Avec l'entame de la préparation, il est indispensable de se fixer sur les choix et les priorités du club A l'orée de l'intersaison, le nouvel entraîneur Habib Mejri disposait de deux manières d'appréhender les événements à venir : soit faire table rase du passé et recommencer tout à partir de zéro, ainsi bien au niveau du choix du staff technique, du gros de l'effectif que du programme de la préparation, avec les risques de dérapage et d'inadaptation à courir, lors d'un long championnat tortueux et parsemé d'embûches, soit se conformer à l'existant sans risquer le moindre heurt ou accroc, tout en opérant, au fil du temps, les réajustements et les régulations qui s'imposent. Bref, un changement radical et brutal ou un changement habile et souple dans la continuité. Pour bénéficier d'une meilleure marge de manœuvre et d'un supplément de garanties, Habib Mejri a préféré la seconde option, celle de garder le même schéma que son prédécesseur et de maintenir le même staff et les mêmes piliers de l'équipe, tout en réaménageant le programme de la préparation d'intersaison et en décidant, de façon collégiale, des renforts à apporter à l'équipe et des contrats à proroger. La reprise du championnat, c'est pour bientôt, et il n'est pas permis de perdre du temps, de tâtonner ou de tergiverser quand il s'agit de monter une équipe compétitive et aguerrie, de réaliser les objectifs immédiats du club et de bâtir une équipe d'avenir. Trois exigences clairement formulées par le président du club, Fateh Alouini, à l'attention du coach quand ils ont finalisé le contrat liant les deux parties. Force est de signaler que l'ossature de l'équipe est déjà en place avec Ben Rejeb, Mahjoubi, Ouertani, Ouerghemmi et Trabelsi dont certains ont 23-24 sur 26 matches à leur compteur, lors de la saison écoulée. Sans oublier les deux étrangers, Mamadou et Mounbain— deux valeurs sûres — et les grands renforts qui ne vont pas tarder à venir. A ce propos, il est toujours bon de rappeler que les recrutements massifs et non ciblés sont pernicieux aussi bien pour la cohésion et la solidarité du groupe que pour la gestion et le budget du club. En revanche, avec une bonne préparation physique et technico-tactique, une série de matches amicaux, un amalgame réussi de joueurs ciblés- joueurs du cru, l'équipe aghlabide peut se forger un caractère, une vocation, un cachet propre et se frayer un chemin sécurisé dans l'éprouvante aventure qui l'attend. Le recours aux jeunes... Quant aux objectifs immédiats de la JSK , tout le monde convient qu'un maintien en Ligue 1, agrémenté d'une place confortable au milieu du tableau, reste toujours la première priorité du coach et du club. A l'évidence, cela est tributaire d'une équipe solide, rompue à la rude compétition et bien campée sur ses jambes, d'entrée de jeu. Mais rien n'empêche le recours aux jeunes talents et leur lancement précoce dans le bain de la compétition pour leur permettre d'affûter leurs armes et de se rôder au contact de leurs aînés. C'est la condition sine qua non pour bâtir une équipe d'avenir, garantir davantage d'équilibre et de stabilité à l'effectif et lui conférer l'esprit de corps, la percussion et la force de caractère propres aux grandes équipes. En faisant confiance à une pléiade de jeunes joueurs ayant le talent et l'aptitude à s'adapter à tous les postes, toutes les situations et à tous les systèmes de jeu, on peut construire aisément une équipe d'avenir. A titre indicatif, les jeunes du cru, Yacoubi, Layouni, Chouchéni, Troudi et Methnani, ont ce qu'il faut pour se faire une place au soleil et se propulser rapidement dans le firmament. Enfin, et c'est loin d'être un détail, des jeunes fréquemment sollicités et incorporés dans le dispositif de jeu gagneraient en assurance et en maturité et seraient d'un apport précieux pour l'ensemble de l'équipe. Alors que de jeunes joueurs, imbus de talent, de motivation et de fraîcheur physique mais sous- utilisés, oubliés exprès sur le banc des remplaçants et abandonnés à leur sort, sous prétexte qu'ils manquent d'expérience et de métier, seront condamnés à végéter dans l'anonymat et la médiocrité et à subir seuls les conséquences fâcheuses et pénibles de cette affligeante frustration. En fin de compte, Habib Mejri doit suivre à la fois la voie du cœur et celle de la raison pour concilier les exigences d'une compétition serrée et rugueuse et les souhaits de la grande famille aghlabide de voir naître très tôt l'équipe de demain. Un beau challenge en perspective.