Afin de rapprocher les produits artisanaux des Tunisiens et d'en faire une composante essentielle des habitudes de consommation de ces derniers, en leur donnant une meilleure visibilité, l'Office national de l'artisanat tunisien a choisi le centre commercial de Géant où près d'une trentaine d'artisans en provenance de 17 gouvernorats (Mahdia, Gafsa...) exposent des articles de grande facture jusqu'au 5 juin. Chaque artisan a su mettre en valeur les spécificités de chaque région, en créant des articles qui allient tradition et modernité, et qui épousent dans une parfaite harmonie les espaces d'habitation modernes. Originaire de Ras Jbel (Bizerte), Mme Habiba Bouhdiba a confectionné des parures de lit en lin et en coton magnifiquement brodés pour des trousseaux de mariées. «C'est ma mère, dit-elle, qui m'a appris la broderie. Je suis une femme au foyer et je passe mon temps libre à confectionner des parures de lit pour les jeunes filles de ma région qui vont se marier. En fait, mes produits se sont fait connaître de bouche à oreille. Je produis en très petite quantité pour des clients fidèles. Grâce à ce type de foire organisée par l'ONA, j'ai pu jouir d'une meilleure visibilité pour mes produits.» Dans le stand d'à côté, le jeune dinandier Abdelwaheb Ben Abdelkrim Zeramdini, originaire de Kairouan, expose de magnifiques articles en cuivre. Le jeune homme, digne héritier de son père, un célèbre dinandier de Kairouan, qui a reçu en l'an 2000 le prix présidentiel de l'artisanat, a choisi le créneau porteur des arts de la table et a élargi la palette classique des produits façonnés dans du cuivre martelé en laissant libre cours à une créativité sans limite. Outre la traditionnelle douzaine du trousseau de la mariée, le jeune homme s'est lancé dans la conception d'articles d'intérieur et de décoration qui s'adaptent à la vie moderne: plateaux en cuivre ornés de délicats motifs, coupes de fruits, service à eau, service à thé, récipients pour la conservation d'aliments... «C'est grâce à de jeunes designers diplômés de l'Institut des beaux-arts, nous confie-t-il, que je me suis lancé dans le créneau des arts de la table. Je me suis associé avec quelques-uns de ces designers qui m'ont apporté leurs idées. Je les ai déclinées en des articles en cuivre modernes et pratiques à utiliser. Ces articles ont eu beaucoup de succès. Je suis devenu le fournisseur de plusieurs boutiques spécialisées dans la vente d'articles en cuivre en Tunisie». L'ONA a également fourni l'occasion à de jeunes promoteurs qui ont été sélectionnés par une commission au sein de l'office, d'exposer et de mettre en valeur leurs produits au cours de ces journées. Architecte d'intérieur, Najet Salem, 24 ans, a donné une nouvelle dimension au mergoum en lui apportant une touche de modernité. Ce dernier a fait l'objet d'un relooking entre les mains expertes de cette jeune femme qui a pris le risque de sortir des couleurs classiques et d'assortir des couleurs chatoyantes et audacieuses. «C'est ma mère, dit-elle, qui m'a appris la tapisserie quand j'étais enfant et adolescente. En parallèle, j'ai fait des études et après avoir décroché mon baccalauréat, j'ai intégré l'Institut des beaux-arts et j'ai suivi des études d'architecture d'intérieur. Ensuite, j'ai connu le chômage comme beaucoup de jeunes de mon âge. Je suis retournée à Gafsa où j'ai monté mon propre atelier de tapisserie. Aujourd'hui, je compte beaucoup de clients originaires de Gafsa qui apprécient le mergoum sous sa nouvelle forme moderne. Mes articles se sont vendus comme des petits pains dans les foires organisées par l'ONA et où j'ai été conviée. En fait, j'adapte le mergoum aux besoins de la clientèle. Chaque client a la possibilité de choisir les dimensions qu'il désire, ainsi que les motifs et les couleurs qu'il aime. Je fais du sur-mesure». Sélectionné également par l'ONA, le jeune Karmaoui, qui a suivi une formation au Centre des arts du feu de Nabeul, maîtrise parfaitement l'art du soufflage et manie le verre à la perfection. Entre ses mains, le verre gonfle, s'étire, devient ovale ou oblong. De jolis bagues, colliers, bracelets prennent progressivement forme. Karmaoui confectionne également des accessoires où se mêlent pierres semi-précieuses et matières naturelles qu'il agrémente de petits motifs du plus bel effet. Le dernier-né qu'il a choisi d'exposer dans son stand : un bracelet confectionné avec des pierres volcaniques. «Ce sont des bracelets qu'on affectionne beaucoup en Europe, car ils dégagent des ondes positives», explique le jeune homme souriant. Bref, pour les amateurs de belles choses, ces journées dédiées à l'artisanat valent bien le détour.