La production moyenne pourrait être portée à 250 mille tonnes par an Face à la saturation des superficies oléifères, comment la profession compte-t-elle agir pour augmenter la production Je voudrais tout d'abord préciser que la production du secteur n'est pas encore saturée malgré la quasi-impossibilité d'augmenter les superficies consacrées aux oliviers. Aujourd'hui la production oléicole est devenue une science qui obéit à des règles et des techniques permettant d'obtenir un rendement optimum. Avec les mêmes superficies, on peut atteindre une moyenne annuelle de production à hauteur de 250 mille tonnes au lieu de 150 actuellement. Mais cela nécessite la mobilisation de grands moyens et l'adoption par l'Etat d'une politique de développement et d'amélioration de la production. A mon avis, il faut agir sur deux fronts. Il faut d'abord s'occuper de l'olivier. Certaines oliveraies ne sont pas bien travaillées, d'autres nécessitent un rajeunissement, ce qui empêche l'introduction du machinisme dans la cueillette et par là, la compression des coûts. Le secteur est encore compétitif aujourd'hui, mais dans le futur, avec l'augmentation du coût de la main-d'œuvre, le rendement de l'activité risque de chuter surtout si on prend en compte la dégradation du pouvoir d'achat sur le marché local et la baisse de la demande en Europe. Le deuxième chantier est plutôt immatériel. Par la formation et la vulgarisation des bonnes méthodes de cueillette, de transport, de stockage et de transformation, les quantités et la qualité du produit pourraient être améliorées. 80% de notre production pourraient être certifiés extra-vierge, et la majorité de nos exploitations sont certifiables bio. Mais pour ce faire, le secteur privé ne peut agir tout seul. Il existe de grands producteurs qui se débrouillent bien. Mais les petits agriculteurs ont besoin de moyens. L'appui de l'Etat est également nécessaire notamment dans les actions de communication générique (institutionnelles), ce qui est de nature à baliser le terrain devant les opérateurs privés pour mieux se positionner. L'Etat doit contribuer dans les actions de promotion afin que nous puissions explorer de nouveaux marchés. Certains agriculteurs se sont plaints l'année dernière du manque de main-d'œuvre qui trouve, peut-être, une rémunération plus intéressante dans d'autres secteurs. Quel est au fait le niveau des prix à la consommation qui vous permet de payer convenablement les travailleurs et d'avoir un retour sur investissement ? Permettez-moi de vous préciser encore une fois qu'il n'y a pas eu de manque de main-d'œuvre la saison passée. La preuve c'est que tout le monde a travaillé, agriculteurs, promoteurs, transformateurs, exportateurs, etc. L'olivier est aujourd'hui rentable. Le coût de la main-d'œuvre est variable selon les régions et peut atteindre les 20 à 25 dinars par jour. Mais demain, on aura peut-être des difficultés à concurrencer l'Espagne dont la production dépasse la nôtre, d'autant plus qu'elle a renouvelé ses forêts de sorte à permettre aux machines de faire la cueillette sans casser les branches ni causer une nuisance à l'arbre. Et, dans tous les cas, le prix à la consommation est toujours le reflet de celui pratiqué à l'extérieur, bien qu'il n'existe pas de Bourses qui déterminent le niveau des prix. C'est la loi de l'offre et de la demande qui détermine les prix. Et la Tunisie fait partie du circuit économique international. Les prévisions pour la saison 2013-2014 tablent sur une production ne dépassant pas les 80 mille tonnes, soit environ le 1/3 de la saison précédente. Est-ce que le contexte d'instabilité politique y est pour quelque chose ? Sur le plan politique pratiquement rien n'a changé concernant notre activité. Nous continuons à produire, à faire de la promotion et à réfléchir à l'avenir. Cependant, nous continuons toujours de souffrir de l'instabilité sécuritaire et surtout des actes de vandalisme. Plusieurs méfaits sont constatés dans les exploitations oléifères et même en présence de gardiens, des voleurs arrivent toujours à conquérir des terrains, de jour comme de nuit. Là aussi, c'est la responsabilité de l'Etat d'aider la profession.