Il serait sage de veiller à préserver les droits de chacun sans pour autant affecter davantage la balance des paiements eu égard aux difficultés économiques que connaît aujourd'hui le pays Les relations entre les bijoutiers, la Banque centrale de Tunisie et le ministère des Finances ne sont pas au beau fixe ces jours-ci. Les artisans, en colère, ont effectué deux sit-in mercredi dernier. Question de faire pression pour satisfaire leur demande. Mais il n'en fut rien. A en croire les bijoutiers, les accords signés avec la BCT concernent une entente sur l'achat aux cours internationaux de l'or mais, en aucun cas, sur les quantités vendues. C'est ce qu'affirment Nacer Dridi, membre du bureau exécutif de l'Utica et les représentants des bijoutiers dans la Fédération des métiers. Les bijoutiers demandent à acquérir leur quota mensuel d'or pur, soit 200 grammes par artisan certifié. Or, la BCT n'est pas en mesure, du moins dans le contexte économique morose que traverse le pays, de répondre aux demandes des bijoutiers. Un communiqué de la BCT, suite aux deux sit-in organisés, mercredi dernier, devant le siège de la BCT et du ministère des Finances, précise que «compte tenu des retombées de l'importation de l'or sur la balance de paiements et les réserves de change du pays, il a été décidé de fixer une quantité d'or maximale aux alentours de 40 kilogrammes, devant être distribuée mensuellement au profit des bijoutiers». Des bijoutiers dont les demandes ne cessent de s'accroître depuis quelque temps. En effet, elles ont atteint, selon le communiqué de la BCT, 54 kg, 80 kg et 65 kg, au cours des mois de décembre 2013, janvier et février 2014, contre des demandes mensuelles variant entre 28 et 45 Kg au cours de la même période, des années 2010 à 2013. La BCT a, par ailleurs, appelé, «les bijoutiers à faire preuve de professionnalisme et de réalisme et à honorer leurs engagements, et surtout à prendre en considération la conjoncture économique difficile que traverse le pays». Du côté des bijoutiers, ils estiment que leur demande est justifiée et que c'est leur droit le plus absolu de bénéficier des quantités réclamées. Nacer Dridi a affirmé que l'Etat est tenu de fournir l'or aux artisans afin qu'ils puissent travailler, et s'acquitter de leurs charges. «Nous avons des taxes, des salaires à payer, et on a besoin de nos quotas pour pouvoir travailler et honorer nos engagements», a-t-il déclaré aux médias. Commerce parallèle de l'or Et d'ajouter, les accords signés avec la BCT n'ont jamais concerné la limitation des quantités mais uniquement l'achat aux cours internationaux. «Or, la quantité que la BCT veut nous vendre, ne satisfait nullement nos demandes. Sachant que le nombre d'artisans bijoutiers s'élève à environ 1.000 personnes». D'où le mouvement de protestation, organisé par la Chambre syndicale régionale des artisans bijoutiers de Tunis, relevant de l'Utica, mercredi dernier, devant la BCT et le ministère de tutelle. Une manière de dénoncer les problèmes des professionnels qui perdurent ainsi que la non-satisfaction de leurs demandes. Outre leur quota mensuel d'or pur, les bijoutiers ont réclamé leur part du recyclage de l'or cassé, (de 1 à 300 gr), sans avoir à se rendre au laboratoire central (relevant du ministère de l'Industrie) pour la vérification de la qualité de l'or. Ils ont également dénoncé le commerce parallèle de l'or qui a gravement nui à la profession. Ils ont, à ce titre, appelé les autorités compétentes, «à intensifier le contrôle du marché parallèle qui regorgerait d'or falsifié, de recycler l'or cassé sans avoir à se rendre au laboratoire central pour la vérification de la qualité de l'or et de restituer la facturation». Sans compter qu'ils ont proposé de recourir aux stocks, qui seront fournis par le ministère des Finances, s'il en dispose, toujours d'après la BCT. La BCT a rappelé que les réunions organisées avec la profession ont abouti à trois accords pour, entre autres, «simplifier les procédures d'achat et de vente de l'or, de fixer les prix sur la base des cours mondiaux et de recourir à l'importation en cas de besoin». Cependant, l'importation de l'or n'est pas sans impact sur la balance de paiements et les réserves de change du pays. D'où la décision de la BCT de «fixer une quantité d'or maximale aux alentours de 40 kilogrammes, devant être distribuée mensuellement au profit des bijoutiers (procédure déjà adoptée auparavant), en vue de répondre à leurs besoins». Il est à noter que le coût de l'or fourni, pour satisfaire les demandes des bijoutiers s'est élevé, selon la BCT, au cours des trois derniers mois, à environ 8,7 MD, dont 5 MD, au titre de l'importation. Eu égard au contexte économique difficile que traverse le pays, il serait sage de trouver des issues rationnelles , pour préserver les droits de chacun, sans pour autant alourdir davantage le déficit de la balance des paiement de l'Etat.