ont évoqué le besoin de formation grandissant en la matière. D'après le même sondage, 61% des professionnels interviewés affirment avoir besoin d'une formation spécifique.