Députée à l'ANC, professeur agrégée en pneumologie, elle se représente aux législatives du 26 octobre sous la bannière d'Afek Tounès. Tête de liste à Médenine, elle est déterminée à relever le défi afin de contribuer au parachèvement de l'étape constituante Quelles sont les raisons qui vous ont incitée à vous représenter aux législatives ? Et quels sont les principaux axes de votre programme électoral ? Je vous dirai pourquoi je ne me représenterai pas ? Je suis entrée dans le monde politique pour servir la Tunisie et ma région. L'étape constituante et fondatrice n'est pas encore parachevée. Nous avons, certes, réalisé la première étape, l'écriture du «Destour», mais durant ces trois dernières années, la Tunisie a reculé au niveau économique et social. Et nous l'avons perçu à travers la déception des citoyens qui ont perdu toute confiance dans le monde politique, comme si le vote n'est plus un droit, mais une faveur. C'est pourquoi tous les dirigeants d'Afek Tounès prônent la reconstruction de la Tunisie moyennant des réformes structurelles profondes. Notre programme électoral se focalise sur la manière de renouveler le modèle de développement économique et social. Pour cela, il faut des réformes structurelles importantes car, durant 50 ans, nous avons appliqué la même politique. Bourguiba a, certes, créé l'Etat moderne et assuré la gratuité de l'éducation et de la santé, mais cette politique n'a ni évolué, ni changé. Afek Tounès a donc présenté, entre autres, un programme économique détaillé : comment simplifier la loi de finances, les procédures fiscales, etc. Notre message est simple : nous disons que la réalité économique et des régions est partout la même et c'est le programme économique national qui est à l'origine de cette situation précaire. Nous avons, lors de notre campagne électorale, fait du porte-à-porte, nous avons soumis un questionnaire aux citoyens sur les principaux problèmes nationaux et régionaux et nous avons constaté que trois problèmes essentiels préoccupent les électeurs au plan national : le pouvoir d'achat, la sécurité et le chômage. S'ajoute à ces trois problèmes, au plan régional, la question de l'environnement et des déchets industriels et ménagers. J'estime, par conséquent, que je n'ai pas le droit de dire, durant cette campagne électorale : voilà mon programme, car l'important c'est d'instaurer un Etat de droit, mais aussi d'identifier exactement les ressources naturelles. Or, nous n'allons pas mentir aux gens, en disant que la Tunisie flotte sur le pétrole comme l'avancent certains. Bien au contraire, nous n'avons pas de ressources et les solutions aux problèmes du pays ne se trouvent pas dans les promesses en l'air. C'est pourquoi d'ailleurs les Tunisiens nous font confiance. Ils nous connaissent et savent que nous sommes sérieux et que nous avons réellement diagnostiqué les problèmes du pays auxquels nous proposons des solutions. Personnellement, en tant que membre du Conseil régional de Médenine, je suis parfaitement au fait des problèmes de la région. Je ne peux donc faire des promesses en l'air, surtout que cela dépendra de la politique qui sera menée après les élections. En revanche, je révèle aux électeurs et aux citoyens ce que l'on doit faire et non ce que l'on veut faire pour le pays. Et c'est là le message d'Afek Tounès. Nous avons ainsi présenté, entre autres, un programme détaillé pour les secteurs de la santé et de l'éducation. Quelle place occupe les femmes dans votre programme électoral ? Et comment se déroule votre campagne électorale au plan financier et logistique ? A chaque réunion je consacre toujours une place aux femmes et aux problèmes qu'elles rencontrent et qui ont trait, notamment, au chômage : 48% des femmes diplômées de la région de Médenine sont au chômage, car les secteurs privés préfèrent employer des hommes. Les femmes sont employées seulement par le secteur public. Il existe également le problème du salaire inégal, les femmes sont moitié moins payées que les hommes. Et les exemples sont légion dans les hôtels, par exemple. Ainsi, les droits des femmes ne sont pas aussi respectés qu'on le dit. Pour changer cette situation, j'incite les femmes, dans ma région, à s'impliquer davantage dans la vie politique en s'activant dans les conseils régionaux, les associations et autres structures régionales afin d'œuvrer ensemble pour faire évoluer la condition des femmes. Concernant notre campagne, nous faisons du porte-à-porte en nous déplaçant dans plusieurs quartiers, lundi dernier nous étions à Ben Guerdane. Nous recevons des appels d'autres quartiers que nous n'avons pas pu visiter, faute de temps. Et dès qu'on nous fait signe, nous essayons, dans la mesure du possible, de nous y rendre. Je crois qu'Afek Tounès créera la surprise lors de ces législatives. Concernant le financement de notre campagne, nous sommes très organisés et nous avons arrêté notre budget avant le début de la campagne et de manière détaillée. Pour nos militants, il s'agit de relever le défi et d'œuvrer ensemble afin d'arracher les premières places. Comment voyez-vous le paysage politique après les élections, consensuel ou façon majorité/position ? Nous sommes pour un débat sur le programme économique et social afin de créer le consensus concernant l'avenir du pays. Car ce n'est un secret pour personne, la situation économique est difficile et il faut entreprendre des réformes économiques et sociales. D'où la nécessité d'un consensus d'une bonne majorité des partis. Et j'estime que beaucoup de partis peuvent s'engager autour du programme économique d'Afek Tounès qui est, et nous en sommes convaincus, le meilleur. Mais au-delà du consensus, il y aura toujours une opposition. Ce qui est bénéfique pour le Parlement. Je pense qu'aucun parti n'aura la majorité absolue, donc, forcément, les coalitions vont se fonder sur les programmes.