Bureau fédéral et équipe de Tunisie vivent une phase transitoire, un mois après l'échec de Yaoundé Ce n'est pas de paralysie ou de glaciation que veulent parler les fédéraux, mais plutôt d'étape de dialogue, d'échanges et de réflexion. «Le point positif dans notre situation, c'est que nous restons solidaires, nuance le porte-parole de la FTF, Me Nabil Daboussi. Le fait de discuter, de se rencontrer très souvent et d'installer un débat franc apaise les tensions. C'est comme entre les parents et leurs enfants, rien ne vaut l'échange». Me Daboussi renvoie d'un revers de la main toute allusion à une possible scission au sein du staff fédéral. Y compris et surtout les rumeurs sur le désir de partir de Chihab Belkhiria, trésorier général, responsable de l'équipe nationale seniors. «Ce n'est pas de démission qu'il a parlé, mais plutôt d'une envie d'être déchargé de ses fonctions actuelles qui lui prennent beaucoup de temps et d'énergie, notamment pour ce qui concerne le volet équipe nationale "A", précise-t-il, sans pourtant fermer la porte devant un quelconque scénario qui impliquerait directement la responsabilité du bureau fédéral. Pour être honnêtes avec nous-mêmes, nous nous employons à mesurer notre part de responsabilité. Il faut savoir se regarder en face, droit dans les yeux. L'autocritique, ce n'est pas vraiment ce qui nous rebute. Chaque département à la fédé, y compris celui financier, va établir un état des lieux. Une sorte de bilan, un an et demi après notre prise de fonctions. On décidera en fonction des conclusions de ce large check-up. Un bureau de synthèse sera convoqué pour analyser ces conclusions. Nous pourrions également tenir une conférence de presse dédiée à ce volet. Ne vous inquiétez pas, cela doit se faire avant la fin de l'année», promet le président de la commission d'informatique et administrative, responsable de l'équipe nationale de futsal et beach-soccer, porte-parole du bureau fédéral, qui n'élude pas l'argument vital du financement des activités de la fédé. «Compte tenu de la qualité actuelle des rapports avec le ministère, qui vaut ce qu'elle vaut, il devient impératif de se retourner vers les sponsors, les partenaires et compter sur autre chose que la subvention ministérielle. Pourtant, il n'est pas inintéressant de se poser la question suivante : y a-t-il actuellement, dans la conjoncture économique de la Tunisie, des gens intéressés par le financement de la fédération?», se demande Me Daboussi, qui n'est pas sans mesurer l'ampleur du boulet de canon que représente le déficit de plus de trois millions de dinars accusé par la FTF. «De toute façon, nous ne serions pas épargnés, quel que soit l'effort déployé», regrette le porte-parole de l'instance fédérale lorsque nous évoquons avec lui le «parapluie» de la Fédération internationale (Fifa) sous lequel la fédé peut commodément se protéger contre les averses du département de tutelle. Il oppose un laconique «no comment» aux dernières déclarations du ministre de la Jeunesse et des Sports lors de son intervention dans l'émission télé «Wakt Idhafi». Tarek Dhiab a exprimé sa disposition à dissoudre le comité fédéral en place, quitte à essuyer les foudres de la Fifa qui pourrait suspendre la Tunisie pour quatre ans. «Vous imaginez le foot tunisien au ban de la fédération internationale, vivre en autarcie, sans aucune possibilité de participer durant quatre bonnes saisons ni aux Coupes africaines des clubs ni aux compétitions inter-sélections des jeunes jusqu'aux seniors? Le ministre prétend mettre à profit ces années de suspension pour réformer notre football. Il a été nommé deux mois avant notre élection. Il parle de maintien de l'infrastructure sportive en créant un office à cet effet. Mais on ne voit rien venir. Le blocage auquel nous assistons au niveau ministériel, pourquoi s'offusquerait-on dès qu'il concerne la fédé?», s'étonne Me Daboussi. «Un sélectionneur pour un projet 2018» Elu en avril 2012, le bureau de la FTF tiendra-t-il la route jusqu'au terme de son mandat, en avril 2016? Dans l'immédiat, c'est un autre volet qui taraude les fédéraux, celui du choix du futur sélectionneur national. Le dossier a été confié au directeur technique national chargé des équipes nationales, Youssef Zouaoui. «Si l'Etat n'est plus disposé à financer le salaire du sélectionneur national, nous devons compter sur nous-mêmes», nous rappelait hier le président de la FTF, Wadï El Jari, contacté au Maroc alors qu'il participait aux travaux de la commission de la coupe du monde des clubs relevant de la Fifa dont il est membre. «Jusque-là, le ministère nous versait un budget de 1,8 à 2 millions de dinars alloué aux salaires des entraîneurs des sélections. Cette année, ce montant a été abaissé jusqu'à un million de dinars, soit deux cent mille dinars de moins que l'an dernier. Cela nous oblige à payer 800 mille dinars de notre argent. Comment allons-nous faire si nous n'avons pas les moyens de recruter un grand sélectionneur dont chacun connaît la fourchette des prétentions financières? En tout cas, nous avons communiqué au ministère le budget nécessité par un tel contrat avec un sélectionneur. Nous attendons la réponse pour établir une short-list. Nous voudrions sincèrement que ce soit un grand nom afin de construire sur une période allant jusqu'au Mondial 2018, en Russie. Ce grand technicien ne serait pas nécessairement un étranger. Nous n'excluons pas dès le départ les compétences tunisiennes», conclut le président fédéral.