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«On aurait pu faire de plus grands pas!»
Entretien du lundi: Lassaad ben Abdallah
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 11 - 2014

Son rôle de composition (Khalti Khadra) conduit avec brio dans le film Bastardo de Nejib Belkhadhi ne nous a pas laissé indifférent. Lassad Ben Abdallah, acteur et metteur en scène de théâtre, reviendra sur scène avec El mansya juste après les JCC. Un spectacle présenté en première lors de la 50e édition du festival international de Carthage.
Après El mensiyet en 2000, vous êtes revenu à ce même concept, 14 ans plus tard...
Le premier spectacle s'inspirait plutôt de la région du Nord-Ouest, surtout du Kef où je vivais à l'époque. C'était un travail sur le patrimoine oral. 14 ans après, nous voilà avec El mansya qui résulte d'une accumulation de tournées et d'expériences, surtout celles des trois dernières années. Il s'agit cette fois d'un travail qui s'est fait sur tout le patrimoine oral de la Tunisie : de Douz jusqu'au Kef franchissant même la frontière algérienne. C'est ça la différence entre les deux spectacles. Ainsi avons-nous travaillé sur les diverses régions avec des chanteurs appartenant à ces régions en y ajoutant, en guise d'intermèdes, des interventions de fdaoui et de poésie populaire et de la danse aussi. C'est un spectacle qui a duré 3 heures à Carthage, (c'était la première) avec 55 intervenants, mais maintenant on travaille sur une forme plus ramassée.
La différence réside aussi dans la forme, puisqu'en 2000, on a travaillé uniquement sur El gasba (la flûte), là on a ajouté la zokra et le mezoued. A Carthage, on a travaillé du côté transfrontalier avec un chanteur algérien, puisque le patrimoine voyage au-delà des frontières. Entre les deux spectacles, il y a aussi 14 ans de décalage et plus de maturité aussi.
Quel est l'intérêt, aujourd'hui, de travailler sur le patrimoine à une époque où il faut innover ?
Là aussi, il s'agit de mettre un patrimoine en avant et de le réinjecter dans la modernité et dans l'actualité. Nous l'avons regardé avec un œil très actuel avec des jeunes en tête d'affiche comme le chorégraphe Rochdy Belgasmi. D'ailleurs, pour parler d'actualité, cela fait des années qu'on parle de tourisme culturel mais la mayonnaise n'a jamais pris... Parce que l'image que nous avons de nous-mêmes est une image aseptisée, une image publicitaire avec l'éternel cliché du chameau et de la mer. Ces images sont vides de sens. Entre Hammamet et Kesra, il y a une grande différence, pourtant ils sont tous les deux visitables mais la deuxième destination n'a pas été mise en valeur. Sur Siliana, par exemple, il y a quelque 1.600 sites archéologiques totalement inexploités et que personne ne regarde. Parlons maintenant du patrimoine immatériel. On ne l'exploite que pour faire du folklore avec les sempiternelles jarres. Cela veut dire que nous ne nous intéressons pas réellement aux richesses que nous avons. Je crois qu'un spectacle comme El mansya n'est qu'une valorisation des richesses que nous pouvons avoir dans notre patrimoine immatériel. Nous essayons de rendre visible ce qui a été beaucoup plus marginalisé.
Etes-vous un artiste pessimiste dans le contexte politique que nous vivons ?
Avant tout, j'aimerais insister sur le fait que nous sommes en train de vivre une période exaltante! Maintenant, pour parler résultats, je suis moins dans l'exaltation.
Pourquoi ?
Parce que nous sommes restés les Tunisiens «bien faits» que nous sommes. Nous n'avons pas produit de nouvelles idées, de nouvelles visions. Nous sommes toujours au même point : c'est-à-dire arranger et arrondir les angles ! Il faut que tout le monde soit content! Cette fois aussi, on a fait la même chose avec les élections. Tout le monde fait la fête et klaxonne dans la rue, tout le monde est content! Aujourd'hui, c'est les sondeurs qui font la loi et décident des tendances et de l'opinion publique chez nous... On est dans le politiquement correct!
Peut-être parce que le Tunisien a peur de ce qui est nouveau...
Il en a une peur bleue! D'ailleurs, le Tunisien a toujours marginalisé les nouvelles expériences ! C'est ce qu'on appelle l'esprit du makhzen. Le Tunisien a toujours fait le gros dos à toutes les civilisations qui sont passées par là. C'est peut-être une réaction d'autodéfense.
Vous êtes de ceux qui craignent la fin de la liberté d'expression ?
Je ne pense pas qu'on retournera en arrière dans ce sens. Pour moi, la question ne se pose même pas! Mais le problème se pose sur un autre plan : on aurait pu faire de grands pas et on en a fait de bien petits! Cela dit, je n'ai pas peur d'un retour vers l'arrière.
Vous semblez reprocher aux artistes de ne pas avoir suivi le mouvement ?
Effectivement, je reproche à mes collègues de ne pas avoir suivi le mouvement! On n'a rien vu pendant ces trois années! Et même l'engagement de certains d'entre eux (nous l'avons vu à travers les photos dans la fameuse agitation quotidienne sur Facebook) était très en dessous de la moyenne! Nous avons vu où ils sont allés. Ils sont toujours du côté du «prince» et c'est lamentable. De plus, quand vous voyez des affiches d'amuseurs publics et de «one man show» plus grandes que les affiches politiques cela vous donne une idée sur les tendances. Quel est le travail innovateur qui a été fait? Quelle est la réflexion qui été faite? Quel sens avons-nous donné à ces trois dernières années? Alors que nous aurions dû être des lanternes qui éclairent et balisent le chemin.
Pour quelles raisons ?
Je vais vous donner un exemple. Avant, on disait qu'il n'y avait pas de texte dans le théâtre et qu'il n'y avait pas de bons scénarios pour le cinéma. Moi, je répondais souvent qu'il ne faut pas tout mettre sur le dos des artistes parce qu'ils ne peuvent pas tout faire. Il s'agissait de tout un cheminement intellectuel qui va de l'éducation à l'âge de 6 ans jusqu'à l'université qui manque terriblement. C'est cette défaillance intellectuelle qui nous a conduits à des choses très graves comme par exemple une jeunesse qui refuse de voter ou qui met un bulletin blanc et pour aller plus vers l'extrême, une jeunesse qui a effectué une opération terroriste comme celle de Oued Ellil.
Ce sont des jeunes qui avaient 17 et 18 ans en 2011 et qui sont issus d'une famille tunisienne moyenne avec un certain niveau d'instruction.
Notre responsabilité, nous, les artistes, est énorme dans la perdition de toute une jeunesse.
Entretien conduit par


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