Les stations pilotes de gestion locale de l'eau, réalisées et testées dans le contexte tunisien en collaboration avec d'autres institutions de recherche, peuvent jouer un rôle important à l'avenir L'approvisionnement de la population en eau potable constitue un défi majeur à relever au cours des prochaines années. En effet, les ressources hydriques demeurent stables, voire en diminution, pendant les années de sécheresse — compte tenu des changements climatiques — caractérisées par un effet de serre et une baisse de la pluviométrie, alors que la demande enregistre un accroissement constant suite au développement démographique et à l'amélioration des conditions de vie des citoyens aussi bien en milieu urbain qu'en milieu rural. De plus, les différentes activités économiques comme l'industrie et le tourisme ont des besoins importants en eau. Le monde commence à se préparer sérieusement aux échéances futures en étudiant la situation actuelle et les perspectives de développement des ressources hydriques. C'est dans ce cadre, d'ailleurs, que le projet «L'utilisation durable de l'eau dans le bassin méditerranéen», financé par le programme ENPI-CBCMED, le Centre de recherches et technologies des eaux au Pôle technologique de Borj Cédria (Certe), a été lancé et a fait l'objet, le 25 décembre 2013, d'un atelier de travail. L'aspect institutionnel d'une bonne gouvernance de l'eau a été le thème principal examiné par les spécialistes dans ce domaine. La gestion locale de l'eau Les représentants de plusieurs institutions comme le Certe, les ministères de la Santé, de l'Equipement et de l'Environnement, de l'Agriculture et de l'Education et de la société civile ont formulé leur souhait d'inaugurer une nouvelle gouvernance participative de l'eau en impliquant les intervenants concernés. D'où la nécessité de mettre en place un système cohérent de gestion de l'eau — regroupant les différentes institutions — en tenant compte des priorités actuelles et en éliminant les obstacles qui freinent le développement de l'eau dans notre pays. Le Certe ne s'est pas contenté des études et des prévisions théoriques mais a effectué un travail précieux dans son laboratoire de traitement des eaux usées pour réaliser des projets de recherche et de développement pertinents sur la gestion locale de l'eau. Les résultats obtenus par la recherche peuvent être concrétisés sur le terrain. C'est ainsi que des stations pilotes de gestion locale de l'eau, réalisées et testées dans le contexte tunisien en collaboration avec d'autres institutions de recherche, peuvent jouer un rôle important à l'avenir. Ces projets doivent se multiplier pour une gestion durable et réfléchie de l'eau. Il est utile d'intégrer les résultats de la recherche dans le système de gouvernance de l'eau. Il s'est avéré aussi qu'il est difficile de réaliser une mise en œuvre de plans d'actions alors que l'aspect institutionnel et légal n'a pas pris en compte les solutions aux problèmes posés, identifiées par les différents acteurs. La gestion de l'eau, dans notre pays, est du ressort du ministère de l'Agriculture qui représente le secteur le plus utilisateur d'eau. En l'absence d' une institution chargée de la régulation éthique, l'observation, l'évaluation et le suivi des décisions travaillant dans le cadre d'une cohérence des différentes stratégies, la situation est devenue encore plus compliquée. Nouvelle institution indépendante Le nombre important d'acteurs intervenant dans la gestion de l'eau s'est traduit par la diversité des stratégies. Assurer une coordination efficace et une cohérence entre les différentes parties concernées — comme les ministères, offices et agences publics, directions déconcentrées, autorités locales, exploitants de services, usagers — est devenu, de nos jours, primordial. Il est urgent, de même, selon les spécialistes, d'instituer un mécanisme de gestion locale, équitable, transparente, efficace et durable de l'eau. Décentraliser la gestion n'a pas de sens si des actions de sensibilisation et d'information des utilisateurs ne sont pas mises en œuvre. Il est nécessaire dans ce cadre d'opter pour une approche participative et transparente. La coordination entre les différentes parties demeure essentielle afin de travailler en symbiose en menant des actions concrètes. Mieux que d'être attribuée au ministère de l'Agriculture, la gestion de l'eau devrait être confiée, selon les mêmes spécialistes, à une nouvelle institution indépendante. Sinon la gestion devrait se faire sous la tutelle de la présidence du gouvernement. L'activation du Conseil supérieur de l'eau permet de participer au développement d'une stratégie de l'eau. La mise en place d'une Instance de régulation indépendante à pouvoir décisionnel, responsable et redevable, complémentaire audit Conseil est souhaitée. Elle pourra réguler, suivre l'implémentation de la stratégie et des projets en respectant les réglementations en vigueur. D'après les représentants des parties prenantes, la gestion locale de l'eau devrait s'appuyer sur les structures locales et sur la nouvelle instance de développement durable et des droits des générations futures créée par la nouvelle Constitution tunisienne. Il est urgent, soulignent les participants à l'atelier de travail, de créer des mécanismes d'interaction à différents niveaux avec les structures de l'eau. Par ailleurs, les définitions, les droits et obligations, liés à la gestion locale de l'eau, devraient être clarifiés et convenus. Dans ce contexte, il faudrait commencer par le Code des eaux. Le recyclage des eaux usées et pluviales, qui devrait devenir une priorité, permettra de renforcer l'offre et d'améliorer la qualité. L'Etat est appelé aussi à fournir son appui aux structures concernées pour favoriser les projets public-privé. La mission du secteur privé pourrait être orientée vers des prestations de services, sous le contrôle des services publics.