Soumis à la transe hypnotique, le patient donne libre cours à son cerveau afin qu'il maîtrise les signaux du corps, les émotions et la douleur. Il s'agit d'une initiation à l'auto-contrôle ou encore au contrôle du corps. L'Homme actuel semble être le plus éreinté de tous les temps. Jeune ou moins jeune, il vit au rythme de maux itératifs dont certains reviennent à son mal d'être, à cette sensation d'être pris par les évènements, par le temps et par les contraintes de la vie moderne. Des maux qui revêtent moult manifestations d'ordre psychosomatique et qui entravent, en quelque sorte, la joie de vivre. La douleur constitue l'une des manifestations de ces maux. Elle peut trahir une pathologie altérant le métabolisme, tout comme elle peut traduire une gêne d'origine psychologique. Pour l'apaiser, certains recourent à la médecine conventionnelle qui offre une panoplie de médicaments antalgiques. D'autres ont une préférence pour la médecine douce ou la phytothérapie. Mais rares sont les personnes qui connaissent le secret de la transe hypnotique dans la gestion et la maîtrise de la douleur. Lors d'une conférence tenue récemment à la Cité des sciences de Tunis, le Dr Sabri Zoghlami, hypno-thérapeute et directeur de l'école canadienne de l'hypnose médicale en Tunisie, a levé le voile sur cette technique alternative dans le traitement de la douleur ; une technique qui apporte au patient une solution pérenne et efficace. «L'hypnose est loin d'être la soumission à une force occulte. C'est plutôt un état de conscience modifié, différent de l'état de sommeil, dans lequel le patient reste vigilant et coopératif», a indiqué l'orateur. Il cite Milton H. Erickson qui qualifie l'hypnose de «phénomène naturel de concentration mentale». La pratique de l'hypnose date du 18e siècle. Mais ce n'est qu'à la fin des années 90 que ses vertus ont été radiologiquement prouvées. En effet, grâce à l'IRM et à la TEP (tomographie par émission de positons), il a été démontré qu'il existe une différence considérable au niveau de l'activation des zones cérébrales en état normal, d'une part, et en état hypnotique, de l'autre. Ces techniques radiologiques ont certifié la capacité du cerveau en état hypnotique à contrôler et à maîtriser les signaux du corps, y compris les émotions et la douleur. Et pour preuve : la transe hypnotique peut se substituer à l'anesthésie pour des interventions chirurgicales de pointe, chose qui a été, d‘ailleurs, réalisée avec brio à l'hôpital El Kassab, et ce, à trois reprises. Toutefois, pour parvenir à ce stade de conscience modifiée ou encore à la transe hypnotique, il est indispensable de créer un terrain de confiance, de collaboration et de motivation mutuelles entre le praticien d'hypnose et le patient, l'objectif étant d'initier le patient à la gestion de sa douleur en diminuant le niveau de réceptivité neurologique de la douleur. L'orateur a dénombré les multiples maux et malaises qui peuvent s'estomper via l'hypnose, comme le stress, l'anxiété, la dépression, le surmenage, les peurs, les phobies ou encore les troubles du sommeil ; autant de signes de souffrance qui relèvent d'un malaise psychologique et qui se répercutent inévitablement sur l'organisme et sur la qualité de la vie au quotidien. D'un autre côté, les automatismes et les mauvaises habitudes devenues à la fois systématiques et sources d'embarras, notamment les différentes formes de dépendance (l'alcoolisme, le tabagisme, les jeux de hasard, la boulimie, etc.), mais aussi l'obésité, les troubles alimentaires, le dysfonctionnement sexuel, le bégaiement, la dyslexie, le manque d'estime de soi, le stress avant les examens représentent des domaines d'intervention hypnotique. L'orateur n'a pas manqué de mettre en exergue l'efficience de l'hypnose dans la réhabilitation de l'estime de soi et dans le renforcement des facultés cognitives à même d'aider le patient à évoluer aussi bien dans son parcours estudiantin, dans la vie active que dans la carrière sportive.