Un des chapitres de La Gestalt, l'art du contact, un livre écrit par Serge Ginger, nous apprend que nos «anciens» sont inconsciemment compétents en matière de thérapie. La Gestalt, l'art du contact, est un livre écrit par Serge Ginger, un des pionniers de la méthode en France, dès 1970. Avec sa femme, Anne Peyron-Ginger, il a fondé l'école parisienne de gestalt en 1980. Il est président de la Fédération internationale des organismes de formation à la gestalt (FORGE) et secrétaire général de la Fédération française de psychothérapie. Mais qu'est-ce que la Gestalt ? Prononcé «Guéchtalt» à l'allemande, ce terme veut dire «forme». Ainsi, Gestalt théorie veut dire : théorie de la forme. Le verbe «gestalten» signifie «mettre en forme, donner une structure signifiante». La gestalt est donc une forme structurée, complète et prenant sens pour nous. Dés notre naissance, la première forme importante que nous reconnaissons est une gestalt : c'est le visage de notre mère. Le nouveau-né n'en perçoit pas encore les détails, mais la forme globale est signifiante pour lui. Ginger écrit que « pour comprendre un comportement ou une situation, il importe donc, non seulement de les analyser, mais surtout d'en avoir une vue synthétique, de les percevoir dans l'ensemble plus vaste du contexte global, avoir un regard non pas plus «pointu» mais plus large : le «contexte» est plus signifiant que le «texte» («com-prendre», c'est prendre ensemble). Ainsi, pour analyser un évènement politique étranger, ajoute Ginger, il ne suffit pas de «parachuter» sur place un envoyé spécial : il importe surtout d'avoir une vision synthétique globale de l'économie mondiale et des grands enjeux de pouvoir. Après avoir évoqué quelques principes généraux dégagés par la Gestalt-théorie, l'auteur aborde le thème principal de son livre qui est la Gestalt thérapie. Celle-ci, appelée « Gestalt » tout court, est une psychothérapie qui vise à la résolution des troubles émotionnels et comportementaux par un travail sur les processus psychologiques et corporels de l'individu. Elle fut créée notamment par Fritz Perls —un psychiatre et psychanalyste allemand, émigré en Afrique du Sud puis aux Etats-Unis—, son épouse Laura Perls et Paul Goodman. L'ouvrage fondateur, intitulé Gestalt Thérapie, coécrit avec Paul Goodman et Ralph Hefferline, est paru en 1951. Le rêve et la forme Venons-en maintenant à la leçon de vie qui concerne notre rubrique. En lisant ce livre par intérêt pour le développement personnel et l'épanouissement humain, nous sommes tombés sur un chapitre consacré au rêve comme «message». Selon Perls, tous les différents éléments du rêve sont des fragments de la personnalité. Comme le but de chacun de nous est de devenir une personnalité saine, c'est-à-dire unifiée, il nous faut rassembler les différents fragments du rêve. «Nous devons nous réapproprier, dit-il, ces éléments projetés, fragmentés de notre personnalité et récupérer ainsi le potentiel caché du rêve... ». En Gestalt thérapie, au lieu d'analyser le rêve, de l'autopsier, on le ramène à la vie. Et c'est là où la «leçon» devient intéressante. En évoquant concrètement les dix approches, ou les dix aspects thérapeutiques du rêve, Ginger aborde un traitement en plusieurs phases successives, dont la suivante : «Le simple récit verbal du rêve au réveil s'avère utile en ce qu'il permet une meilleure accession à la conscience, des associations spontanées et une dédramatisation éventuelle». Cette phase nous a curieusement rappelé ce que nous disait notre mère au réveil, le matin, lorsque nous nous plaignions d'une mauvaise nuit de sommeil, soldée par un affreux cauchemar : «Répète ton rêve aux toilettes !», rétorquait-elle, en arabe dans le texte. Et ça marchait ! Seul, au petit coin, vous vous rendrez compte de la tonalité des émotions au réveil. Vous vous en débarrassez pour recouvrir un état interne plus agréable. Il faut croire que nos anciens étaient «inconsciemment compétents» en matière de Gestalt, comme dans beaucoup d'autres domaines, notamment les croyances liées aux émotions. Qui leur a appris, entre autres, que la présence des «pleureuses» est nécessaire pour le deuil ? Le rôle de ces professionnelles des cérémonies mortuaires est d'aider les proches du défunt à exprimer leurs émotions, en évoquant ses grandes qualités et en le pleurant à chaudes larmes. Ainsi le corps parle et la parole s'incarne. Car, lorsque les émotions sont refoulées, elles risquent de se transformer en tensions, qui prennent la forme d'une ou de plusieurs maladies. De toute façon, nous savons, pour l'avoir lu, que la Gestalt s'est bel et bien inspirée, entre autres, des approches phénoménologiques et existentielles et des philosophies orientales.