Aujourd'hui, les Tunisiens seront suspendus à la décision de Nida Tounès de choisir la personnalité qui aura la responsabilité de former le prochain gouvernement. Habib Essid sur la voie royale? Les Tunisiens devraient, en principe, découvrir aujourd'hui, lundi 5 décembre, le nom de la personnalité qui aura la charge de former le prochain gouvernement et de le conduire durant les cinq prochaines années, à condition que les choses aillent comme le souhaitent les vainqueurs des élections législatives tenues le 26 octobre 2014. C'est la Constitution qui impose au président de la République, Béji Caïd Essebsi, de recevoir aujourd'hui le futur chef du gouvernement et de le charger de former son équipe gouvernementale. L'article 89 de la Constitution accorde, en effet, au président de la République un délai d'une semaine après son investiture à la tête de l'Etat pour fournir à l'heureux candidat à la formation du gouvernement la lettre d'accréditation lui permettant d'entamer ses consultations en vue de la composition de son équipe ministérielle. Seulement jusqu'à hier (dimanche 4 janvier), personne ne savait qui sera cet heureux candidat, s'il sera issu de Nida Tounès, le parti qui a remporté le plus grand nombre de sièges au Parlement, ou s'il sera une personnalité indépendante. Le mystère reste entier laissant libre court aux rumeurs les plus folles et aux indiscrétions les plus fantaisistes, ainsi qu'à un défilé de noms, semblable au mercato hivernal dans lequel sont investies les équipes sportives désireuses de dénicher l'oiseau rare en vue de la phase retour du championnat. Du côté de Nida Tounès, obligé constitutionnellement de révéler à l'opinion publique le nom de l'heureux élu, on continue toujours à distiller les déclarations au compte-gouttes en insistant sur un fait : « Les nidaistes, responsabilisés par Béji Caïd Essebsi, qui a quitté officiellement la présidence du parti comme le veut la Constitution et leur a demandé de choisir eux-mêmes le futur chef du gouvernement, qu'il soit l'un des leurs ou une personnalité étrangère au parti, sont encore partagés. Ils n'arrivent toujours pas à admettre l'idée de céder la présidence du gouvernement à une personnalité non adhérente au parti. Les défenseurs de l'option Taïeb Baccouche, secrétaire général du parti, livraient hier leur dernière bataille avant que le verdict final ne tombe, craignent-ils, du Palais de Carthage sous la forme d'un conseil amical ou d'une ordonnance paternelle qu'il faudrait suivre parce que l'intérêt national et l'avenir du parti lui-même en dépendent», confie à La Presse une source nidaiste, membre de la commission élargie de la direction du parti. Et la même source d'ajouter : «Ma conviction personnelle est que Béji Caïd Essebsi a déjà dans la tête le nom du prochain chef du gouvernement et il finira par siffler la fin de la récréation en le révélant à la direction du parti qui n'aura qu'à l'annoncer aujourd'hui à l'opinion publique. Quant à la réunion du groupe parlementaire de Nida Tounès tenu à Hammamet les samedi 3 et dimanche 4 janvier pour examiner la forme, la composition et le programme d'action du gouvernement à court et à long termes, ce n'est qu'un prétexte pour certains députés parmi les fondateurs du parti pour exprimer leur refus de la décision de Béji Caïd Essebsi consistant à écarter les députés nidaistes de tout poste ministériel. Certains barons qui attendaient des portefeuilles ministériels cherchent à faire revenir Essebsi sur sa décision. Mais ils ne savent pas qu'Essebsi ne reviendra jamais sur une décision déjà annoncée». Les prolongations risquent d'être longues Pour ce qui est des partis gravitant autour de Nida Tounès et se proclamant comme ses alliés naturels, qu'ils le proclament publiquement ou qu'ils le révèlent dans leurs discussions avec les responsables nidaistes, la journée de dimanche 4 janvier aura été très longue et très éprouvante à plus d'un titre. Maintenant, ils ne traitent plus directement avec Béji Caïd Essebsi replié au palais de Carthage et attendant que ses poulains fassent le travail avec le moins de dégâts possibles et de frustration des uns et des autres. «Pour être plus clair, Slim Riahi, Yacine Brahim, Kamel Morjane et d'autres personnalités indépendantes mais proches des thèses nidaistes savent désormais que les promesses de Mohamed Ennaceur, président temporaire de Nida Tounès, ne sont que des promesses qui peuvent tomber d'un moment à l'autre et peut-être vont-ils découvrir comme tout le monde l'identité du prochain chef du gouvernement», souligne un analyste voulant garder l'anonymat pour ne pas ajouter «à la confusion et au désarroi qui règnent ces derniers jours sur la scène politique nationale», comme il dit.