La soirée de dimanche dernier à Ennejma Ezzahra a dévoilé un instrument de rêve et une musique aussi vieille que l'Homme. Quand le Roumain Mihaï Trestian a eu l'idée de créer Ciocan, il a innové en faisant du cymbalum l'instrument central de sa formation. «Il est rarement soliste et accompagne généralement les autres instruments», explique le musicien en début de soirée. Le cymbalum fait partie de la famille des cithares et est également appelé piano tsigane. Sa musique, Mihaï Trestian l'a imaginée en compagnie de Daniel Givone, Simon Mary, Anthony Muccio et Iacob Maciuca sur deux guitares, un violon et une contrebasse. Le groupe était ravi et impressionné de pouvoir jouer dans un endroit tel que le palais Ennejma Ezzahra, comme exprimé par le cymbaliste avant qu'il ne livre au public le premier morceau. Les rythmes ont démarré timides, tout en douceur et, très rapidement, l'audience a compris de quoi le cymbalum est capable. Le son qu'il produit est à la rencontre de la musique extrême-orientale et orientale, qui devient occidentale classique chaque fois que le violon le décide. De surprise en surprise, le cymbalum a fait voyager les autres instruments comme sur un tapis volant, depuis leurs pays d'origine aux destinations les plus lointaines, jusqu'en Amérique Latine où ils ont atterri au bout du cinquième titre : un classique brésilien enchanteur. Dès lors, la complicité entre les musiciens et le public a commencé à s'installer. Une surprise de plus est venue égayer le moment, quand le guitariste Iacob Maciuca a révélé que dimanche coïncidait avec l'anniversaire de Mihaï Trestian. La réaction du public ne s'est pas faite attendre et un « joyeux anniversaire » en chœur a résonné dans la salle. On dit qu'un bonheur ne vient jamais seul mais on dit aussi que le malheur des uns fait le bonheur des autres. C'est, en effet, suite à l'accident qui a coûté la vie au chat de Iacob Maciuca que le morceau Dany est né. Une magnifique composition qui porte le nom de la pauvre bête sur un ton mélancolique, une mélancolie qui évoque le sentiment que Victor Hugo a définie comme «le bonheur d'être triste». Le voyage s'est poursuivi entre les classiques du monde et les compositions de Mihaï Trestian. Ainsi, une valse de l'accordéoniste franco-italien Richard Galliano a donné suite à Valse de loin, inspirée par un voyage du cymbaliste en Argentine. Un retour aux classiques de l'Est (Roumanie et Hongrie) a permis de clore en beauté ce spectacle où la musique a été classique, jazzy, mais surtout manouche dans l'âme.