Le Président afghan souhaite obtenir plus de contrôle sur les milliards de dollars d'aide étrangère KABOUL (Reuters) — Lors d'une réunion importante des pays donateurs étrangers, qui s'ouvre aujourd'hui à Kaboul, le Président Hamid Karzaï tente d'obtenir un plus grand contrôle de leurs milliards de dollars d'aide au développement en échange d'une ‘afghanisation' accrue de l'effort de sécurité. Le Chef de l'Etat afghan, dont la gestion est critiquée par ses bailleurs de fonds, souhaite utiliser leurs 13 milliards de dollars d'aide promise à des projets censés porter le taux de croissance de l'économie à quelque 9,0% et à détourner nombre de talibans «de base» de la violence. Les partenaires étrangers de l'Afghanistan sont soucieux de retirer dès que possible leurs 150.000 hommes déployés à l'heure actuelle sous commandement de l'Otan, pourvu que le gouvernement de Kaboul tienne le pays et ne risque plus de redevenir la terre d'accueil des activistes djihadists d'Al Qaïda. Mais les talibans, dont la résistance est plus farouche que jamais en près de neuf ans de guerre, rejettent toutes les offres de paix de l'adversaire, considèrent tout calendrier de retrait des troupes internationales comme un signe de faiblesse et jurent de lutter jusqu'au départ du dernier soldat étranger. Un dispositif de sécurité strict a été mis en place à Kaboul pour cette conférence, la plus imposante qui se tienne dans la capitale depuis plus de 30 ans: une soixantaine de chefs de diplomatie y participent, dont la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. «Nous sommes prêts à 100%, mais cela ne veut pas dire que tout va se dérouler exactement comme prévu», a admis pourtant le porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur. Programme ambitieux mais peu précis Les rues de Kaboul étaient désertes hier et même des diplomates étrangers ont parfois été refoulés aux dizaines de barrage mis en place dans la nuit à travers la capitale, où, dimanche encore, quatre civils ont été tués dans un attentat-suicide visant un convoi de forces étrangères. Les talibans prennent fréquemment pour cible les réunions et cérémonies de prestige organisées par le gouvernement, comme le mois dernier lorsque Karzaï a limogé le ministre de l'Intérieur et le chef du Renseignement après une attaque contre un meeting pour la paix où il prenait la parole. Lors de la conférence, Hamid Karzaï, réélu il y a un an dans des conditions contestées voire douteuses, présentera un programme ambitieux, mais assez vague selon les diplomates, d'engagements envers son propre peuple et la communauté internationale. Cette vision globale, qui arrive à un moment crucial pour le pays, sera articulée autour de cinq axes: le financement; la gouvernance et l'Etat de droit; le développement économique et social; la paix et la réconciliation; la sécurité et les relations internationales. Le régime de Karzaï va notamment demander à ses bailleurs de fonds de faire passer l'aide directement fournie au gouvernement de 20% à 50%, en échange de la promesse de mieux rendre compte de son utilisation et d'accroître la répression des responsables corrompus accusés de la détourner. Il entend augmenter les effectifs de l'armée et de la police pour les porter respectivement à 170.000 et 134.000 hommes d'ici octobre 2011 et former de nouveaux policiers de proximité dans les zones peu sûres. Il promet en outre de mettre en oeuvre un programme visant à réintégrer dans les cinq ans jusqu'à 36.000 combattants qui renonceraient à la violence et s'engageraient à respecter la Constitution. Il faut que l'Afghanistan se voie confier par la communauté internationale plus de responsabilités en matière de gouvernance et de sécurité, quitte à faire l'objet d'un contrôle semestriel, a déclaré ce week-end à Reuters le représentant spécial de Ban Ki-moon, Staffan de Mistura.