«L'œil invisible », film dramatique produit en 2010, renvoie à la période noire de l'histoire de l'Argentine, les années 80, les années des généraux L'histoire de ce long-métrage se déroule dans le collège national des élites de Buenos Aires. Maria Térésa, une jeune fille de 23 ans travaille dans ce collège comme surveillante. Elle est chargée d'espionner, de contrôler minutieusement les élèves de cet établissement. Le surveillant général, M. Biasutto, un vieil homme, qui apprécie son zèle à accomplir ses tâches, lui apprend à être l'œil qui voit tout, mais qui échappe aux regards des autres. Le personnage de Marita, rôle incarné par la formidable Julieta Zylberberg, se retrouve dans ce monde clos des élèves mais tout aussi vaste que mystérieux. On y suit tout au long du film ce personnage, dans les différents endroits de cet établissement en train d'épier conversations et comportements douteux de ces jeunes adolescents.Le film, marqué par un rythme très long, se focalise sur les visages et leurs expressions : la caméra passe du gros plan à l'insert comme fixant du regard chaque âme qui vive. Il va et vient, s'opère régulièrement entre des plans serrés sur les personnages et le filmage distant de la bâtisse où se déroule l'action. Une démarche de mise en scène qui bouscule les émotions et intensifie l'angoisse et le suspens. «L'œil invisible», s'arrête également sur le problème de la sexualité féminine. Cette jeune fille, qui espionne les garçons dans les «toilettes», les entend «uriner» ne reste pas indifférente face à ce monde masculin. Elle tombe dès lors sous le charme d'un de ces élèves. Le film explore ce mal-être dû à une éducation stricte et rigide et les conflits qui existent dans une société subissant un régime dictatorial. Le réalisateur Diego Lerman évoque, en filigrane, l'histoire d'une jeune fille violée, les années noires d'un pays, lui aussi violé. Sa caméra, se baladant dans un univers clos, nous dévoile la laideur, la lâcheté d'une société opprimée et corrompue.