En Tunisie, les TIC sont devenues un outil indispensable dans le processus d'amélioration de la productivité et de la compétitivité de l'entreprise. D'où les avantages accordés par l'Etat au secteur du textile-habillement qui intègrent les TIC dans leur production. Dans cette même logique et sous le patronage du ministère des Technologies de la communication et du ministère de l'Industrie et de la Technologie, le pôle El Ghazala des technologies de la communication a organisé, tout récemment au Pôle El Ghazala, en collaboration avec Marseille Innovation, le Pôle de compétitivité Monastir /EL Fejja-La Manouba et le technopôle de Sfax, les 8es Rencontres méditerranéennes d'affaires sous la thématique: «Les TIC au profit de la compétitivité des entreprises textiles en Tunisie». Durant le premier jour de la manifestation, une multitude de conférences et d'ateliers s'inscrivant dans ce sujet, ainsi que des rencontres B to B entre entreprises tunisiennes et françaises opérant dans le secteur des TIC et de textile-habillement ont été animés par plusieurs experts et professionnels en la matière. Le but de ces rencontres n'est autre que de confronter l'offre et la demande en matière de solutions Tics destinées au service du textile-habillement de la phase de design, de production jusqu'à la phase de commercialisation. La Mass-customisation: un filon d'avenir Pour les organisateurs, les TIC représentent à la fois des outils destinés à améliorer la production et la gestion des produits et services textiles, mais aussi des créneaux d'activités porteurs. L'un de ces créneaux traité dans le premier atelier de ces rencontres porte sur la «Mass-customisation» (la personnalisation de la production de masse). Selon Mme Isabelle Zeller (DG, pôle compétitivité français UP-TEX, France) : «Il s'agit d'un procédé qui rend l'entreprise capable d'offrir au client le produit personnalisé selon son désir, à un prix comparable à celui de la production de masse, et ce, moyennant de nouveaux outils et approches de production et de gestion». Or, selon M. Trabelsi, représentant la société Politico en Tunisie et qui a intégré dans sa production le projet «Open Garments» (une initiative pour encourager la Mass- customisation), la personnalisation de masse ou le sur-mesure de masse nécessite un outil de production performant connecté à un processus de prise de commande permettant de spécifier les caractéristiques et les mesures souhaitées. La Mass-customisation assure plusieurs avantages importants : d'abord, elle offre au client la possibilité de personnaliser ses produits (un habit unique de son genre). Ainsi, le client devient de plus en plus fidèle à la marque qui se différencie de ses concurrents par son originalité et son authenticité. En parallèle, le taux de réclamation se réduira, puisqu'il est lui-même impliqué dans la finition de son bien en devenant styliste de ses propres vêtements (virtuellement) comme l'atteste la technologie «3D configurator»présentée par M. Walid Messaoudi (représentant la société Bivolino en Belgique qui offre cette simulation 3D sur leur site : (http://www.bivolino.com/confpage.aspx?CID=21). Ensuite, elle réduit l'immobilisation financière et les surproductions vu que la production devient commandée par le besoin plus que les prévisions qui induisent le stockage. Enfin, mieux connaître son client est aussi un atout majeur de cette approche. Car la marque va se familiariser avec les exigences de son client. Il est donc plus facile pour elle d'établir un relationnel fort avec l'ensemble de ses clients et prospects. La Rfid comme levier de compétitivité S'il y a une technologie qui va marquer le quotidien de l'Homo-sapiens du troisième millénaire, ça sera la radio-identification plus souvent désignée par le sigle Rfid (de l'anglais Radio Frequency IDentification). Il s'agit d'une méthode qui permet la mémorisation et la récupération des données à distance en utilisant des marqueurs appelés «radio-étiquettes» («Rfid tag» ou «Rfid transponder» en anglais. Les radio-étiquettes sont de petits objets, tels que des étiquettes auto-adhésives, qui peuvent être collées ou incorporées dans des objets ou produits et même implantées dans des organismes vivants (animaux, corps humains). Les radio-étiquettes comprennent une antenne associée à une puce électronique qui leur permet de recevoir et de répondre aux requêtes radio émises depuis l'émetteur-récepteur. Ces puces électroniques contiennent un identifiant et éventuellement des données complémentaires. Ainsi, cette technologie d'identification peut être utilisée pour identifier les objets (vêtements, meubles, etc.) avec un code à barres (on parle alors d'étiquette électronique) et/ou les personnes, en étant intégrée dans les passeports, carte de transport, carte de paiement (on parle alors de carte sans contact). Selon M. Oussama Frioui (cofondateur et directeur de Taggist, Tunisie), «on peut prendre l'exemple de l'entreprise de M. Serge Blanco, spécialisée dans l'habillement qui a eu recours aux Rfid. Avant, l'entreprise de M. Blanco sollicitait 10 hommes pour effectuer l'inventaire de 25.000 articles. Donc pour une seule palette, il fallait un laps de temps d'1h30. Avec l'utilisation des Rfid, l'entreprise n'a plus besoin pour effectuer son inventaire que de 2 hommes pour 35.000 articles, ce qui équivaut à 3 minutes pour une palette complète. Ainsi, les Rfid ont permis à l'entreprise d'effectuer une vérification automatique de 100% des articles reçus et une consolidation instantanée de ces articles dans le système d'information. Ensuite, la radio-identification a aussi permis une augmentation du ‘‘cross-docking'', en libérant de l'espace en entrepôt (40% à 50% d'augmentation de capacité de traitement du centre logistique). Enfin, elle a offert à l'entreprise un processus 10 fois plus rapide que le préexistant avec une fiabilité chiffrée à 99% de fiabilité. Tout simplement avec la Rfid, l'entreprise gagne en temps et augmente sa productivité». Assurément, en adoptant, dans l'avenir, la Mass-customisation et la Rfid, le secteur du textile et de l'habillement tunisien qui est de plus en plus orienté, dans le cadre de l'espace euro-méditerranéen, vers la production de ses propres marques et la sous-traitance des grandes marques, se positionnera dans le peloton des pays qui ont fait de la qualité et l'excellence leurs fils de couture.