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Quelle marge de manœuvre?
Opinions - Gouvernement Mehdi Jomâa
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 01 - 2014


Par Khémais FRINI
La légitimité d'un gouvernement dépend de sa capacité à assumer pleinement sa responsabilité régalienne (justice, sécurité des biens et des personnes sans discrimination, défense et protection du territoire). Tout gouvernement qui ne s'acquitte pas de sa responsabilité régalienne perd automatiquement sa légitimité avant même le terme de son mandat.
Le succès d'un gouvernement tient également à son aptitude à trouver les solutions aux problèmes économiques majeurs et à son habileté à conduire correctement un dialogue social fructueux.
Tout cela requiert que l'administration et ses services soient neutres et loin de toute influence partisane. Par conséquent, l'administration ne peut être noyautée par les fidèles aux partis au pouvoir. Le nouveau gouvernement ne peut se disculper de l'obligation de rectifier les dépassements intolérables commis à cet égard par le parti au pouvoir. Il doit remettre en cause rapidement et sans hésitation ces nominations dans le respect, bien entendu, des droits humains des personnes concernées.
De même, la justice doit être rendue par les juges et non par des ministres ou par l'administration et encore moins par des justiciers. Bien plus que les garanties offertes par la constitution, une démocratie doit pouvoir compter sur l'honorabilité et l'impartialité du juge.
Quant aux justiciers organisés autour de ligues de protection violentes, ils doivent disparaître et se plier à l'ordre républicain
La justice transitionnelle, quant à elle, ne signifie point règlements de comptes ni indemnisations incontrôlées ou injustifiées. On a tant disserté sur cette justice sans en définir clairement l'objectif : il faut convenir une fois pour toutes sur sa finalité, à savoir essentiellement et exclusivement la concorde nationale.
Cet objectif de concorde nationale conditionne tout progrès pour le pays et toute prospérité pour le peuple.
L'usage de concepts révolutionnaires abstraits et parfois empruntés outre- Méditerranée, sont souvent employés à des fins de fonds de commerce politique et électoral. Cela n'est plus apprécié par l'opinion. Le seul discours politique audible désormais est celui de la construction, de la sauvegarde de la nation, de sa souveraineté, de son économie et de la paix sociale.
Souveraineté, sécurité, relance économique, dialogue social, tels sont les maîtres mots qui vont conditionner le succès du prochain gouvernement.
Le gouvernement de Mehdi Jomâa sera t-il en mesure de saisir, outre les messages véhiculés par la feuille de route objet de consensus des partis politiques, les messages non déclarés de l'opinion publique.
Recommandations du dialogue national, on veut bien, mais aussi aspirations populaires plus larges. Le gouvernement doit en deviner la teneur et anticiper sur leur réalisation..
N'est-ce pas gouverner, c'est prévoir
Sans doute, une vision perspicace de ces aspirations populaires ne manquera pas aux nouveaux dirigeants pour une raison simple, c'est que leur jugement n'est pas biaisé par des considérations partisanes. Il est indispensable dans ce cas que le chef du gouvernement et ses ministres aient assez de personnalité et de caractère pour s'affranchir de toute tutelle partisane et résister à toutes les pressions politiques et aux délires idéologiques de toutes sortes.
Prendre ses distances vis-à-vis de ces partis constitue le sens même de leur neutralité et la raison du remaniement qui a lieu. Les ministres de ce gouvernement n'étant pas du tout censés représenter les partis politiques.
Bientôt ce gouvernement aura la confiance de la Constituante. Cela est certes est une bonne chose, mais cette confiance ne peut égaler celle éventuellement accordée par le peuple vu que l'opinion publique se trouve déjà en décalage par rapport à ses représentants dont les prestations ont été longtemps décevantes.
La confiance populaire est plus déterminante et elle n'est franchement acquise que selon les résultats immédiats et urgents : résultats qui devraient en l'espace de 100 jours, marquer le changement tant souhaité par le peuple, après les déboires d'ordre politique, social, économique et financier qu'il a vécus durant deux ans de gouvernance de la Troïka
Face à un climat politique pas encore complètement assaini (exclusion tous azimuts, invectives réciproques, querelles, retournement de situation, une constitution élaborée dans la précipitation au détriment de sa qualité etc.) il convient à ce gouvernement de se placer au-dessus de la mêlée pour éviter toute éclaboussure.
Seules comptent pour lui les grandes orientations qu'il se sera fixées dans l'intérêt général en s'inspirant tant des recommandations du Quartet que des aspirations des gens, et ce, sur le plan politique mais aussi social et économique.
En pratique, cela signifie qu'il devra être capable de trouver une entente pérenne avec les syndicats ouvriers et patronaux et les acteurs sociaux pour instaurer un climat de confiance susceptible de relancer les affaires et l'économie dans le pays. L'exemple des phosphates est une plaie dans le corps, jadis sain, de notre économie.
Il est inadmissible que la production de la première richesse nationale comme celle des phosphates soit stoppée pour des conflits sociaux. Il est vrai que le conflit s'est compliqué du fait qu' il s'est ajouté aux revendications des ouvriers une dimension sociétale qui touche toute la région.
L'absence lamentable de toute solution ou entente entre les parties prenantes démontre néanmoins l'incapacité, pour ne pas dire la mauvaise volonté, des gouvernants de la Troïka de conduire correctement le dialogue social.
On ne peut penser que le prochain gouvernement ait une baguette magique mais il pourrait donner des signaux qui rassurent sur la volonté de venir à bout de ses problèmes... Les problèmes sociaux ne peuvent pas être solutionnés par la force de la loi ou de la constitution.
Le dialogue peut arriver à des résultats probants s'il est mené avec la volonté d aboutir, et non dans un esprit de bras de fer entre les parties prenantes.
Il n'y a pas de revendications impossibles à satisfaire. Même les appels à faire profiter les régions concernées d'une part des recettes des phosphates ne sont pas nécessairement aberrants. Cela peut se discuter dans un cadre de paix sociale. Nous ne serions pas les premiers pays à moduler nos budgets pour la bonne cause de nos régions.
A titre d'exemple, au Canada, la province de l'Alberta, peu peuplée, produit du pétrole à ciel ouvert. Le système fiscal fédéral prévoit des ristournes sur les impôts payés par les Albertins à chaque fois que les recettes inhérentes à ce pétrole augmentent.
Bien sûr, cela suppose que tout le monde s'acquitte de ses impôts, ce qui n'est pas toujours le cas chez nous hélas. Néanmoins, cette contribution peut se faire par des priorités à l'emploi aux fils de mineurs, ou par une prise en charge de projets sociétaux de la région.
En amont à ces actions, il est nécessaire de rétablir la liberté des syndicats d'exercer leur mission loin des agressions morales et matérielles des milices. De même, les syndicats sont tenus de mettre de l'eau dans leur vin comme on dit. Ils doivent apprécier la situation difficile des finances de l'Etat et même celles des particuliers et réduire autant que possible les arrêts de travail.
Cela peut se faire pour autant que le gouvernement montre une clarté et une volonté de prendre des mesures de réformes urgentes avec le consentement des syndicats.
Le tourisme est un autre secteur qui connaît un marasme au niveau de sa productivité suite à l'effet néfaste des turbulences provoquées par la classe politique et ses querelles byzantines engendrant une défaillance sécuritaire et une baisse de l'image de marque du pays.
Les espoirs sont grands à ce niveau. Sur le plan aérien, une ligne directe sur l'Amérique du Nord ( USA, Canada...) est devenue une nécessité.
Là aussi, il convient d'intéresser les régions dans l'essor de ce secteur. La position d'une région loin de la côte ou du Sahara n'est pas un handicap pour son développement touristique.
On peut citer Marrakech, une cité mondiale du tourisme qui se trouve au milieu de nulle part et à 200 km de la côte atlantique et autant de la porte du désert.
L'Agriculture !, voilà encore un pilier de l'économie maltraité et peu productif... Des investissements peuvent s'avérer utiles dans le savoir-faire (cultures bio, cultures exotiques intensives, nouvelles méthodes d'irrigations etc.)... Les ressources humaines en ingénieurs, techniciens existent et peuvent pallier, par la méthode et le savoir-faire, les limites de nos ressources hydrauliques.
L'infrastructure de transport peut être repensée dans un cadre d'intégration régionale contrairement aux schémas coloniaux immuables. Révision des tracés des chemins de fer et des autoroutes. Sur le plan aérien une ligne directe sur l'Amérique du nord ( USA, Canada...) est désormais une nécessité.
La politique étrangère du pays doit subir une métamorphose complète pour enrayer les dégâts fâcheux subis suite aux bévues diplomatiques des deux dernières années... Cette reprise en main de nos relations internationales procurera plus de respect et rehaussera le prestige de l'Etat, sa crédibilité et son rayonnement...Une large coopération pourra alors renaître et permettra la réalisation des grands projets économiques.
Pour finir, il est nécessaire de donner à ce gouvernement le temps suffisant pour jeter les bases d'une véritable relance économique durable du pays, la paix sociale et le regain de respect dans le concert des nations.
Outre la réussite de l'opération sauvetage, cette période permet à la classe politique de réviser ses comptes, faire son autocritique, revoir ses référentiels, corriger ses maladresses, récupérer un peu plus de prestige. Elle est également nécessaire aux tunisiens pour sortir de la déprime créée par la division qui les a menacés et leur permet de se réconcilier entre eux et avec eux-mêmes.
Enfin, la Tunisie aura de fortes chances d'être apaisée pour de longues années. Il y va de l'intérêt général qui doit passer avant l'intérêt partisan.
(Ingénieur Isep Paris)


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