Il fallait à l'évidence s'y attendre. Les investissements déclarés dans les services et dans l'industrie ont respectivement chuté de 15.9% et de 5.8% au mois d'octobre 2013 par rapport à la même période une année auparavant. Faudrait-il s'en émouvoir ? Poser ainsi la question, c'est évidemment y répondre, surtout quand on sait l'étroite corrélation qui existe entre l'investissement et la création de nouveaux emplois. Cependant, au-delà de l'émotion, il est bon et utile de s'interroger sur les raisons de l'atonie de l'investissement. L'absence d'une vision claire pour les investisseurs explique sans doute cette atonie, mais en poussant l'analyse, on remarquera que la fragilisation de plusieurs secteurs d'activités, notamment le tourisme et l'industrie textile, était latente et qu'elle induit aujourd'hui un effet d'entraînement négatif sur l'ensemble du secteur de l'investissement. Un effet d'entraînement que viendrait accentuer le projet de loi de finances 2014, un projet fortement contesté par le patronat. Les orientations générales de ce projet portent en effet sur une taxation supplémentaire des entreprises transparentes comme moyen pour améliorer les ressources du budget de l'Etat, sans prendre aucune mesure pour lutter contre le commerce anarchique et l'économie informelle. L'imposition des entreprises totalement exportatrices est également mise à l'index. Pour la centrale patronale, cette orientation ne tient pas compte de la conjoncture par laquelle passe la Tunisie qui a besoin d'attirer de plus en plus d'investissements étrangers. A ce titre, le nouveau code de l'investissement n'arrange en rien les choses. La sphère de l'investissement privé considère que le nouveau code demeure en deçà des attentes tant sur le plan de l'assouplissement des mesures que sur le plan incitatif et encore moins au niveau de la compétitivité du site Tunisie par rapport aux autres destinations de la région. A l'évidence, ce n'est guère en augmentant la pression fiscale sur les entreprises patentées et sur le secteur privé de l'investissement que l'on pourra espérer créer une nouvelle dynamique d'investissement. Une dynamique qui fera également défaut aussi longtemps que durera l'atonie de l'investissement public. En somme, tant que l'économie restera l'otage des politiques et la sphère de l'investissement piégée par «un choc de méfiance», il ne faudrait pas s'attendre à un significatif redressement de l'investissement public et privé, national et étranger.