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Une histoire de tiraillements, de mal-être et d'exil
Lu pour vous — «Presqu'île arabe»...
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 01 - 2000

Salwa Al Neimi parle au nom d'une exilée au propre et au figuré, d'abord dans son propre pays comme c'est le lot des esprits indépendants dans les environnements oppressifs, et puis dans son pays d'accueil comme en souffrent les esprits déracinés, même s'ils s'entêtent à le nier de toutes leurs forces.
Les tiraillements qui écartèlent Hazar nous assaillent dès les premières pages de l'ouvrage pour ne plus nous quitter. Son père est musulman, sa mère est chrétienne et leur (vraie) histoire d'amour est déjà dévastée par un environnement «symétriquement» hostile (la famille du père déteste la bru qui vient d'une autre confession, et vice-versa) et c'est encore enfant qu'elle en ressent le poids sur la vie de sa famille. En grandissant un peu, elle se rend compte que son pays est lui aussi tiraillé par des questions d'identités et de cohabitation de confessions diverses. Et c'est au seuil de l'âge adulte qu'elle prend conscience que d'autres tiraillements menacent son intégrité, cette fois de nature politique, alors que la soif de liberté qui est la sienne et celle de ses compatriotes se heurte à la volonté de puissance d'un leader omnipotent qui ne tolère pas les «écarts».
Anamorphoses
Salwa Al Neimi nous emporte dans un ouvrage dérangeant, souvent suffocant, rarement drôle où une exilée nous chuchote et nous crie, à la première personne du singulier, une sorte de journal de la vie de tous les jours qui ne s'arrête pas uniquement aux faits (ce qui se passe de fait), mais qui les dépasse pour des cogitations, des projections, des anamorphoses (déformation d'une image à l'aide d'un système optique, par exemple un miroir courbe). Car l'auteur nous met devant toutes sortes d'anamorphoses en travestissant quasiment tout dans son «récit», nous servant uniquement ce qu'il y a de son côté du miroir. Et pourtant, au fil des pages, nous ne pouvons que concéder une étonnante lucidité à Hazar, l'exilée au propre et au figuré, d'abord dans son propre pays comme c'est le lot des esprits à la fois indépendants et lucides dans les environnements oppressifs, et puis dans son pays d'accueil comme en souffrent les esprits déracinés, même s'ils s'entêtent à le nier de toutes leurs forces, sachant pertinemment que là réside leur seul salut, sinon c'est le piège, la contradiction létale, la fin !
Ce qui la sauve, c'est l'intelligence de comprendre où se situe le meilleur parti pris qui lui assure un équilibre cohérent en lui-même, par-delà l'aventure incertaine des comparaisons périlleuses. Ce qui la sauve, c'est une maîtrise de soi cimentée par le pouvoir de ne s'attacher à rien, ni à personne.
Relier d'un trait alpha à oméga
Elle a fui Damas, sa ville natale, pour s'exiler définitivement à Paris. Pas seulement pour des raisons politiques. Pour la plus dangereuse des raisons ; celle de «ne pas être à sa place», l'ouvrage nous fait très clairement comprendre qu'elle était déjà partie avant de partir, dans un court essai, éparpillé çà et là, sur l'être et la condition de l'exilé. Etrangère, elle l'était totalement chez elle aussitôt qu'elle commençait, précoce, à prendre conscience de sa propre individualité.
Le départ vient donc pour concrétiser une évidence, relier d'un trait alpha à oméga, en faisant miroiter le fol espoir de ne plus se sentir exilée... en terre d'exil ! Naturellement, passées les premières années de contentement de se retrouver dans un environnement ‘'supérieur'', quelque chose dans les tréfonds insondables, rebelles à toutes velléités de maîtrise, se met en marche. Et Hazar commence à se passer et repasser, comme une ritournelle, des historiettes sur son enfance, ses parents, ses sœurs, ses amis, sa vie d'exilée... Mais, rusée, elle essaie de nous détourner de nos suspicions en nous adressant un message direct où elle tente de nous entraîner ‘'consciemment'' vers de grandes attitudes, par exemple qu'elle n'hésitera jamais à tout quitter pour être libre... Mais le vrai message, qu'elle fait ‘'inconsciemment'' passer dans ses récits décousus, recousus, puis de nouveau décousus, est un appel au secours, l'expression lancinante d'un terrible mal-être et le ras-le-bol de l'exil.
«Presqu'île arabe», 205p, mouture française, par Salwa Al Neïmi - Editions Robert Laffont, 2012. Disponible à la Librairie Al Kitab


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