L'état d'anarchie que vit le pays n'a que trop duré. Il est grand temps pour qu'une action de grande envergure soit entreprise pour y mettre fin. Quatre ans cela suffit! Le Tunisien, celui respectueux de lui-même et des autres, qui fait de la correction et de la civilité son credo, n'en peut plus. Le chaos a assez duré et il faut qu'on y mette fin et que le retour à la normale soit amorcé, puisque ces «citoyens» — qui font du désordre une seconde loi n'ont pas compris qu'ils font du tort aux autres et au pays qui s'achemine droit vers la dérive par leur compartement qui fait fi des règlements qui régissent la société — ne prennent en considération que leurs petits intérêts. Pendant plus de trois années et demie, on a vu de tout et on nous a fait subir tout et tant d'injustice. On ne reconnaît plus nos routes devenues théâtre de tous les dépassements et banditismes. Nos villes et nos villages présentent un visage hideux avec toutes ces saletés qui jonchent les trottoirs et les chaussées, avec ces guérites de misère qui ont occupé les espaces publics et où on étale toute sorte de produits. La circulation automobile et piétonne est quasiment impossible dans certaines des ces artères. Rien n'a été fait pour tout au moins canaliser cette déferlante d'incivilité. Il y a quelques descentes policières, mais elles restent sans effet. Cela s'apparente plutôt au jeu du chat et de la souris entre agents municipaux policiers et ces commerces qui ont envahi tout et partout. Quant aux conducteurs, chacun se fait prévaloir d'un code propre à lui qui fait de la loi son dernier souci. Sur chaque passage d'une vingtaine de véhicules au feu vert il y a au moins cinq au six qui grillent le feu rouge dans une totale impunité et avec cette arrogance qui caractérise le comportement des Tunisiens. Si on s'amusait-façon de parler — à installer des caméras au niveau des feux, on relèvera au bas mot cinq mille infractions uniquement au rond-point de l'horloge de l'avenue Habib-Bourguiba, l'espace de douze heures seulement de sept heures à dix-neuf heures. Et ce n'est nullement exagéré. Tous, jeunes moins jeunes, hommes et femmes se comportent à l'identique. Les agents de la circulation ne réagissent que rarement, par nonchalance ou par débordement. Allez savoir! Les rares gens encore respectueuses du code de la route sont souvent l'objet d'insultes de la part de ceux qui veulent griller les feux. L'insubordination et l'incivilité gagnent du terrain partout et deviennent la règle. La loi est bafouée avec ostentation. Insubordination et impunité! Au volet constructions anarchiques, tout se fait ces derniers temps au grand jour. Nos quartiers, même ceux jusqu'à une date récente épargnés par cette invasion du béton sont complètement défigurés. Là où il ne faut pas dépasser deux niveaux, on érige de petits immeubles sur des parcelles conçues pour des villas, on enfreint les distances réglementaires, entre les habitations, on sort des commerces sur les façades, on construit des studios etc. Cela devient infernal pour tout citoyen ayant cru avoir construit sa petite maison pour avoir la paix en rentrant chez lui, avec le bruit des portails claqués, les cris des enfants du voisinage, les veillées jusque tard dans la nuit. Et les services municipaux dans tout cela? On ne les voit pas, et même si on prenait attache avec eux pour les alerter des infractions commises, on fait la sourde oreille et aucune suite ne peut avoir lieu. On laisse faire! La liste des méfaits commis par ces hors-la-loi est très, très longue tellement nous vivons aujourd'hui dans un pays où tout va de travers sans que les autorités daignent réagir pour freiner cet élan destructeur qui a gagné nos campagnes et menace de plus en plus les terres agricoles qui nous font vivre. Aujourd'hui, tous les bords de routes ont vu naître des constructions de tout genre entraînant d'autres qui mettent fin à la vocation agricole de ces terres. Plus rien ne reste de la plaine de Séjoumi, de celles entourant Radès, Ezzahra, La Manouba, Ariana. Mornag, région arboricole par excellence, subit de nos jours un saccage en règle. Des vergers entiers ont disparu pour laisser place au béton. Où est cette loi qui interdit toute construction sur un terre agricole sans qu'elle soit déclassée ? Où sont les services du ministère de l'Agriculture? On ne sait que répondre, car tout le monde est devenu adepte de cette politique de l'autruche, on se cache la tête et on ne voit rien. Voilà où nous en sommes en Tunisie après tant d'espoirs nés du changement intervenu un certain 14 janvier 2011. Mais cela ne pourra perdurer à l'infini, et il faudrait, pour se faire, réagir. Et si l'Etat en est incapable, des alternatives doivent se mettre en place pour sauver le pays de l'état où il se trouve et du gouffre vers lequel il fonce tout droit par la faute de ceux qui piétinent la loi. Des associations doivent être créées pour défendre ce pays face à ces casseurs. On devra agir dans ce sens si l'autorité issue des prochaines élections rechigne à assumer ses responsabilités. Il y a dans ce pays des lois, des lois avant-gardistes même, il faudrait les exhumer et en user pour sévir contre quiconque met l'intérêt de la communauté en péril. La société civile qu'on voit s'intéresser souvent à des questions anodines a du pain sur la planche et pourra être plus utile en allant au charbon pour permettre au pays de retrouver cette image qu'il a perdue. Des procès doivent être intentés contre tous ceux qui défient les règles en vigueur et mettent tout sens dessus-dessous. L'impunité n'a que trop duré et l'anarchie n'est nullement une fatalité. Il faudrait la combattre pour en finir avec et pour que tout le monde comprenne que la Tunisie n'est pas la jungle qu'il croit. Il faudrait que cette Tunisie revienne à ses fondamentaux qui ont toujours fait d'elle un exemple dans son voisinage. La parenthèse devra être fermée une fois pour toutes afin que cesse cet état de non-sens.