L'Ugtt examine avec ses partenaires une nouvelle méthodologie d'action en attendant le 14 décembre Maintenant que le Dialogue national est en état de gel suite à l'annonce mercredi, par Hassine Abbassi, secrétaire général de l'Ugtt, que le verdict final sera rendu le 14 décembre, on se pose la question : que va faire le Quartet durant les dix jours qui nous séparent de la date fatidique ? Mouldi Jendoubi, secrétaire général de l'Ugtt, n'a pas trop attendu pour répondre, hier, à cette question sur les ondes de Radio Mosaïque FM en déclarant : «Le Quartet va se réunir aujourd'hui (hier) pour mettre en œuvre une nouvelle méthodologie de gestion du Dialogue national, de manière à éviter les erreurs du passé et à parvenir au consensus recherché». Seulement, il n'a pas donné d'autres détails sur les composantes de cette nouvelle méthodologie et sur les mécanismes auxquels l'Ugtt aura à recourir afin que le Dialogue n'échoue pas de nouveau (bien que tous les participants s'accordent à dire que le Dialogue n'a pas capoté). Que pensent les différents protagonistes du paysage politique national de cette nouvelle méthodologie et considèrent-ils que, cette fois-ci, la réussite sera au rendez-vous ? Halte aux tiraillements «Il est clair que le Quartet a tiré les conclusions qu'il faut de ces deux mois de concertations qui ont abouti à un blocage au niveau du choix de la personnalité qui formera le prochain gouvernement. Malheureusement, nous nous sommes trouvés dans l'impossibilité d'opter pour une personne recueillant le consensus puisqu'à chaque fois qu'on s'en approchait, il y avait une partie qui exprimait ses réserves ou son refus. Je pense que la meilleure solution est que tous les partis participant au Dialogue prennent la décision de déléguer au Quartet le choix du futur chef du gouvernement et qu'on en finisse avec ces tiraillements et ces divisions qui ont fini par tout bloquer», confie Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti du travail patriotique démocratique. Il estime également que les pratiques auxquelles viennent de recourir «plus d'une centaine de constituants exhortant Ahmed Mestiri d'accepter le poste de chef du gouvernement ne peuvent en aucune manière ouvrir la voie au consensus. Ces pratiques nuisent, en premier lieu, à la personne du militant Ahmed Mestiri, qui reste au-dessus de ces subterfuges». L'Ugtt ne brandira pas la menace des grèves Pour Lazhar Baly, président du parti El Amen, participant lui- aussi au Dialogue, «la nouvelle méthodologie que le Quartet aura à adopter ne sera pas fondée, en aucune manière, sur l'exploitation des mouvements de contestation syndicale pour mettre la pression sur la Troïka. Non, Abassi ne tombera jamais dans ce piège». «Je pense, ajoute-t-il, que l'Ugtt ne se transformera jamais de parrain du Dialogue pour virer au statut de partie prenante, encore plus, opposée à la Troïka. Je suis convaincu que le Quartet continuera à privilégier le choix du dialogue, loin de toute formule de pression». Quant aux remous suscités par le dernier communiqué du Front du salut national, Lazhar Baly estime qu'il «existe au sein du Front une partie qui cherche à se repositionner parmi l'opposition après avoir perdu tout espoir d'un éventuel marché avec Ennahdha». «Pour nous, au sein d'Al Amen, nous sommes d'avis que Lotfi Ben Jeddou, actuel ministre de l'Intérieur, serait le meilleur choix possible pour le poste de chef du gouvernement», conclut-il. La politique de la fermentation Le Pr Boussaïri Bouebdelli, président du Parti républicain maghrébin, précise : «Ce qui est malheureux, c'est que tout le monde, y compris le Quartet, refuse de reconnaître l'évidence: le Dialogue a bel et bien échoué. Et voilà le Quartet recourir à un nouveau langage en parlant d'une nouvelle méthodologie de gestion de ce Dialogue sans nous renseigner sur le contenu ou les moyens qu'il va utiliser en vue de concrétiser cette méthodologie. S'agit-il de grèves en tant que moyen de pression ? Je me pose la question et je reconnais ne pas avoir de réponse». Une source informée auprès du Dialogue national, préférant garder l'anonymat, propose une approche différente : «Pour moi, Ennahdha est toujours opposé à l'idée d'abandonner le gouvernement. Il préfère la politique de la fermentation, ce qui conduira au final à un gouvernement de l'Union nationale».