La 14e édition de cette manifestation, qui sera organisée chaque année par le ciné-club de Tunis, a commencé mercredi dernier, avec une performance sonore et visuelle originale. Cette manifestation est née au début des années 2000, alors que la chape de plomb était encore lourde, même sur la culture. Les membres du ciné-club de Tunis, en ces temps, en collaboration avec les volontaires de l'association humanitaire «El Taller», ont réfléchi sur une rencontre d'une semaine, qui allierait cinéma et thématiques se rapportant aux droits de l'Homme. Et c'est à la maison de la culture Ibn-Rachiq que la première édition est née, créant un engouement considérable avant qu'elle ne soit arbitrairement et violemment interdite lors de sa deuxième édition. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts : de nouveaux volontaires et cinéphiles ont continué la route et le cinéma de la paix a continué à exister, toujours autour des mêmes objectifs, mais avec des visions qui ne cessent d'évoluer. Et, pour la 14e édition, l'ouverture s'est faite tout en originalité, avec un Ciné-mix sur le film Le 7e sceau, du cinéaste suédois Igmar Bergman. Réalisé en 1957, Le 7e sceau est une allégorie autour de la mort et du jugement dernier. Au XIVe siècle, la grande peste ravage la Suède. De retour des Croisades, où ils ont passé dix ans de leur vie, un chevalier et son écuyer rencontrent la Mort sur une plage déserte. Le chevalier lui propose une partie d'échecs, espérant retarder l'échéance fatidique, le temps de trouver une solution à ses problèmes métaphysiques du genre : Dieu existe-t-il ? La vie a-t-elle un sens ? L'épidémie de peste est-elle celle dont parle l'Apocalypse ? Tandis que l'écuyer professe l'idée du néant, le chevalier refuse de le croire. Non loin d'eux, une jeune famille de baladins chemine au cœur du pays tourmenté. A leur contact, le chevalier découvre le bonheur de l'insouciance des âmes pures et redécouvre les plaisirs simples de la vie. Mais la Mort frappe à la porte et les entraîne dans une fantastique danse macabre. Le choix de ce film pour en faire un ciné-mix s'est avéré des plus intéressants. Le mix proposé par Oussama Gaidi a su accompagner les images de Bergman : des images qui embrassent le mystique, frôlent «l'iconoclastie», jonglent avec le clair-obscur, et l'on puise dans la mythologie et les scènes bibliques. Et pas seulement : le film, qui évoque des questions métaphysiques, offre une atmosphère propice à des envolées électroniques dans l'air des temps les plus actuels. Et dire que cette œuvre, qui date des années 50, parvient à épouser si parfaitement une musique si moderne. La semaine du cinéma de la paix se poursuivra au Mondial, avec plein d'autres rendez-vous, avec des films pour parler d'art et d'esthétique, et aussi d'humanisme.