Ennahdha, dont le bureau exécutif est en réunion ouverte, prône toujours le dialogue «avec ceux qui veulent que la transition démocratique réussisse» Aujourd'hui sera-t-il le jour le plus long dans l'histoire post-révolutionnaire ? La donne politique subira-t-elle le changement radical auquel appelle l'opposition guidée par le Front populaire prônant la dissolution de l'Assemblée nationale constituante, la formation d'un gouvernement de salut national et la désignation d'un comité d'experts chargé de parachever la Constitution ? Le dialogue sera-t-il de retour pour que ce dernier quart d'heure soit conduit dans les meilleures conditions possibles et avec les concessions inévitables qu'impose la situation née de l'assassinat de Mohamed Brahmi, leader du Courant populaire ? Ennahdha ouverte à toutes les approches responsables Du côté d'Ennahdha, le parti dominant de la coalition au pouvoir et à la position duquel les Tunisiens sont suspendus, l'on apprend que «le bureau exécutif est en réunion ouverte depuis le déclenchement des tristes événements». Abdelhamid Jelassi, vice-président et coordinateur général d'Ennahdha, nous a précisé, hier après-midi, au moment même où le bureau exécutif s'apprêtait à tenir une nouvelle réunion : «Nous sommes en concertations permanentes avec nos partenaires au sein de la Troïka, la société civile et avec les militants du mouvement. Bien sûr, la situation prévalant au sein de l'ANC et le sort que connaîtra le gouvernement sont à l'ordre du jour de nos réunions». Interrogé sur la position d'Ennahdha vis-à-vis des exigences de l'opposition répétées par les constituants en sit-in devant l'ANC, le responsable nahdhaoui est clair et précis : «Posur nous, il y a plusieurs oppositions. Celles qui poussent à l'inconnu et cherchent à plonger le pays dans le chaos. Nous ne pouvons pas dialoguer avec elles. Quant aux courants de l'opposition qui appellent à l'amélioration de ce qui a été réalisé jusqu'ici, leurs approches sont les bienvenues. Nous sommes ouverts à tout ce qui est de nature à faire accélérer l'étape transitoire et à faire réussir le processus démocratique» Il conclut : «Il nous reste un choix unique : réussir la transition démocratique au profit de la Tunisie en premier lieu et aussi au profit de l'ensemble de la région arabe qui nous regarde et attend notre réussite. Il nous faut aussi organiser des élections démocratiques et transparentes dans les plus brefs délais. Au sein d'Ennahdha, nous sommes disposés à discuter avec tous ceux qui s'engagent à faire aboutir ces deux choix». La ligne rouge à ne pas franchir Le Dr Mustapha Ben Jaâfar, président de l'ANC, s'est lui aussi, invité au débat général en appelant dans une allocution télévisée diffusée samedi soir, les constituants en sit-in à «revoir leur décision de suspendre leur participation aux travaux de la Constituante qui aborde son dernier quart d'heure décisif. Le Palais du Bardo reste toujours ouvert au dialogue des différents protagonistes du paysage politique, civil et national. La table des négociations et des concertations est prête à accueillir ceux qui veulent s'y asseoir et discuter, ensemble, afin d'éviter à la Tunisie l'inconnu et le désordre». Quant à Ettakatol, il considère «que la dissolution de l'ANC est une ligne rouge à ne pas franchir dans tous les cas». Réuni, vendredi dernier, le bureau politique d'Ettakatol, a annoncé sa propre initiative : «Une coordination nationale ouverte à tous les partis, sous la bannière de l'Ugtt chargée de contrôler l'action du gouvernement. Prendront part à cette coordination les forces politiques qui croient en la transition démocratique», souligne l'un des membres du même bureau. L'Ugtt et le gouvernement se prononcent aujourd'hui Quant à l'Ugtt qui n'a pas encore répondu à l'initiative d'Ettakatol ni à l'appel de Ben Jaâfar, l'on apprend qu'elle convoque pour aujourd'hui une réunion de sa commission administrative nationale. On s'attend à ce que cette réunion soit couronnée par «une décision capitale», déterminant la position définitive de la centrale syndicale ouvrière vis-à-vis de la crise dans laquelle se débat le pays. Le gouvernement qui s'est contenté jusqu'ici d'une déclaration d'Ali Laârayedh dénonçant l'assassinat de Mohamed Brahmi «commis par des terroristes qui visent la Tunisie et son processus démocratique», tient aujourd'hui une réunion du Conseil des ministres. Elle sera consacrée, selon une source proche de la présidence du gouvernement, à l'examen de la situation dans le pays. Les 55 constituants sit-inneurs devant le siège de l'ANC ont, pour leur part, tenu, hier après-midi, une conférence de presse pour faire connaître leurs positions définitives. (Voir article de Karim Ben Saïd).