Il est 11h00 au bureau de vote sis à l'école primaire de la rue de Fès à Ras Ettabia, au Bardo 2. En jetant un coup d'œil dans la cour, l'école semble déserte. Pas de files indiennes, pas de groupements ! L'on ne se bouscule point pour tremper le doigt dans l'encre et marquer d'une croix la case susceptible de porter chance à tous. «L'affluence est très faible en comparaison du précédent tour. Les jeunes sont totalement absents. Seuls les Tunisiens d'un certain âge ne ratent pas l'occasion de prouver leur engagement électoral », fait remarquer Mme Akila Hattab, représentante de l'Isie. Un jugement que confirme M. Sami Souihi, responsable du bureau de vote : «Jusqu'à 10h00, nous n'avons enregistré que 15% de l'affluence attendue », souligne-t-il. Un vote et beaucoup d'espoir M. Ezzedine Jebali, spécialiste en peinture et carrosserie, se dirige vers le bureau de vote préindiqué, accompagné de son enfant. Il s'apprête à élire le président qu'il estime être capable de résoudre les problèmes récalcitrants dont souffrent les Tunisiens, à savoir l'insécurité et le chômage. « Depuis la révolution, indique-t-il, je n'arrive plus à sortir le soir. Je suis tétanisé par l'insécurité régnante, dont les manifestations apparaissent aussi bien dans les actes de vandalisme que dans les stupéfiants que consomment les jeunes et les enfants dans les espaces publics. La situation est telle qu'il nous faut un président assez mature et lucide pour faire régner la sérénité et la sécurité». Un avis que partage M. Zouhair Sabbegh, employé. Selon son opinion, le profil du nouveau président doit lui permettre de réussir une mission de taille. «Le nouveau président doit satisfaire les attentes des Tunisiens en apportant des solutions salutaires aux problèmes relatifs à la cherté de la vie, au chômage des diplômés du supérieur et à la marginalisation. Il doit aussi prendre en considération le pouvoir d'achat et permettre au Tunisien de bénéficier des augmentations salariales nécessaires. Le nouveau président doit, poursuit-il, promouvoir l'investissement, dynamiser le développement et hisser le niveau économique au rang escompté. Nous espérons qu'il parviendra à réconcilier les Tunisiens. Aussi, doit-il avoir l'expérience et la lucidité indispensables pour relever ces défis». Mme Samira Fakroun, femme de ménage à l'aéroport de Tunis-Carthage, voit les choses autrement. Elle n'a qu'une idée en tête : le RCD ne doit aucunement refaire surface. «Je hais et je méprise tout ce qui a attrait au régime déchu. Du coup, je soutiens le candidat qui partage mon avis et qui me semble l'une des figures de la révolution. Certes, il n'a pas eu la possibilité de prouver son mérite. On l'a empêché de travailler comme il se doit... Si seulement il était capable de régner en maître, il aurait pu faire beaucoup pour le peuple et pour la Tunisie», explique-t-elle. Et d'ajouter qu'il est inconcevable d'élire un candidat âgé, ce qui nuirait au pays. Samira saisit l'occasion pour reprocher aux médias leur «manque de neutralité, eux, qui ne s'attardent que sur la moitié vide du verre». M. Mohamed Amine Haba, chirurgien orthopédiste, vient d'accomplir son devoir électoral à sa manière. N'étant convaincu ni par le premier ni par le deuxième candidat, il a fini par voter blanc ! «Je suis certain que ni l'un ni l'autre ne peut changer les choses pour le mieux. Le premier tour de l'élection présidentielle présentait plus de personnalités politiques crédibles et plus d'espoir», souligne-t-il. Quoi qu'il en soit, les électeurs ont voté. Le choix de la majorité sera irrévocable.