Lancement d'une campagne de sensibilisation pour convaincre les abonnés de payer leur consommation Le lot des factures d'électricité impayées n' a cessé de croître depuis la révolution, au grand dam de la Société Tunisienne de l'Electricité et du Gaz (Steg). Le chiffre est astronomique avec un coût total des impayés qui a atteint 538 millions de dinars en novembre 2013. C'est dans la catégorie résidentiel (petits clients) qu'on trouve le plus grand nombre d'abonnés qui ne règlent pas leurs factures. Ils représentent à eux seuls 55% des mauvais payeurs avec des impayés qui s'élèvent à 290 millions de dinars. Les foyers ne veulent plus payer leurs factures ce qui a fini par causer un bond des factures impayées pour cette catégorie, passant de 87 millions de dinars avant la révolution à 296 millions de dinars en 2013. «Même les gens riches ne payent pas leur facture, a relevé Mongi Bousbia, chef du projet recouvrement à la Steg. 773 mille clients dans le Grand-Tunis ont des factures impayées dont le cumul dépasse, pour chacun, 500 dinars». Quant aux autres catégories, elles ne sont pas en reste. Les administrations à budget autonome (ministères et administrations publiques) représentent 14% des mauvais payeurs avec un montant qui s'est élevé à 74 millions de dinars en novembre 2013, suivies des collectivités publiques qui représentent 11% (60,3 millions de dinars) et des sociétés nationales qui représentent 10% (53,3 millions de dinars). Les industriels qui sont, par contre, de bons payeurs, comptent seulement 4% qui ne s'acquittent pas de leurs factures d'électricité. Jusqu'ici la Steg n'a pas voulu prendre de mesures drastiques vis-à-vis de ses abonnés récalcitrants, évitant d'appliquer la réglementation en vigueur qui prévoit de couper l'électricité aux clients qui ne paient pas leurs factures dans les quarante-cinq jours qui suivent sa réception. C'est ce qui a contribué, d'ailleurs, au boom des factures impayées. «Le décret n°564 du 9 mars 2004 stipule que le client a un délai de 45 jours pour payer sa facture. Ce délai n'est pas du tout respecté», a, par ailleurs, relevé le chef du projet de recouvrement. Si la Steg est arrivée à un accord avec les administrations à budget autonome et les communes, en lançant les négociations pour le recouvrement de ses créances, il y va tout autrement pour la catégorie résidentiel (foyers). Les anicroches se sont multipliées depuis le début de la révolution et la vie n'a pas été facile pour les agents de la société qui ont rencontré de grandes difficultés pour entretenir les réseaux de la société, relever les index de consommation et distribuer les factures. Les agressions se sont répétées contre ces agents, victimes de l' animosité des abonnés qui ne veulent pas payer leurs factures. Il y quatre mois, un agent qui s'est rendu dans un des quartiers de la ville du Bardo pour réparer un poteau d'électricité, a reçu un coup violent sur le crâne. Un autre s'est vu confisquer les clés de sa voiture dans la région de Zaghouan. Confrontée à des difficultés financières, la Steg peine, aujourd'hui, à honorer ses engagements vis-à-vis de ses fournisseurs et de ses bailleurs de fonds. L'accumulation des impayés a plongé la société dans une crise de liquidités. Si la crise s'aggrave, elle en viendra, un jour, à manquer cruellement de liquidités et ne pourra plus acheter ni le gaz naturel ni le carburant servant à alimenter les grandes centrales de production d'électricité. «Il s'agit d'un scénario catastrophique, concède un cadre de la STEG. Mais on peut en arriver là. Si un jour, on n'arrive plus à alimenter nos centrales, l'électricité sera coupée alors sur une bonne partie du pays. Pour ne pas en arriver là, on a tiré la sonnette d'alarme». La société a décidé de jouer la carte de la dernière chance en lançant lundi dernier une campagne de sensibilisation, ciblant tous les abonnés qui n'ont pas payé leurs factures. Outre, l'envoi de messages téléphoniques, une équipe d'agents fait, tous les jours, du porte-à-porte pour négocier avec les clients afin de les convaincre de payer leurs factures. «La campagne a très bien démarré, note le chef du projet de recouvrement. Nos clients ont réagi positivement. Pour les modalités de payement des factures d'impayés, ce sera du cas par cas. Nous poursuivrons cette campagne pendant une semaine». Si certains abonnés continueront après cette campagne, à camper, tout de même, sur leur position, la Steg aura, alors, recours à la coupure d'électricité. «Et, en dernier recours, nous ferons appel à la justice, conclut M. Bousbia. Quant aux fraudeurs, ils risqueront la prison. Mais, nous espérons ne pas en arriver là».