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«La chirurgie esthétique est la médecine du bonheur»
ENTRETIEN avec Dr. Samia Aoun Kanoun
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 12 - 2014

Chirurgien maxillo-facial et esthétique (traumato, calcina et chirurgie esthétique du corps) et membre de la Société tunisienne de chirurgie esthétique, Dr. Samia Aoun Kanoun fait partie de la centaine de praticiens spécialisés que compte la Tunisie. Lorsqu'elle a démarré en 2000, la chirurgie esthétique était quasi-inexistante. Aujourd'hui, les cabinets des chirurgiens sont très courus et le sujet n'est plus considéré comme un tabou. Interview.
Quelle est la situation générale de la chirurgie esthétique en Tunisie ?
Elle est très demandée. La profession ne chôme pas du tout. Il y a des gens qui se font opérer, d'autres qui se font injecter. Il y a un peu de tout. Il y a plus de chirurgie esthétique que de chirurgie réparatrice. Je reçois très peu de gens pour des maxilo-faciaux ou de traumato. En cas d'accident, la victime est transportée à l'hôpital et n'est pas dirigée vers les cabinets privés.
Quelles sont les opérations que vous effectuez le plus aujourd'hui ?
La chirurgie de plusieurs parties du corps, particulièrement celle des seins afin de les augmenter ou les réduire. Ces interventions sont demandées pour différentes raisons dont des séquelles d'amaigrissement. La chirurgie de la silhouette : liposuccion ou plastie abdominale autrement dit relâchement de la sangle abdominale pour des raisons de stockage de graisse dans cette partie du corps ou de grossesse. On va pratiquer une plastie abdominale pour rapprocher les muscles, enlever la graisse et retendre la sangle abdominale. Il existe des femmes avec une forme masculine qui demandent à sculpter leur taille pour féminiser une silhouette masculine. D'autres ont un peu trop de forme féminine : un bassin très large, une culotte de cheval, des hanches, on va dans ce cas la rétrécir.
La chirurgie du corps est donc la plus sollicitée après la chirurgie du visage en premier lieu : le nez (rhinoplastie), la chirurgie des paupières, les liftings de la face quoique les Tunisiennes, contrairement aux Européennes qui se font opérer chez nous, ont tendance à vouloir rajeunir avec les injections pour faire disparaitre un creux du cerne, un relâchement des pommettes, des cassures. On pratique le Botox, etc.
Pour les hommes, les demandes sont différentes, pas aussi nombreuses que les femmes, mais restent importantes. De nos jours les hommes tunisiens sont devenus plus vigilants par rapport à leur apparence et aux signes de l'âge. On a des demandes de rhinoplastie pour les hommes dont l'âge est situé entre 20 et 30 ans ou encore une gynécomastie : développement exagéré du tissu mammaire. Après cet âge, les hommes vont s'intéresser au vieillissement : liposuccion pour faire disparaitre les poignées d'amour, dépôt de graisse situé au dessus de la ceinture. Les hommes veulent avoir le V avec un bassin plus étroit.
Quelles sont les tranches d'âge les plus concernées par la chirurgie esthétique ?
Tout le monde est concerné. De 18 ans et plus. J'ai reçu une jeune de 17 ans que j'ai dû dissuader. Elle voulait se faire enlever les creux des cernes. Elle était accompagnée de sa grand-mère qui s'est fait injecter du Botox. La maman est aussi une patiente du cabinet. Les trois générations sont concernées par la chirurgie esthétique. Par contre, pour des oreilles décollées par exemple je ne vais pas attendre que le jeune ait ses 18 ans pour le faire opérer. Il faut juste attendre que la croissance de l'enfant soit complète pour intervenir. J'ai eu une patiente de 17 ans et demie qui voulait une réduction mammaire. Ses seins sont pourtant parfaits. Je pense qu'il y a un malaise derrière cette décision alors je lui ai recommandé de ne pas faire l'opération qui va entraîner des cicatrices. Elle est revenue encore une fois pour une sculpture de la silhouette. Elle voulait affiner sa taille et avoir un bassin.
La chirurgie esthétique est-elle considérée comme un sujet tabou ?
De moins en moins. En cette période de fin d'année où il y a beaucoup de demandes de patientes, la discrétion n'est plus tout à fait assurée au cabinet. Les patients savent qu'ils sont sur une liste d'attente pour des heures et que pendant ce temps-là ils vont rencontrer d'autres personnes qu'ils connaissent forcément puisque Tunis est tout petit. Cela se banalise et le problème de tabou est devenu moindre. Par moments, on a des exigences ponctuelles où on place les patients soit à la fin de séance ou dans une pièce intermédiaire pour qu'ils ne soient pas gênés.
Y-a-t-il des périodes de l'année où la demande augmente ?
Pas vraiment. A mes débuts, oui il y avait des périodes par exemple à l'approche de l'été où les gens se font opérer plus que dans d'autres périodes de l'année. De nos jours, je ne le constate plus. Il y a ceux qui se préparent pour l'été et ceux qui veulent cette période parce qu'ils peuvent prendre leur congé.
L'entretien préalable est-il nécessaire ?
De toute façon je ne passe à l'acte en matière de chirurgie ou d'injection que si je suis véritablement convaincue.
La chirurgie esthétique est-elle à la portée de tout le monde ?
C'est clair que la personne qui a du mal à joindre les deux bouts en fin de mois n'a pas cela comme priorité ou comme préoccupation essentielle. Maintenant, ce n'est plus un signe de richesse parce que la classe moyenne s'occupe aussi de son aspect. Quand on est à l'aise dans son corps et son visage, on travaille mieux, on est plus productif et le contact est plus positif. L'exemple du Brésil est frappant. Les gens là-bas ne disposent pas de voiture personnelle et empruntent les bus mais, consacrent un budget pour leur apparence. Dans leur culture, c'est une chose importante. Par contre, le premier souci du Tunisien est l'achat d'une maison, d'un frigo, d'une télévision et d'une voiture. Je constate que c'est en train de changer. J'ai des patientes qui me disent : je travaille pour faire des économies et, si je ne suis pas à l'aise, à quoi sert l'argent.
Quelle est la catégorie socio-professionnelle qui se rend dans votre cabinet ?
Toutes les catégories. Je reçois des gens d'un haut niveau universitaire, social et culturel, d'autres pas instruits du tout.
Est-ce qu'il y a des opérations que vous déconseillez ?
Pas dans l'absolu. Je déconseille des interventions en fonction de la personne. En tout cas, tout ce qui est d'usage sera pratiqué.
Quelles sont les méthodes ou techniques d'intervention que vous utilisez ?
Il y a des détails qui font que les choses se passent mieux. Il y a toujours des progrès. Des chirurgies où on diminue les cicatrices. L'évolution des techniques a fait qu'on arrive à réduire les cicatrices. On arrive aujourd'hui à obtenir une cicatrice verticale. On arrive à lifter un visage par une incision de paupière inférieure sur les cils. Mais ceci n'est pas valable pour tout le monde. Chaque visage est un cas. On n'est plus obligé de faire l'ouverture devant et derrière l'oreille qui est peut-être abusive pour certaines personnes. On peut remonter tout un visage par une seule incision.
Cela a-t-il des conséquences après l'intervention ?
Quand le travail est bien fait il n'y a aucune conséquence.
Est-ce que vous ressentez une forte influence des médias par rapport aux demandes des patients ?
Oui, il y a une pression et une mystification de la réalité. Les patientes viennent avec une masse de préjugés. Je leur dis que je ne suis pas responsable de ce qui s'écrit sur internet et de ce qui se dit à la télévision et dans les radios. Si on a confiance en son médecin on l'écoute. Ce que la personne entend dans les salons de coiffure, sur internet ou à la télévision et la radio n'est pas forcément conforme à la réalité parce que cela les induits en erreur. C'est très pénible lorsque le patient arrive avec une grande masse de préjugés. Il faut d'abord lui nettoyer ce qu'il a dans la tête pour lui expliquer ce qu'on est capable de faire.
Y-a-t-il des patientes qui vous disent qu'elles ont envie d'être comme telle ou telle star ?
Je rencontre cela en Tunisie et énormément lors de mes déplacements au Koweit. Les femmes dans ce pays sont des mordues du star system. Les modèles auxquels elles veulent ressembler sont parfois irréalisables. En Tunisie le phénomène existe mais il est moindre. Le fait que je sois une femme me facilite l'accès auprès des patientes des pays arabes.
Qu'est-ce qui pousse les gens à se faire opérer ?
Se sentir bien. C'est la quête du bonheur.
Cela ne peut-il pas être perçu comme une perte de confiance en soi ?
Quand on veut être péjoratif on va l'expliquer de cette manière. Ce sont des gens qui ont confiance en eux mais qui ont besoin de ce petit plus pour se sentir bien. Bien sûr, il y a parfois un malaise psychologique profond qu'il faut détecter. A part d'être bon technicien, on est obligé d'être psychologue ou psychiatre pour comprendre un peu le fond des gens et on est obligé d'être un peu artiste. Il s'agit de concilier entre les trois.
Est-ce que cette profession va progresser avec les années ?
Si on respecte les règles, c'est-à-dire si l'on fait du bon travail. La réputation s'entretient car autant on peut monter très haut on peut aussi descendre. Il faut être très vigilant à tous les niveaux et que la confiance règne entre le patient et le chirurgien.


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