Le match amical Tunisie-Algérie, joué hier à Radès, a été précédé de trois jours de grand enthousiasme dans les rues de Tunis. Des milliers de jeunes supporters algériens sont venus soutenir les Fennecs et ont exprimé à la Tunisie leur solidarité et le souhait de la revoir debout, comme au bon vieux temps. Du jamais vu. On croirait la finale de la CAN en Tunisie opposant les Aigles de Carthage aux Fennecs. L'élan d'enthousiasme, voire d'euphorie, dont ont faite preuve les jeunes supporters algériens venus par milliers, depuis vendredi dernier, pour soutenir leur onze national est aussi immense qu'inattendu. Le match amical de préparation à la CAN 2015, qui s'est déroulé hier à Radès, ne représentait pas un véritable enjeu footballistique : les deux équipes étant embarquées dans la même aventure africaine en Guinée équatoriale, du 17 janvier au 8 février prochain, dans deux groupes différents. Et pourtant, pendant trois jours non stop, feux d'artifice et klaxons ont réinvesti l'avenue Habib-Bourguiba, ce site désormais symbolique du militantisme politique et social, transformé, en prélude à un match amical au demeurant très attendu, en une scène de spectacles et de défoulement. « Nous sommes avant tout des frères » «On était 3 mille à franchir la frontière tuniso-algérienne pour la seule journée du vendredi dernier selon la presse algérienne », témoigne un jeune supporter des Fennecs. Dès samedi matin, il ne restait plus aucun billet. Ils ont été vendus au marché noir à 40 voire 60 dinars tunisiens au lieu de dix », affirme-t-il. Le match amical s'est, en effet, joué à guichets fermés. Ils sont, en effet, des milliers à avoir fait le déplacement de différentes « wilayas » d'Algérie vers Tunis apportant avec eux une ambiance de fête : «C'est toujours important pour nous un match Tunisie-Algérie et bien sûr nous aimerions gagner, mais nous sommes avant tout des frères et en venant aussi nombreux, c'est à la Tunisie surtout que nous voulons exprimer notre solidarité et que nous voulons voir à nouveau debout», confie Mohamed Ali Othman. Au hasard des rencontres, on entendra également : «On aime notre pays et on vient en Tunisie que nous aimons aussi beaucoup avec l'esprit gagnant ; l'aventure de la CAN sera belle pour nos deux équipes et nous gagnerons...One, two, three, viva l'Algérie et la Tunisie », se remet à crier Fouzi Ben Chedli, un jeune Algérien tenant à la main droite un drapeau algérien et à la gauche une jeune fille tunisienne portant un cache-col aux couleurs nationales. Comme au bon vieux temps Une heure avant le coup d'envoi du match à Radès, l'avenue Bourguiba est encore assaillie par les supporters algériens qui expriment sans retenue leur joie. L'ambiance festive est à son maximum. Amusés, un brin surpris, des passants souriants lèvent le signe de la victoire pour la Tunisie. A moins d'une demi-heure de la partie, des centaines d'autres jeunes algériens entassés dans leurs voitures bardés de drapeaux ou en grappes sortant des vitres grandes ouvertes, musique à fond les décibels, sont encore là, défilant sur l'Avenue où les terrasses des cafés affichent complet et où les gens s'arrêtent pour mieux regarder le spectacle. L'ambiance est euphorique mais on ne déplorera aucun incident, même quand les supporters tunisiens descendent à leur tour exprimer leur soutien au onze national. Imperturbables, les forces de l'ordre, planquées le long de l'Avenue, scrutent sans broncher : «La situation est sous contrôle », nous déclare-t-on. Le match amical aura été au cours du week-end dernier une occasion pour la Tunisie de renouer avec le bon vieux temps, celui d'une destination touristique attrayante et appréciée, et à l'amitié tuniso-algérienne de prendre une bouffée d'oxygène par ces temps durs étouffés par la chape du terrorisme. Ce même dimanche, le monde entier s'est retrouvé à Paris pour une marche républicaine historique, gage d'une solidarité internationale contre le terrorisme et l'extrémisme. La Tunisie et l'Algérie y ont participé. A Tunis, les jeunes Tunisiens et Algériens ont exprimé, aussi, une solidarité maghrébine par le biais du sport.