Après le marathon des révisions, le tourbillon des périodes mêlées de stress et d'espoir, le jour «J» du baccalauréat est enfin arrivé. Le futur est là justement et, pour beaucoup d'élèves, il sera porteur de succès et d'un avenir auxquels ils ont longtemps rêvé. Et pour cause : leurs yeux se sont précocement ouverts sur la vie. Leur rêve est grand. 11h00 hier devant le Lycée de la rue de Marseille, à Tunis, toutes disciplines confondues, les candidats ont passé l'épreuve de philo. Souriants, confiants, ils arborent un soulagement qui laisse deviner une satisfaction quant à l'accessibilité des sujets de l'examen. Tout de noir vêtue, Houda, 19 ans, section maths, ainsi que ses camarades de classe, déclarent entamer les épreuves du Bac du bon pied. Le secret de leur bonne humeur et de leur optimisme vient des bonnes conditions de déroulement de l'épreuve de philo et surtout du fait d'avoir misé sur des thèmes tels que l'Etat, la notion de bonheur…, thèmes qui, selon elles, ont été largement préparés au courant de l'année scolaire. La majorité des élèves interrogés issus de filières scientifiques se font rassurants avec une seule idée en tête : accéder à l'université. Le temps passe, de petits groupes d'élèves se forment devant le lycée. L'émotion est à son apogée. La philo est la première épreuve qui annonce la couleur, notamment pour les littéraires, «tout s'organise autour. C'est la matière principale au coefficient 4. Elle a focalisé mon attention durant toute l'année scolaire et lors de la révision». Un peu dure, l'épreuve a porté sur les notions d'humanité, de travail, de justice et d'art, alors que la notion d'Etat et de citoyenneté, thèmes beaucoup plus abordables, «a fait le bonheur des scientifiques», indique une élève qui, dit-elle, aspire à décrocher le Bac pour rejoindre les bancs de l'université. «Je rêve de devenir magistrate. J'espère que tous mes efforts ne seront pas vains». Des avis partagés Les avis des littéraires en ce premier jour du baccalauréat divergent. Certains admettent que l'épreuve de philo tombe à pic avec leurs attentes et espèrent recueillir le fruit de leurs sacrifices et de ceux de leurs parents qui, dès la naissance, les ont institués comme dépositaires de leurs ambitions. «Etre major de ma promotion, c'est ce à quoi j'aspire afin de faire la fierté de mes parents», lance Alia, en rougissant. «Le tout est dans la volonté et le travail assidu tout au long de l'année, il n'y a pas de recette magique pour réussir ce cap et décrocher un diplôme universitaire, clef de voûte de la réussite et de la promotion sociale», poursuit-elle. «L'espoir est de mise» L'espoir et l'anxiété, le soulagement et la tension psychologique ont constitué les sensations éprouvées par les élèves du Lycée de la rue de Marseille, sentiments partagés par des centaines d'autres futurs bacheliers à travers toute la République, qui découvrent que la vie est orchestrée par des moments forts à même de déterminer un destin qui en serait partiellement ou entièrement tributaire. Deux jeunes élèves issues de la filière littéraire cherchent un soutien, leurs nerfs lâchent. Elles déclarent sans essuyer leurs larmes : «Nous avons raté l'épreuve de philo, combien importante pour notre réussite éventuelle. Les sujets abordés nécessitent une grande maîtrise des courants de pensée, en l'occurrence le texte de Jean-Jacques Rousseau. Nous regrettons de ne pas avoir révisé comme il se doit. Nous avons choisi les solutions de facilité qui consistent à retenir les thèmes qui ont tendance à se répéter chaque année». Le cœur lourd et les larmes aux yeux, les jeunes élèves déclarent unanimement leur souhait de se rattraper dans les épreuves restantes. Et de se confier : «Nos parents nous ont mises en garde contre notre méthode de réunion qui consiste à trier, mais leurs réprimandes sont restées lettre morte». Les discussions autour de cette première épreuve jaillissent, entraînant l'euphorie pour certains, des regrets pour d'autres. La vie reprend son cours normal, mais la mémoire de ces jeunes élèves sera marquée à jamais par cette épreuve qui avait auparavant imprégné de son sceau celle de leurs aînés.