Deux Egyptiens morts à la suite d'affrontements avec des parties sécuritaires libyennes Le nombre d'entrées sur le territoire tunisien continue d'augmenter à la frontière libyenne, dans le sud-est du pays. Au poste de Ras Jédir, plus de 10.000 personnes auraient passé la frontière dans la seule journée d'hier, craignant une fermeture de celle-ci selon des sources sécuritaires interrogées par l'agence de presse TAP. Au total, plus de 30.000 personnes seraient entrées en Tunisie depuis l'Aïd, selon Mongi Slim, le responsable du Croissant rouge tunisien dans la région. Une sécurité renforcée Les récentes violences en Libye ont entraîné le départ de nombreux diplomates et un flux de réfugiés au poste de Ras Jédir, désormais en état d'alerte. Les forces de sécurité tunisiennes y ont ainsi renforcé les mesures de sécurité et procèdent à des fouilles minutieuses pour éviter l'infiltration d'armes ou de personnes constituant un danger pour la sécurité nationale. Si les Tunisiens, les Libyens et les Occidentaux peuvent passer la douane avec leur passeport, les ressortissants d'autres pays doivent obtenir un laisser-passer ou de séjour. C'est notamment le cas des Egyptiens qui étaient retenus en masse hier au poste frontalier dans l'attente d'une autorisation (environ 2.000 personnes), selon les correspondants présents sur place. Des coups de feu ont même été tirés en l'air du côté libyen pour empêcher certains de passer en force en fin d'après-midi. Au total, près d'un millier d'Egyptiens et de Jordaniens ont finalement reçu un un laisser-passer et ont été emmenés en bus jusqu'à l'aéroport de Djerba pour rejoindre leur pays hier. Malheureusement, l'on apprend que deux citoyens égyptiens ont trouvé la mort à la suite d'affrontements avec des parties sécuritaires militaires libyennes. Absence de camps de réfugiés «L'incident est survenu à la suite de l'intervention des forces de sécurité libyennes qui ont fait usage de leurs armes en voulant disperser les Egyptiens, au nombre de près de 15 mille, qui cherchaient à passer la frontière», précise une source au poste frontalier de Ras Jedir. A ce jour, aucun camp de réfugiés n'a toutefois été installé à proximité de la frontière, selon Mongi Slim. «Nous ne voulons pas revivre la situation de 2011», a affirmé le responsable, en faisant référence au camp de Choucha de Médenine. Les organisations humanitaires sont toutefois peu sollicitées : «Nous sommes installés près de la frontière mais personne ne nous demande de l'aide», a affirmé Mongi Slim. «Les Libyens passant les contrôles sont motorisés pour la plupart et ils rentrent directement dans le pays» a-t-il constaté. Pour l'heure, le Croissant rouge, et le Haut-commissariat au réfugiés de l'ONU ont donc installé des cellules de contrôle mobiles pour venir en aide aux Libyens, leur apporter des soins et les aider à trouver un logement le cas échéant. «Nous avons installé des équipes à Zarzis, Médenine et Djerba» a précisé Mongi Slim. Le Croissant rouge collabore avec le gouvernement et d'autres organisations internationales pour assurer un soutien aux personnes déplacées et se préparer à la possibilité d'un afflux massif de réfugiés. Une éventuelle fermeture de la frontière Mercredi, le ministre des Affaires étrangères, Mongi Hamdi, n'a pas exclu une fermeture des frontières en cas de dégradation de la situation «afin de préserver l'intérêt national». Si les Libyens arrivaient en masse dans le pays, la Tunisie n'aurait pas les capacités économiques d'accueillir tout le monde, selon le ministre. Mais si certaines sources sécuritaires ont affirmé à l'agence de presse TAP que les frontières vivaient une crise semblable à celle de 2011, Mongi Slim a plutôt constaté une amélioration de l'organisation des forces de sécurité : «Au vu du nombre de déplacés, la situation semble similaire à celle de 2011 , mais l'Etat a pris ses responsabilités et je note une nette amélioration du fonctionnement du poste frontalier», a-t-il dit.