Presque trop facile. Euphorique, la presse allemande salue la qualificationde la Mannschaft et ironise sur les faiblesses des Bleus, trop inexpérimentés, battus 0-1. Applaudir le but de Mats Hummels, saluer la prestation du gardien de but Manuel Neuer, mesurer le chemin qui reste jusqu'au titre... La presse allemande a visiblement mieux à faire, hier, que de décortiquer la prestation des Bleus, battus vendredi 0-1 en quart de finale de la Coupe du monde.La presse tabloïde, bien sûr, ne résiste pas au plaisir de saupoudrer quelques mots de français sur ses unes triomphantes. Le Hamburger Morgen Post adresse ainsi un vibrant «Merci !» au défenseur Mats Hummels, auteur du seul but de la rencontre, tandis que Sport Bild, numéro un de la presse sportive outre-Rhin, fait coup double sur son site internet : «Adieu, les Bleus» et «Chapeau, Deutschland !» Die Tageszeitung est le seul quotidien à afficher la photo d'un joueur français, Olivier Giroud, sur la page d'accueil de son site internet. Sous le titre «Des adversaires solides», le constat est pourtant sans appel: «En tant qu'outsider, le Ghana et l'Algérie [précédents adversaires des Allemands] n'avaient rien à perdre et avaient su prendre un ascendant psychologique, comme l'avait remarqué Löw. Les battre n'avait pas été une mince affaire. S'imposer en quart de finale n'a pas non plus été une partie de plaisir. Mais on s'attendait à ce que les Français se montrent plus coriaces, eux qui étaient si convaincants depuis le début de la compétition». La Süddeutsche Zeitung, qui passe en revue la prestation de chacun des joueurs français, n'est guère plus tendre. Hugo Lloris, le gardien tricolore? Visiblement «pas de la trempe d'un Manuel Neuer», son alter ego allemand. En tout cas pas au jeu au pied. Mathieu Debuchy ? Son jeu est trop «rustique». Raphaël Varane? «Il doit encore travailler physiquement, s'il veut rivaliser avec Pepe et Sergio Ramos [ses coéquipiers au Real Madrid]. En tout cas, face à Mats Hummels sur le point d'inscrire son but, ces deux derniers n'auraient pas rebondi contre le corps du joueur de Dortmund comme un ballon de volley contre un mur». Karim Benzema, lui aussi, a droit aux piques du quotidien munichois : «Tout le jeu des Bleus se tend vers lui quand il attend le ballon, corps baraqué et mine sombre. On lui confierait sans sourciller la tâche de tirer le TGV de Lyon jusqu'à Paris. Ses coéquipiers l'ont cherché encore et encore, et parfois l'ont trouvé. Toutefois, c'est assez lamentablement que Benzema a manqué sa première occasion, de presque dix mètres. A la deuxième tentative, il a envoyé le ballon dans le ventre de Hummels, un tir qui n'était pas non plus un chef-d'œuvre (...) Pour sa dernière occasion, la trajectoire du ballon s'est heurtée à la main droite de Neuer». Une fois marqué le but allemand, «les téléspectateurs n'ont jamais eu la sensation que la France allait remonter au score. En tant qu'adversaire, elle n'était pas assez convaincante», renchérit Die Welt. Le quotidien berlinois tire son chapeau à Joachim Löw, le sélectionneur de la Mannschaft: «Les modifications courageuses qu'il a apportées ont été la clé de la victoire». Philipp Lahm en arrière droit, Mats Hummels et Jérôme Boateng pour une charnière inédite en défense, Per Mertsacker sur le banc, Sami Khedira et Bastian Schweinsteiger ensemble au centre et Miroslav Klose propulsé à l'attaque : avec cette composition «audacieuse et surprenante», comme la qualifie la Berliner Zeitung, Löw a su emporter la mise. C'est «la victoire du joueur de poker», titre Der Spiegel : «Le quart de finale n'a pas été remporté seulement par la Mannschaft, mais avant tout par son sélectionneur».