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Histoire de la grenouille qui se mesure au bœuf
Chronique du temps qui passe
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 03 - 2014


Par Hmida BEN ROMDHANE
Si l'on applique la fable de Lafontaine «la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf» au comportement de certains pays sur la scène internationale, le premier nom qui saute aux yeux est incontestablement le Qatar. Bénéficiant d'un hasard géologique qui lui a permis d'engranger les milliards, ce pays minuscule, aussi bien par la taille que par la population, s'est mis en tête de jouer dans la cour des grands et d'imiter leur ingérence dans les affaires des autres.
Que les Etats-Unis ou la Russie ou la Grande-Bretagne s'ingèrent dans les affaires intérieures de petits pays, cela ne surprend personne. La puissance de leurs économies et de leurs armées leur permet de s'adonner à cette pratique, certes condamnable, mais banale dans un système international basé, depuis sa naissance, sur le rapport de force.
Le Qatar n'a ni une économie puissante, ni une armée digne de ce nom. Son seul atout réside dans la fortune avec laquelle il s'est permis même d'acheter l'organisation de la Coupe du monde de football de 2022. Le malheur pour ce pays est qu'il ne s'est pas contenté de préparer l'organisation de la coupe du monde, mais il s'est lancé tête baissée dans la désorganisation du monde arabe.
Les «stratèges» du Qatar, en traçant la politique étrangère de leur pays, étaient dans la disposition psychologique de la grenouille qui voulait gagner le pari de se faire aussi grosse que le bœuf. Comment expliquer autrement le comportement de ce pays de 11.500 kilomètres carrés et de 0,5 million d'habitants qui a entrepris depuis le début de 2011 l'incroyable mission d'influencer le destin de dizaines de millions d'Arabes avec pour seules armes une chaîne de télévision à la réputation douteuse et une réserve colossale de devises fortes?
Avec l'éclatement des troubles de ce qui est appelé «le printemps arabe» en Tunisie, en Egypte, en Libye et en Syrie, le petit émirat a cru voir une occasion en or de se débarrasser de son complexe d'infériorité, né de sa petitesse géographique et démographique, et de faire son entrée dans la cour des grands. Ordre fut donné à «Al Jazeera» de couvrir les troubles en les amplifiant, et surtout en manipulant l'information de manière à jeter de l'huile sur le feu. Parallèlement, l'argent a commencé à couler à flos en faveur des mouvements islamistes sur lesquels le Qatar a misé en tant que force politique qui devrait prendre la relève.
Après trois ans d'activisme tous azimuts, le petit émirat se trouve dans le pétrin. Le cheval sur lequel il a misé s'est révélé être un tocard et les conséquences de ce choix risquent de tourner au désastre pour le régime en place à Doha. Le Qatar n'est pas un Etat religieux et ses politiques intérieure et extérieure ne sont pas inspirées par « les principes » islamistes. Pourtant, en Egypte, en Tunisie, en Libye et en Syrie, il a joué à fond la carte islamiste.
Deux considérations expliquent ce choix. D'abord, la conviction que les islamistes seront les seuls bénéficiaires du «printemps arabe», ensuite les aider à conquérir le pouvoir et le consolider dans les pays où des révolutions ont eu lieu reviendrait à conjurer le danger islamiste à l'intérieur et donc à préserver la stabilité du Qatar.
Ce calcul des « stratèges » qataris s'est révélé faux. D'une part, les islamistes n'ont pas été en mesure de garder le pouvoir en Egypte et en Tunisie, et l'opposition islamiste armée, financée par le Qatar en Syrie, résiste mal aux assauts des forces armées gouvernementales. D'autre part, le revirement de l'Arabie Saoudite vis-à-vis des «Frères musulmans», qualifiés vendredi dernier de «mouvement terroriste» par Ryadh, met le Qatar dans une situation extrêmement intenable qu'elle n'a pas expérimentée depuis la création du Conseil de coopération du Golfe en 1981, pour ne pas dire depuis son indépendance dix ans plus tôt.
Aux dernières nouvelles, et après les retraits de Doha des ambassadeurs saoudien, émirati et bahreïni, l'Arabie Saoudite a encore mis la barre plus haut, exigeant du turbulent voisin non seulement d'arrêter de financer les Frères musulmans, mais de fermer purement et simplement la chaîne «Al Jazeera», d'expulser Youssef Qaradhaoui, la cheville ouvrière du terrorisme islamiste, et, étonnamment, de fermer les bureaux de deux institutions américaines, le Brookings Institute et la Rand Corporation. En cas de refus de ces conditions saoudiennes, le Qatar devrait s'attendre à un blocus maritime et terrestre.
En fait, le Qatar a déjà choisi la fuite en avant. Il a annoncé par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Khaled Al Attiya, que «l'indépendance de la politique étrangère du Qatar est non négociable». Selon lui, le Qatar n'a fait qu'«aider les démocraties émergentes dans le monde arabe», «jouer les médiateurs pour faire régner la paix », « éteindre les foyers de tension» et «résoudre les conflits violents».
Il est hautement improbable que de tels mensonges et de telles contre-vérités aident le minuscule émirat à sortir du guêpier dans lequel il s'est fourré par l'incapacité de ses dirigeants à mesurer les conséquences de leurs politiques avant de les mettre en œuvre. Le Qatar est aujourd'hui au pied du mur et est abhorré par l'écrasante majorité des Arabes. Le régime futile et arrogant qui dirige ce pays n'a guère le choix qu'entre faire amende honorable en mettant un terme à son aventurisme politique, ou prendre le risque de se retrouver, d'un coup de balai, dans la poubelle de l'histoire.


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